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 Sujet du message: Tarzan (David Yates, 2016)
MessagePosté: 05 Juil 2016, 02:23 
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Devant les 20-25 premières minutes du film, j'ai cru que j'allais devoir faire mes excuses à Erik Vonk.
Le prégénérique (enfin le prétitre) pose le ton, quitte à passer pour de la caricature de David Yates (if there is such a thing), avec sa photo "passons tout au filtre bleu blafard". Malgré les origines pulp du personnage, le matériau est traité avec un premier degré qui n'est pas pour me déplaire. Ce n'est pas forcément surprenant à l'ère des reboots "qui se prennent au sérieux" comme disent les teubés, mais lorsque cela s'accompagne d'un réel effort dans le positionnement de l'adaptation, la démarche est pour le moins louable.

En l'occurrence, le scénario d'Adam Cozad (Jack Ryan :?) et Craig Brewer (Hustle & Flow, Black Snake Moan :shock: :o) a la bonne idée de ne pas refaire l'origin story et surtout d'ancrer l'intrigue dans une réalité historique, à savoir la tentative du roi Léopold II de Belgique de rétablir l'esclavage dans sa colonie du Congo pour en exploiter les mines de diamants.

Je dis ancrer et non mêler car les bonnes intentions s'arrêtent à peu près là.
Le film aurait pu être "Tarzan vs. le colonialisme" mais ce décor ne sert que de fond superficiel à un récit autrement plus banal qui semble complètement oublier ce postulat pour raconter...pas grand chose. D'ailleurs, malgré les contrées objectivement traversées et les obstacles vraisemblablement rencontrés, il ne se passe pas grand chose.

Pour résumer, le récit se réduit à la traque inintéressante par un Tarzan relativement indéfini et son sidekick qui aurait tout aussi bien pu être Cheetah tant il ne sert que de comic relief et de deus ex machina, d'un McGuffin qui n'est autre que Jane pour une histoire de vengeance artificielle. Le tout entrecoupé de flashbacks inutiles qui - j'ai à moitié menti - refont l'origin story en se limitant aux moments-clé (la mort des parents, la découverte du bébé, la rencontre avec Jane).
Voilà ce qui se passe quand on donne le feu vert à un projet sur la base de quelques bons arguments sans s'assurer que le scénario fini ressemblera à autre chose qu'un produit générique (on sent que le film a utilisé la BO de Batman Begins en temp track tant le score plagie celui de Zimmer et Newton Howard).

J'ai pu lire, dans une critique ou dans une interview, que le parcours de Tarzan dans le film est celui d'un homme devenu civilisé qui doit à nouveau assumer sa part d'animalité mais le scénario ne traite jamais cette question tant le personnage est agressif d'emblée et l'acteur, dont la verticalité est intéressante, joue le tout avec un fadeur de tous les instants.

Autour de lui, Christoph Waltz ressort la même prestation de méchant jovial pour la 37e fois dans des séquences d'inaction qui auraient pu tout aussi bien être composées de stock shots d'Inglourious Basterds, The Green Hornet, De l'eau pour les éléphants, Les Trois mousquetaires ou Spectre. Samuel L. Jackson joue un personnage ayant réellement existé, George Washington Williams, vétéran de la Guerre de Sécession et opposant du roi Léopold, mais deux monologues sur les horreurs de la guerre ne suffisent pas à m'ôter l'impression qu'il va balancer "I've had it with these motherfucking apes in this motherfucking jungle" d'une minute à l'autre. Vétéran de la Guerre de Sécession ou électricien partenaire de John McClane, c'est du pareil au même.

La palme du rôle de merde revient à Margot Robbie, miscast en Jane américanisée que le scénario voudrait caractériser autrement que comme une demoiselle en détresse (c'est même dit textuellement dans une réplique) mais qui passe le film emprisonnée, réduite à dire "mon mec il va te péter ta gueule".
Passons sur cette scène d'évasion qui n'est là que pour montrer qu'elle n'attend pas qu'on la libère alors qu'elle est rattrapée DANS LA MINUTE QUI SUIT. Ridicule.

Tout ceci aurait pu paraître plus tolérable si le quota aventure était assuré mais si les vistas africaines sont sublimées lors de plans-tableaux, l'action laisse sur sa faim. Les combats sont chiches et dénuées d'idées et parasités par l'overdose de ralentis et chaque séquence de lianes tombe à plat parce que le tout-numérique est utilisé de la manière la plus factice qui soit (12 ans après Spider-Man 2, c'est incompréhensible).
Yates ne parvient même pas à rendre le cri de Tarzan iconique. On l'entend deux fois HORS CHAMP. Sans même un minimum de montée de sauce avant.

Le cinéaste est plus à l'aise sur les moments dramatiques, avec des choix qui tiennent du détail mais font effet (Tarzan imitant un cri d'oiseau pour sa femme, Tarzan montrant les jointures modifiées de ses mains à une classe d'enfants, la mère gorille de Tarzan l'aidant à monter sur son dos, Tarzan protégeant Jane de l'attaque d'un gorille) prouvant qu'il est loin d'être un faiseur sans talent mais qu'il était sans doute inapproprié pour ce projet.

Si vous voulez voir une approche "super-héros" réussie du personnage, revoyez l'excellent film d'animation Disney.

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 Sujet du message: Re: Tarzan (David Yates, 2016)
MessagePosté: 14 Juil 2016, 14:39 
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Moi j'ai trouvé ça pas mal du tout en fait, à part Jane que je voulais pendre à un arbre (après lui avoir fait des trucs)...mais globalement j'ai trouvé ça vraiment joli, bien filmé. Et Tarzan est bien. Puis niveau "historique", on s'y retrouve en fait, y'a un boulot derrière, Léon, Washington....

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 Sujet du message: Re: Tarzan (David Yates, 2016)
MessagePosté: 14 Juil 2016, 14:54 
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Ah t'as plus l'excuse des gosses là hein, T'AIMES JUSTE LA MERDE!

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 Sujet du message: Re: Tarzan (David Yates, 2016)
MessagePosté: 14 Juil 2016, 14:55 
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:) attend j'ai pas encore vu ID4/2...suspense!

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 Sujet du message: Re: Tarzan (David Yates, 2016)
MessagePosté: 11 Aoû 2016, 11:50 
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Quel ennui... Tout ce qui écrit dans la première critique ci-dessus est très juste et suffisant. L'action est vaine et le héros d'une fadeur affligeante. Quelques scènes d'action sauvent cependant le tout de l'indigence.

Sans compter les quelques incohérences gênantes dans un film qui, dans son ancrage géographique et temporel, se veut réaliste :
l'action dans la jungle et les montages est censée se situer dans le centre voire l'est du Congo (on nous montre même le cheminement sur une carte), cependant le méchant dit pouvoir atteindre cette région en à peine trois jours en bateau, sachant que dans la réalité il en faut un à deux mois ! Rebelote, à la toute fin du film le héros et sa clique quittent la jungle et rejoignent le port de Boma, sur la côté atlantique, en ce qui nous semble quelques heures à peine, alors que le trajet fait plus de 1000 km...


En parlant de ce fameux ancrage historique d'ailleurs, la peinture de la colonisation du Congo en cette fin du XIXème siècle est non seulement grossière, mais aussi mensongère :
aucun chemin de fer n'avait été construit à cette époque (1890), et encore moins une ligne ininterrompue ouest-est "jalonnée de forts" comme indiquée dans le film... Par ailleurs, la volonté du roi belge Léopold II de rétablir l'esclavage pour exploiter des diamants est plus que sujette à caution, voire carrément absurde dans le contexte de l'époque... On pourrait en ajouter, mais c'est du détail, comme la langue parlée par les villageois, qui est le lingala actuellement parlé à Kinshasa, mais qui n'était à l'époque pas utilisé en brousse où chaque village ou presque avait son propre idiome... Ou encore les costumes et boucliers des populations africaines à la toute fin, qui s'apparentent plus à celles du Kenya qu'à celles du Congo...

Bien sûr, ce n'est pas la première (ni la dernière) qu'un film hollywoodien s'arrange avec la réalité historique à de pures fins scénaristiques... Mais c'est dommage de se baser sur des faits fallacieux dans une pure optique moralisatrice, en l’occurrence la dénonciation du colonialisme.


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 Sujet du message: Re: Tarzan (David Yates, 2016)
MessagePosté: 07 Sep 2016, 11:07 
Bien nul (l'aspect action relève du sous-McTiernan) mais intéressant de voir comment le film (em)mêle simultanément culpabilité post-coloniale diffuse (les Blancs demandant d'avance pardon aux Africains des atrocités qu'ils n'ont pas encore vraiment commencé à réaliser sous la pression d'un ambassadeur noir rescapé de la guerre de sécession lui-même en pleine repentance d'avoir génocidé les Indiens d'Amérique, jolie(s) réécriture(s) à quadruple bande) et les stéréotypes racistes avec tribus en étuis pelviens chassant le gorille et chefs anglophones.. Je ne connaisais pas George Washington Williams mais le film a l'air de contredire voire de ridiculiser totalement ce pourquoi il s'est engagé, il a pris un risque énorme, est mort au retour de son voyage au Congo, et le film le présente comme l'élement comique et grotesque d'un buddy movie.

Il y a en effet pas mal d'erreurs déjà relevées par Nijal. On peut rajouter:
-le port de Boma n'est pas sur la côte mais dans le fleuve, cela m'étonnerait que l'on puisse y livrer une bataille navale à 10 bateaux (qui plus est à voile, remontant contre le cours d'un fleuve qui projette des sédiments dans l'Océan sur des milliers de kilomètres ),
-le diamant a été exploité après la mort de Léopold II (et ne fut découvert qu'en 1906, à la fin de sa vie), beaucoup plus à l'est . De son vivant l'esclavage concernait la récolte du caoutchouc, en effet le long du fleuve. Mais bon tout le monde continue à utiliser du caoutchou qui n'est pas toujours récolté à l'heure actuelle dans des conditions très glop d'un point de vue développement, donc le diamant est moins sensible. Il faut préciser que d'un certain côté l'expoitation minière marque la sortie d'un système néo-esclavagiste et engagiste, même si la domination économique et impérialiste continuera sous une autre forme. Par ailleurs le terme "esclavage" est mal choisi, Léopold II utilisait l'argument de la lutte contre la traite arabe et l'abolition formelle de l'esclavage pour justifier sa présence au Congo. Le système de domination s'apparentait plutôt à du servage sur le lieu de vie des populations et à du pillage de ressources.
-le gros des troupes de la force publique était africain
-les hommes-léopards étaient actifs en Ituri (soit la région du Congo aux confins du Soudan, la plus difficile d'accès et la plus éloignée de la côte Atlantique)

Le cinéma d'action américain a progressivement affiné son rapport historique au western (bien que Ford est sans doute plus proche de l'univers mental réel des cow-boys de l'époque que le post-modernisme de Penn voire Peckinpah) mais reste d'une grossièreté affligeante quand il s'agît de l'Afrique .

Enfin bref...


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