Dino, un chanteur de charme sur le retour, tombe en panne de voiture dans une petite ville du Nevada. Le professeur de piano Orville Spooner l'accueille et aimerait lui faire entendre ses chansons. Il décide d'éloigner sa femme pour la faire remplacer en engageant Polly, serveuse dans un bar et entraîneuse à ses heures. Dino peut donc séduire la présumée épouse, sans nuire au bonheur conjugal d'Orville. Mais rien ne se passe comme prévu...
A ranger aux côtés d'Uniformes et jupons courts et de Sept Ans de réflexion parmi les pépites subversives de Wilder. Du second il reprend d'ailleurs la quasi unité de lieu (le domicile conjugal siège de la transgression plus ou moins symbolique) et une saisissante ressemblance entre Tom Ewell et Ray Waltson (à tel point qu'au début je pensais qu'il s'agissait d'un seul et même acteur). Mais Embrasse-moi, idiot va beaucoup plus loin, bourré jusqu'à l'excès de connotations sexuelles (la ville dans laquelle Dino va se retrouver coincée s'appelle Climax, le ton est donné d'emblée), ne se contentant plus de narrer les affres du quadra en proie au démon de midi Wilder décrit ici un monde où les hommes sont profondément malades : à la limite du maniaque sexuel (Dino, qui doit absolument tirer sa crampe tous les soirs sous peines de se réveiller avec une énorme gueule de bois) ou jaloux psychotique (Orville, qui interprète chaque fait et geste de sa femme comme une potentielle tromperie), ils ne pensent qu'à ça, et ont de la femme une vision simpliste et figée (toutes des putes pour l'un, toutes des saintes pour l'autre) qu'ils sont dans la totale incapacité de dépasser. Face à eux, les femmes doivent composer avec leurs tares et se satisfaire des rares moments de pur plaisir que le hasard saura leur offrir. Vision à la fois très dure des rapports hommes/femmes dans l'Amérique des sixties, mais également jouissive puisque Wilder se place résolument du côté de la gente féminine, la seule à savoir jongler entre les figures de la femme/mère et de la putain sans jamais perdre de vue le rôle qui leur a été défini.
D'un côté la prostituée qui se laisse bercer par la douceur du cocon familial le temps d'une soirée, rétive tout d'abord à l'idée de devoir coucher avec Dino (ce pourquoi elle avait été engagée) mais qui n'aura aucun mal à devoir retourner dans sa roulotte dès le lendemain, de l'autre l'épouse fidèle qui propulsée poule d'une nuit n'aura aucun état d'âme à assouvir ses pulsions pour son idole de jeunesse et à se faire grassement payer pour ses services - vu la générosité du pourboire aucun doute sur la ferveur qu'elle a du avoir à la tâche - avant de retourner prendre sa place auprès de son mari (après l'avoir fait mijoter quelques jours tout de même), à l'extrême opposé d'Orville qui accepte finalement son adultère uniquement parce qu'il n'en ai pas vraiment un, puisque s'il a couchée avec une autre femme elle était tout de même pour une nuit son épouse, l'honneur étant donc sauf
3 ans après Un, deux, trois où je n'avais pas retrouvé la verve de Wilder, perdue dans cet hommage aux frères Marx comme si l'envie de reproduire leur rythme frénétique avait littéralement étouffé son écriture, Embrasse-moi, idiot est une éclatante démonstration qu'il n'était pas encore sur la pente déclinante, livrant son opus probablement le plus hilarant. L'écriture est incisive et d'une précision clinique étourdissante, les répliques touchent juste à chaque coup, jouent du double sens et flirtent avec le vulgaire sans jamais y sombrer, on pourrait d'ailleurs citer n'importe quel moment du film que le génie de Wilder y apparaitrait à chaque fois avec évidence.
Un pour l'exemple, Novak qui joue le rôle de Polly the Pistol (vous l'avez?), a dans sa roulotte un perroquet qui passe la journée à regarder des westerns et à répéter tel un bègue le bruit des déflagrations. Lorsque la femme d'Orville se retrouve pour une nuit dans cette même caravane et demande à Dino qui vient de s'y introduire ce qu'il compte faire, le perroquet de sortir à ce moment précis de sa léthargie pour brailler "Bang Bang", et Martin de lui répondre "No coaching from the audience!"
Niveau casting, les acteurs principaux livrent une partition phénoménale. Dean Martin qui joue de son image publique avec délectation, crooner has-been qui cachetonne à Vegas et enchaîne pathétiquement les minettes, Felicia Farr (femme de Jack Lemmon dans le privé) l'épouse modèle qui n'en ai pas moins cochonne quand il faut (cette énorme séquence où s'échange des claques au fesses avec Dean Martin sous la douche), le génial Ray Waltson (alors que Peter Sellers était initialement prévu pour le rôle) avec sa tronche d'ahuri, mélomane dont la petite musique qui lui trotte dans la tête bascule sans cesse suivant son humeur (suivant que sa jalousie maladive surgisse ou non), Kim Novak enfin dans le rôle de la putain qui endosse pour une nuit le rôle de maîtresse de maison, 6 ans après Vertigo, clin d’œil facétieux de Wilder à Hitchcock.
C'est plus Uniformes et Jupons Courts que j'ai eu du mal à replacer. Je crois qu'on est d'avantage accoutumé aux titres originaux pour les vieux classiques. Alors que les titres des dernières sorties sont assimilés plus facilement, parce qu'on nous les répète dans les médias.
Pour ce qui est du film, j'ai un peu de mal avec les comédies de Wilder. Dans cette période (fin 50 début 60), Witness for the Prosecution est pour moi son chef-d'oeuvre (qui a visiblement inspiré Bridge of Spies selon moi. Les deux films ont pratiquement le même début)
Pour ce qui est du film, j'ai un peu de mal avec les comédies de Wilder. Dans cette période (fin 50 début 60), Witness for the Prosecution est pour moi son chef-d'oeuvre (qui a visiblement inspiré Bridge of Spies selon moi. Les deux films ont pratiquement le même début)
Toutes ses comédies ne se valent pas, en tout cas pas pour moi. Witness for the Prosecution résiste assez mal à une révision je trouve, Laughton y est vraiment très bon, mais le côté boîte à twists passé la première fois ça fait surtout petit jeu de massacre un peu gratuit.
Toutes ses comédies ne se valent pas, en tout cas pas pour moi. Witness for the Prosecution résiste assez mal à une révision je trouve, Laughton y est vraiment très bon, mais le côté boîte à twists passé la première fois ça fait surtout petit jeu de massacre un peu gratuit.
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