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MessagePosté: 18 Mai 2010, 11:43 
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Antichrist
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Un homme et une femme se rencontrent et se séduisent. Une histoire éternelle que conte le cinéma depuis la nuit des temps, mais comme le proclame le héros masculin du film, interprété par le baryton William Shimell, la copie peut parfois être plus pertinente que l’original. Cinéaste iranien acclamé dans de nombreux festivals internationaux, Abbas Kiarostami revient sur une Croisette qu’il a déjà arpentée à de multiples occasions. Palme d’or en 1997 pour le Goût de la cerise, cet expérimentateur cinématographique signe avec Copie conforme le film le plus léger de sa filmographie. Mais pas le moins séduisant, bien au contraire…

Une élégance folle

La première séquence du film se situe dans une salle de conférence. Ecrivain légèrement en retard mais séducteur en diable, l'Anglais James vient discuter de son dernier essai, Copie conforme. Des places sont réservées au premier rang et une femme vient s’y installer. Elle chahute un peu, donne son numéro à l'agent de l'auteur et quitte l'endroit. Son jeune enfant a raison. Si elle n’est pas séduite par le propos du livre au contraire de sa soeur Marie, la femme est intriguée par cet essayiste au flegme si britannique. Le lendemain, ils se rencontreront pour une discussion informelle. Si l’argument du film est des plus minces, Abbas Kiarostami a plus d’un tour de magicien dans son sac formel et narratif. Le couple ainsi formé se lance sur les routes de Toscane, devise de l’art et de la copie, de l’importance d’un regard et de la vérité d’un amour. Assiste-t-on à un remake inavoué et adouci de Voyage en Italie de Roberto Rossellini, ou de Before Sunrise de Richard Linklater, romance nocturne dans les rues de Vienne, avec Julie Delpy et Ethan Hawke ? Au jeu amoureux d’un couple qui doit inventer sans cesse des nouvelles formes de séduction ? A une tentative de prouver que dans la vie aussi une copie peut valoir l’original ? En chat persan qui regarde par la fenêtre, faussement endormi et toujours en éveil, Abbas Kiarostami filme ce marivaudage toscan en laissant la parole et les séquences s’écouler, parfois avec humour, souvent avec émotion. C'est futile et essentiel, élégant et sophistiqué. Star malgré elle d’un Festival de Cannes qui en manque cruellement, Juliette Binoche est à la hauteur de la légende, d’une précision chirurgicale dans les nuances psychologiques de son personnage. William Shimell, lui, pour son premier rôle sur grand écran, est plus en retrait, regard en coin et démarche féline. Et si le récit prend le temps de flirter aux terrasses des cafés, un couple de cinéma se forme, le temps d'un séjour en Toscane.

4/6


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MessagePosté: 18 Mai 2010, 20:28 
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Inscription: 08 Juil 2005, 19:06
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Localisation: D'aprés toi?
ca peux servir de critique pour le film qui sort demain?


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MessagePosté: 18 Mai 2010, 21:11 
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A côté de Shirin, que j'ai raté comme un con, ça a l'air quand même beaucoup moins passionnant.
Quelqu'un l'a vu d'ailleurs ?


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MessagePosté: 23 Mai 2010, 19:16 
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Inscription: 04 Juil 2005, 15:21
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Scénario maladroit, metteur en scène mal à l'aise. Reste des acteurs, une belle photographie, et les décors de Toscane. Grosse déception de la part d'un réalisateur qui était à mes yeux l'un des plus précieux au monde.
2/6

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MessagePosté: 24 Mai 2010, 09:03 
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Messages: 8088
Trouvé ça très agréable pour ma part, en même temps c'était mon premier Kiarostami. Si c'est du cinoche complètement millimétré et qui semble obsédé en permanence par ses cadres (dans ce genre de ballade, ça n'a pas l'aisance et la fluidité d'un Rohmer ou même d'un Linklater), la partition est heureusement assez bien foutue. J'ai beaucoup aimé William Shimell aussi en fait. Et le petit rôle de Jean-Claude Carrière fait plaisir.


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MessagePosté: 24 Mai 2010, 09:10 
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Inscription: 04 Juil 2005, 15:21
Messages: 22930
Localisation: Paris
Mr Chow a écrit:
Si c'est du cinoche complètement millimétré et qui semble obsédé en permanence par ses cadres (dans ce genre de ballade, ça n'a pas l'aisance et la fluidité d'un Rohmer ou même d'un Linklater),


Et la vie continue, pour prendre un seul exemple, est aussi une ballade (en voiture), mais beaucoup plus naturelle, beaucoup plus "prise sur le vif", mais où pourtant chaque cadre est impeccable. Je suis déçu par ce côté un rien figé du film, comme s'il ne vivait pas alors que c'est justement ce qui habituellement caractérise le cinéma de Kiarostami, qui semble ici mal à l'aise.

Il faudra un jour que je vois Close Up, parait il son meilleur film.

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MessagePosté: 25 Mai 2010, 21:27 
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Inscription: 13 Mai 2010, 11:50
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Est-ce que quelqu'un sait pourquoi les images presse des films sont toujours des photos de plateau aussi molles que nulles, alors qu'un photogramme bien choisi en jetterait dix fois plus ?

Image

Beurk... Bref.

J'y allais en pensant voir un opus mineur, c'est en fait surtout un objet très bizarroïde, un métissage improbable. C'est un film iranien en Toscane, bien sûr, mais c'est aussi Kiarostami qui filme des stars, un film qui change de ton toutes les dix minutes ... et c'est surtout un film "romantique", ou du moins une histoire de couple, digéré par une mise en scène qu'on a pas l'habitude de voir collée à ce genre de chose : découpage explicitement conceptuel et sur-travaillé, précis au point de rendre ses visées parfois assez obscures.
Le tout est d'autant plus étrange que ça consiste quand même pour la majorité du film en un filmage assez atone (ça reste de Kiarostami : pas de travellings maniérés, pas de cadres sur-calculés) qui se voit envahi par moments (et plutôt pas souvent, ce qui rend le tout assez bancal formellement) de choses aussi inattendues que des champs/contre-champ à 180°, des montages en fuites (l'église), des jeux de clairs-obscurs sur-travaillés, tout ce cortège menant par petites touches rares à un plan final sublime qui calme violent : Kiarostami, quand il veut, il assure.

La plus grosse bizarrerie du film reste cependant son gros twist scénaristique au premier tiers, qui vient briser un ronron assez irritant de la manière la plus :shock: qui soit. J'ai beau avoir lu des critiques, là, personne a l'air de vouloir y trouver une explication rationnelle, et je veux, je PRIE pour que ce soit un basculement purement fantastique (et non la révélation d'une vérité qu'on nous aurait dissimulé), comme si le scénario mutait soudain en changeant les règles du récit en cours, par magie. La scène (au café), théâtre de ce basculement paradoxalement tout doux et progressif, est une vraie réussite. De manière générale, tout ce qui entoure ce tour de passe-passe magistral (jusqu'à l'arbre doré, disons - super plan d'ailleurs, avec la mariée stressée à l'avant) est de très loin le morceau le plus beau du film.

Il reste que la matière utilisée pour opérer ce basculement, d'abord les discussions philosophiques sur l'art et ensuite les engueulades de couple, sont aussi clichés que pénibles, ainsi que quelques peu arbitraires (le pétage de plomb au restaurant...). Ça n'empêche pas le tout de se suivre plutôt agréablement, notamment parce que ça reste centré sur les visages de deux acteurs très charismatiques, mais y a rien de particulièrement transcendant.
En fait, comme souvent chez Kiarostami, je voie une intelligence qu'on entrevoit impressionnante, colossale, se mettre au service d'effets petits comme ça ; et si le fait de ne pas appuyer une seconde la bizarrerie du retournement de script est un parti-pris que je trouve juste, ça ne dispense pas le reste du film d'être un peu plus ambitieux. En l'état, le tout consiste souvent (et quelque soit le but de ces scènes) à suivre un drame de couple bourgeois en crise comme le cinéma français nous en sort 13 à la douzaine. C'est quand même dommage quand on voit les capacités du réal, ainsi que l'idée passionante autour de laquelle est bâtie le script. Parce qu'au final, le plus gros de la vision du film consiste à jouer à repérer le style de Kiarostami dans un contexte auquel son ciné est pas habitué : c'est un peu con qu'on finisse par ne s'intéresser qu'à ça.

Enfin, une petite remarque : j'adore Binoche, je trouve que c'est l'une des actrices les plus précieuses qui soit, mais ce film n'est clairement pas un pic dans sa filmo. Le prix d'interprétation me semble pour le coup assez curieux, surtout quand son partenaire en face, lui, est absolument exceptionnel. S'il faut jeter une ombre sur le beau palmarès, en voilà une première...

4/6


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MessagePosté: 07 Juin 2010, 15:57 
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Un gars (forcément mec crevé qui ne se souvient pas de l'hôtel de la nuit de noces) une fille (forcément romantique et horripilante de mimiques) version Kiarostami (ce qui se reconnaît au fait que la Toscane soit filmée depuis un pare-brises après un entretien chez Carglass): le procédé est aussi creux que vain et le prix d'interprétation totalement usurpé.
2/6


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MessagePosté: 07 Juin 2010, 16:13 
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tape dans ses mains sur La Compagnie créole
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DPSR a écrit:
le prix d'interprétation totalement usurpé.

Carrément? C'est pas genre le truc sur lequel tout le monde est d'accord, même quand on aime pas le film, que Binoche est irréprochable (voire brillatissime)?

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MessagePosté: 07 Juin 2010, 16:16 
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Arnotte a écrit:
DPSR a écrit:
le prix d'interprétation totalement usurpé.

Carrément? C'est pas genre le truc sur lequel tout le monde est d'accord, même quand on aime pas le film, que Binoche est irréprochable (voire brillatissime)?


Non moi j'ai vu plein de gens trouver Binoche pas bonne, d'ailleurs même Tom a émis des réserves, elle joue comme Béart dans ça commence par la fin, avec plein de tics de jeux de femmelette névrotique assez gonflants. Lesley Manville est mille coudées au-dessus dans le Mike Leigh.


Dernière édition par DPSR le 07 Juin 2010, 16:25, édité 1 fois.

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MessagePosté: 07 Juin 2010, 16:19 
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Oui bizarrement moi j'ai aimé le film mais je trouve pas du tout le prix d'interprétation évident.

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MessagePosté: 07 Juin 2010, 16:26 
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Mr.Orange a écrit:
Oui bizarrement moi j'ai aimé le film mais je trouve pas du tout le prix d'interprétation évident.


Alors Orange as-tu vu des choses à la reprise des sélections parallèles ou es-tu trop omnibulé par les dossiers en carton à rendre pour le concours de la FEMIS?


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MessagePosté: 07 Juin 2010, 16:35 
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J'ai vu que du certain regard en fait. FEMIS-Louis Lumière l'année prochaine je pense.

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MessagePosté: 07 Juin 2010, 16:48 
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Mr.Orange a écrit:
J'ai vu que du certain regard en fait. FEMIS-Louis Lumière l'année prochaine je pense.


Les avis? Oliveira, HSS et Dolan je présume.


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MessagePosté: 07 Juin 2010, 17:03 
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J'ai raté le Dolan (mais je mets 1 à son précédent), HSS et Oliveira adoré (5.5 aux deux); Jia Zhang-ke un poil déçu mais de belles choses et Aurora eu...endormi.

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