Forum de FilmDeCulte

Un avant-poste reculé au fin fond de la Patagonie, en 1882, durant la prétendue « Conquête du désert », une campagne génocidaire contre la population indigène de la région. Les actes de sauvagerie se multiplient de tous côtés. Le Capitaine Gunnar Dinesen arrive du Danemark avec sa fille de quinze ans afin d’occuper un poste d’ingénieur dans l’armée argentine. Seule femme dans les environs, Ingeborg met les hommes en émoi. Elle tombe amoureuse d’un jeune soldat, et tous deux s’enfuient à la faveur de la nuit. À son réveil, le Capitaine Dinesen comprend la situation et décide de s’enfoncer dans le territoire ennemi pour retrouver le jeune couple. JAUJA est l’histoire de la quête désespérée d’un homme pour retrouver sa fille, une quête solitaire qui nous conduit dans un lieu hors du temps, où le passé n’est plus et l’avenir n’a aucun sens.

Je m'attendais à ce que Lisandro Alonso franchisse un palier dans son cinéma qui avait tendance à tourner en rond (ou plutôt marcher toujours en ligne droite) depuis l'incroyable révélation de Los muertos, mais plastiquement la Patagonie pourrait très bien être résumée à un terrain vague couvert de cailloux. La principale rupture vient donc de la greffe d'un acteur confirmé, avec un vrai sens du jeu et une manière de se déplacer dans le cadre (fixe) qui permet de rompre avec l'austérité de ses précédents films. C'est la présence et le charisme de Mortensen qui permet de conserver la part de mystère qui avait tendance à s'émousser chez Alonso dont on finissait par anticiper où il voulait en venir (nulle part), et cette fois-ci encore plus renforcé par un épilogue inattendu mais (volontairement) déceptif.
4/6

Un film qui mûrit doucement. Déjà c'est une splendeur visuelle. Ce choix du cadrage en "vignette" donne au film un goût de vieux livres d'aventures, de gravure ancienne. Et la composition toujours très réfléchie avec souvent une action sur deux plans fonctionne très bien. La seconde partie qui vire au survival à la lenteur presque exaspérante creuse le plan dans la profondeur perdant son personnage dans des décors de plus en plus lunaires et arides. J'aime moins l'irruption de la sorcière. Mais par contre j'adore cet épilogue sensuel (l'ado dangereusement érotisée) et opaque où le rêve et la réalité semble se rejoindre en une boucle temporelle sans début, ni fin.
J'adore la simplicité des péripéties réduites à un simple objet (un foulard, un jouet). J'ai beaucoup pensé au Desert des Tartares et à Borges. Et Viggo a une manière d'occuper le plan que j'adore, très physique. A noter que c'est lui qui fait la musique et qu'elle est pas mal du tout.
Bref j'aime bien et je pense que pourrais le revoir lors de sa sortie en salles tant il m'est agréablement resté dans la tête après la projection.

4.5-5/6

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CroqAnimement votre

Film assez agréable c'est vrai, même si j'ai trouvé qu'il avait un peu peine à s'installer dans son dispositif entre les personnages, et que l'épilogue m'a énervé . La partie centrale où Mortensen est presque seul à l'écran est assez passionnante pourtant, elle fait progressivement oublier le caractère formel assez ostentatoire, qui me semble plus tourner à vide dans l'amorce et le final.
Excellente musique effectivement.

Film qui a très bien vieilli, et qui me reste en tête comme une oeuvre profondément poétique et singulière. Il sera sans aucun doute dans mon top.

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CroqAnimement votre

J'y vais ou pas?

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Clairement non.

Oulalalalala Lisandro Alonso, faut te prévenir Freak. C'est d'une lenteur hypnotique ou d'une chiantitude absolue.

Ok.

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Oui c'est très "auteur" mais en même temps c'est un film limpide, très simple. Après risque que tu te fasses chier c'est évident. Mais si tu comptais y aller pour Viggo, il fait vraiment beaucoup pour le film.

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CroqAnimement votre

Non. C'est. Pas. Pour. Lui.

Non je m'en branle de Viggo. C'était plus pour le côté western atypique.

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Ouch, 3h28 en effet.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Euh je vois 1h50 sur allociné.

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Ouais bizarre, moi c'est Google qui m'a sorti ça.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Je dois commencer à être sérieusement las : je me suis fait assez profondément chier durant toute la première heure (si l'on excepte l'ouverture, et la découverte de ce monde).

Le film a une idée forte et généreuse : celle de donner à voir la présence de ces hommes dans ce lieu comme une incongruité. A la fois dés-idéalisé (par le réalisme de ce qu'on voit) et conceptualisé (par la distance et la disproportion, par le 4/3 vignetté, par les couleurs pétantes), ce "western" se vit comme le tableau de colons paumés sur Mars ou Vénus, définitivement pas à leur place, égarés dans une entreprise absurde.

Le problème, c'est que j'ai longtemps l'impression qu'Alonso, partant de ce postulat, l'exploite moins qu'il n'y appose automatiquement l'habituelle tambouille festivalière (sur-austérité appuyée, atonalité, lenteur exaspérante, situations pingres) qui n'a aucune raison d'être. Pour un plan où cette froideur et cette lenteur trouvent un sens (le meurtre au loin, par exemple), il faut s'en coltiner 50 qui n'en ont juste rien à battre : le capitaine trotte, le capitaine boit... Impression, régulièrement, qu'on a juste rien à me dire ni à me raconter. C'est peu de dire, durant cette première heure, que Mortensen porte le film sur ses épaules, tant son jeu dense, présent, riche, vient apporter matière à un film totalement évidé dont il semble, avec le paysage, être le seul élément additif.

Quand un trajet commence à se faire jour (la glissade lente vers la perte de repère, le chien, le fantastique), on rentre enfin dans le film : les moments sont de qualité diverses, mais j'ai enfin l'impression qu'on me raconte quelque chose.


Pffff... Y a un âge où on développe progressivement une intolérance au lactose, c'est ça ? Voilà, moi je développe progressivement une intolérance aux tics du cinéma de festival.