Forum de FilmDeCulte

La jeune Ganga est trompée par son petit ami qui lui promet une carrière dans le cinéma et la persuade de quitter la campagne pour aller à Mumbai. Vendue à une maison close, la jeune femme s'émancipe et utilise ses relations avec la pègre pour régner sur un monde dont elle n'était autrefois qu'un pion.

Ce nouveau film du réalisateur de Devdas ou encore Bajirao Mastani confirme que l'Inde est décidément une terre de cinéma intéressant quand on se penche dessus. Bhansali démontre encore une fois que formellement c'est un cador. Peut être moins immédiatement clinquant que d'autres de ses films ( l'époque et le sujet s'y prêtent moins), le film reste impressionnant par sa photo, sa reconstitution d'un quartier et encore quelques très beaux numéros musicaux. Car malgré la gravité du sujet, on est bien face à un film de Bollywood donc oui il y a des intermèdes dansés et chantés très réussis. Encore une fois Bhansali s'empare d'une figure indienne féminine forte et en dresse le portrait hagiographique. J'ai du mal à croire que le personnage de maquerelle de Gangubai surnommée la reine des prostituées ou encore la Mafia Queens of Mumbai soit la sainte qu'en fait le long métrage. Cette image de madone du quartier rouge est renforcée par la beauté de l'interprète Alia Bhatt bien supérieure à celle de la vraie Gangubai. Bhatt a un visage et un regard hypnotique magnifiés par la caméra de Bhansali.
Le film ne doit pas plaire aux pères la morale hindous ou de part le monde. Le portrait d'une femme forte défendant le droit des prostitués, de leurs enfants. Un portait des quartiers interlopes étonnement complaisant. Le chef de la mafia de Bombay est un homme d'honneur. Les politiques, hommes du quartier sont décrits bien plus défavorablement que cette " mafia".
C'est un film indien donc très prude. On réussit le tour de force de faire un film qui se passe quasi entièrement dans une maison de passe sans voir un bout de chair ou même un accouplement. Et pourtant on y croit. Le réalisateur préfère montrer la dureté du milieu. La vente de jeunes filles à des maquerelles par leur famille ou de faux amoureux. Il n'oublie pas de montrer la dureté de certains clients mais le long métrage s'efforce de montrer que ces femmes font ce métier non par choix mais avec intégrité. Ce sont des femmes comme les autres devant lutter dans un monde d' Hommes. Le film nous saisit dès la première scène du maquillage et piercing forcés en gros plan sur le visage d'une trop jeune fille.
C'est cette singularité bollywoodienne qui élève ce film au dessus d'un ersatz de mémoire de Geisha like.