Forum de FilmDeCulte

Ricky, Abby et leurs deux enfants vivent à Newcastle. Abby travaille avec dévouement pour des personnes âgées à domicile, Ricky enchaîne les jobs mal payés ; ils réalisent que jamais ils ne pourront devenir indépendants ni propriétaires de leur maison. C'est maintenant ou jamais !


Pas fan de la dernière décennie de Loach où je trouve que derrière la dénonciation plein de rage il a cédé à une représentation manichéenne volontairement exagérée qui dessert souvent ses films. A ce titre, je trouvais que Daniel Blake était une horreur. Et bien là, même si on est loin des grands Ken Loach, cela tient plutôt bien la route. Le film est sur le thème des la dérive des nouveaux statuts style "auto-etrepreneur" qui aide le libéralisme et précarise le travailleur.

Le film se suit sans réel déplaisir grâce à cette petite famille à laquelle on s'attache et qui est rendu attachante par une troupe de comédiens typiquement Loachiens. Donc quand ça va dans l'intime, c'est plutôt réussi et le film bien rythmé se suit sans déplaisir. Mais, comme d'habitude j'ai envie de dire, Loach tombe un peu dans le simplisme puissance 1000 ou plein de malheurs vont tomber sur notre pauvre héros et n'hésite pas à multiplier les incohérences (réglementation monde du travail) pour servir son drame. Ca me pose toujours problème dans une approche réaliste quand un cinéaste vient à se contreficher de la réalité pour servir ses mécanismes dramatiques.

Enfin bref on retrouve donc les défauts propres aux Loach des 10 dernières années mais en peu moins marqués et cette sympathique famille rend le voyage agréable. Mais qu'est-ce qu'elle est loin la glorieuse période du cinéaste anglais.

3-4/6

J'ai l'impression que cette palme a desservie le film. Parce que Daniel Blake est beaucoup plus subtil et sombre beaucoup moins dans l'accumulation de malheurs que celui-ci
Je crois que ce qui sauve Sorry we missed you c'est le magnifique personnage de la mère, qui tient autant du Loach que du Leigh. Le film parle d'ailleurs autant (et mieux) de l'uberisation que des aides à domiciles.

Cette accumulation traduit une réalité pour beaucoup de gens, il y a un engrenage de destruction humaine énorme une fois que tu es dans la merde, de nos jours. Les filets de sécurité sont bien moindres qu'avant, c'est le projet néolibéral.

Ca m'a aussi un peu fait tiquer quand en plus du reste il se fait tabasser, mais il est de plus en plus courant que les livreurs de colis, qui transportent de l'or en peu de place (les smarphones...), sont des cibles.

Le film remplit son objectif de nous mettre la rage mais c'est aussi évidemment une limite, cet aspect programmatique donne un film assez cadenassé. Heureusement, reste toute l'humanité d'un Ken Loach, dont la qualité d'écriture pour donner vie à ses personnages et à ses situations est intacte.