Ce deuxième Dalton souffre d'une mauvaise réputation. On lui a reproché de courir après la mode du moment, à savoir le polar sur fond de trafic de drogue en mode MIAMI VICE, L'ARME FATALE, etc. Et c'est vrai qu'un an après DIE HARD, voir dans un Bond Robert Davi (et Grand Bush !) ainsi qu'un score de Michael Kamen (qui remplace avantageusement John Barry), ça fait tout drôle.
Pourtant, ce choix n'est pas pour me déplaire car ça va avec l'aspect dur et vengeur du film. Car si THE LIVING DAYLIGHTS était le CASINO ROYALE de Dalton, celui-ci est incontestablement son QUANTUM OF SOLACE: même récit de vengeance, même Bond en solo loin des services, même décor latino-américain, même climax désertique avec la base du méchant qui explose peu à peu. Dalton y met du sien, s'efforcer de camper un Bond toujours plus humain (et relativement réglo avec les femmes !). Et il évolue dans un monde plus violent que jamais, le film mettant en scène plusieurs morts ou actes de barbarie tendax: Felix Leiter qui se fait arracher la jambe par un requin (heureusement il va s'en tirer, ce qui nuit un peu au désir de vengeance de Bond...), un mec dont le corps explose dans une chambre de décompression, Benicio Del Toro broyé vif et Davi qui finit en torche humaine.
La contrepartie de cette approche cash et sèche c'est que le film est moins ample que son prédécesseur, tout se passant entre la Floride et le Panam--, pardon "Isthmus", et on perd donc un peu du côté fun et varié des Bond. Ils se débrouillent pourtant pour rajouter Q et des gadgets dans l'intrigue mais le film paraît néanmoins un peu à part de ses épisodes voisins dans la saga.
J'ajouterai que dans l'éternel jeu de piste des influences nolaniennes dans les Bond, on a encore droit à une nana qui vit sur un yacht sous l'emprise d'un mec, une cascade à base de big rig sans truquage à la DARK KNIGHT, ainsi que cette autre cascade que vous reconnaîtrez aisément:
