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MessagePosté: 04 Mai 2015, 00:57 
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Tom a écrit:
Pffff... Y a un âge où on développe progressivement une intolérance au lactose, c'est ça ? Voilà, moi je développe progressivement une intolérance aux tics du cinéma de festival.
Je suis parti pendant la première heure.


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MessagePosté: 04 Mai 2015, 01:03 
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C'est dommage, le plus aimable et motivant est pour moi vraiment dans la deuxième...

Sinon, en lisant un bout de l'article des Cahiers :

Citation:
Humaniste venu du Danemark, l'explorateur Dinesen essaie au début du film de comprendre ces "Têtes de noix de coco" que sont les indiens (...). Cette altérité vertueuse intiale vacille un instant (...) : s'emparant de son pistolet, il se ravise, se fige (...). Mais plus tard, une fois revêtu de son uniforme de capitaine, il ne pourrait céder à l'attrait de la violence et fera usage de son épée (...). Ainsi le civilisé, pénétrant dans le désert, prétend apporter les tables de la Loi, mais cède vite à la barbarie qu'il était soit-disant venu mettre au pas. Homme de science, Dinesen perd son sang-froid.

:shock: On a vu le même film ?


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MessagePosté: 04 Mai 2015, 07:51 
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Il a peut-être changé depuis Cannes


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MessagePosté: 04 Mai 2015, 08:49 
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Tom a écrit:
je développe progressivement une intolérance aux tics du cinéma de festival.


Ça m'étonne beaucoup que tu utilises cette expression fourre-tout ridicule qui est surtout un palliatif critique paresseux au sentiment d'ennui et d'incompréhension. Surtout je trouve ça tellement péjoratif et réducteur. Comme s'il existait des films spécifiquement faits pour des festivals par des cinéastes sans personnalité qui ne font que caresser le festivalier dans le sens du poil. C'est d'autant plus absurde que Jauja par exemple est passé relativement inaperçu lors du dernier festival de Cannes. Donc film de festival, mais quel festival ? quel public ? D'ailleurs quels autres films mettrais-tu dans cette catégorie ?

Et la lenteur de Jauja (puisque c'est de ça que l'on parle globalement) n'est pas une afféterie soudaine et artificielle mais correspond à une véritable esthétique de le part d'Alonso qu'il travaille de film en film (enfin je ne les ai pas tous vu), avec toujours cette manière de rendre interdépendant son personnage et son environnement en l'inscrivant dans la durée. Enfin bref.

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MessagePosté: 04 Mai 2015, 09:14 
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C'est évidemment une expression facile, faute de mieux. Elle ne désigne pas les films réellement passés en festival, mais plutôt une génération de jeunes auteurs (que ce soit là depuis le début chez lui n'y change donc rien) chez qui la lenteur, le vide, les situations pauvres, la neutralisation, ne sont plus des outils visant un but plus vaste mais un tic, un automatisme, ni tendu ni questionné - qui ne crée rien, ne construit rien. Je le sens moins dans la deuxième partie (disons à partir du chien), où il y a un mystère à interroger et à expérimenter qui nécessite ce temps et cette langueur. Pas dans la première.

Alors évidemment je pourrais aussi partir du principe que j'ai raté ce qu'il y avait à voir dans la partie du film qui m'irrite le plus, et que ne sachant pas quoi regarder à l'écran, ne voyant pas ce qu'il a à y voir, je m'ennuie (c'est d'ailleurs souvent pour ça qu'on s'ennuie, quand on est jeune, devant des classiques : on ne voit pas ce qu'on est censés regarder, donc on voit juste du "rien"). Mais n'étant pas spécialement hermétique au cinéma lent, j'ai des doutes. Pour te donner une idée, ça m'a un peu près fait la même impression que la première partie du Gomez, les jolies images en plus...

Karloff a écrit:
Il a peut-être changé depuis Cannes

Je pense pas, j'en ai vu mention nulle part. Ce qu'il décrit est factuellement là, sauf que c'est que dalle : une réplique + un geste qui me semble mal interprété :
Le coup de sabre, c'est pour achever le jeune, et la rage à ce moment-là est plutôt un dégoût de devoir le faire, non ?

On comprend son détachement vis à vis d'un soldat (le général qui veut sa fille), mais rien ne nous indique qu'il est scientifique, ni chargé d'une mission humaniste, etc. Si c'est quelque chose que le film travaille, c'est trop en surface.


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MessagePosté: 04 Mai 2015, 17:50 
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Perso, je comprends parfaitement ce que tu veux dire, je ne sais pas si le film correspond, mais oui il y a un archétype du cinéma d'auteur pour festival...


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MessagePosté: 04 Mai 2015, 23:31 
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Au-delà du cas précis de ce film (car à part Déjà-vu, j'ai pas l'impression qu'on est beaucoup a avoir subi ça), il y avait eu une passe d'armes il y a quelques années. Frodon avait écrit un édito (ou un article ?) accusant le terme "film de festival", et Thoret avait réagi dans Libé. C'était moyennement solide dans les arguments, mais c'était le même débat.

Tiens j'ai retrouvé : http://www.liberation.fr/tribune/2007/0 ... teur_84125

Un extrait (il passe de "FDF", film de festival, à "FAA", film d'auteur académique) :
Thoret a écrit:
Il suffit d'ouvrir les yeux pour se rendre compte combien le cinéma d'auteur académique constitue le pendant naturel du cinéma industriel, moins son antidote ou son refus que son négatif parfait, son double inversé. Si le cinéma hollywoodien valorise la vitesse et le mouvement, le FAA lui, met un point d'honneur à ralentir le rythme (on parle alors de beauté contemplative), à étirer la longueur des plans jusqu'à l'immobilisme total. Si le cinéma industriel a tendance à surligner ses effets et à saturer ses plans d'informations visuelles et sonores, le FAA, lui ne montrera rien ou très peu. Ici, tout se passe alors dans le creux de l'image, et ce qu'il y a à voir n'est surtout pas visible. L'académisme ignore les frontières de même que le passage du grand ou petit marché ne garantit, a priori, aucun gain artistique. Pour des raisons rhétoriques et idéologiques (je suis ce que l'Autre n'est pas), le FAA a besoin de celui qu'il a érigé en ennemi puisqu'il s'y oppose et qu'il trouve dans cette opposition même, la matière de son identité. Ce que l'un filme, l'autre le rejette, et vice versa. Rabattre ainsi l'audace sur le simple refus, c'est prendre le risque de ne plus savoir distinguer Solaris du FAA indien The Forsaken Land, l'Avventura de l'iranien Portrait of Lady Far Away.

Si le cinéma industriel peut apparaître, souvent à juste titre, comme répétitif, formaté et véhiculant une idéologie consensuelle, le FAA en reproduit naturellement les travers et n'échappe donc pas à une forme d'académisme. D'une certaine façon, le FAA est l'allié objectif du film commercial. Il confond l'épure et le rien, l'abstraction et la pose, le vide et la raréfaction, la contemplation et l'ennui, l'enregistrement de la réalité et la vérité du réel qui, on le sait depuis les frères Lumière, n'a de chance d'advenir qu'à condition d'en fabriquer la fiction. Entre le pire film commercial et le pire FAA, un même néant est atteint, mais par deux chemins opposés. La caractéristique essentielle du FAA réside enfin dans le souci de ne jamais céder (ou le moins possible) aux sirènes du plaisir, de la forme, du spectacle, en bref, il témoigne d'une haine de la fiction, suspecte de faire le jeu d'un ultralibéralisme aliénant. Tel est son paradoxe: censé exprimer une irréductible et résistante singularité, il n'est que l'échantillon conventionnel, et donc interchangeable, d'une même formule.


Pas sûr néanmoins qu'il ciblait dans son texte autre chose que le film naturaliste académique de base.


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MessagePosté: 05 Mai 2015, 08:22 
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C'est assez bien vu. Non, je crois qu'il parle de l'école mexicaine, des films d'auteur sud-américains, de certains films de réal des pays de l'Est aussi.

Haneke/Tarkovski/Nuri Bilge Ceylan


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MessagePosté: 05 Mai 2015, 09:02 
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Oui voilà le truc c'est que dès que tu commences à vouloir faire une liste de films ou de réalisateurs appartenant peu ou prou à cette mouvance, ben tu te retrouves avec des auteurs contemporains majeurs. D'où pour moi l'inintérêt total de cette distinction ou de cette définition qui ne sert qu'à déresponsabiliser une partie du public réfractaire à un cinéma plus exigeant et radical (les arguments d'ailleurs qu'on avait entendu lorsqu'Oncle Boonmee avait eu la palme).

Après en était honnête j'ai vu des films (notamment à Cannes mais pas que) qui correspondrait à cette définition mais qui du coup tombait du mauvais côté, une ostentation sans talent, prétentieuse et chiantissime. Mais ce sont des mauvais films que tout le monde a oublié et qui ne sont même pas sortis en salles : Petit Jésus des Flandres (film intégralement joué par des trisomiques, une des mes pires tortures de cinéma), My Dog Killer (film slovaque plan-séquence chocs et violents sans recul, sans discours) et il y en a certainement d'autres que j'ai oublié...

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MessagePosté: 05 Mai 2015, 09:55 
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Karloff a écrit:
Haneke/Tarkovski/Nuri Bilge Ceylan

Tu les cites bien en tant que référence pour ces cinéastes acaémiques, on est d'accord ? Parcequ'en soi ce sont de trop gros morceaux. Les films qu'il cite sont beaucoup plus obscurs, un peu comme ceux proposés par Art Core (dont on se souvient du scandales, mais qui ne sont pas sortis en salle).

Du côté "petit film naturaliste", ça pullule quand même. Je sais pas, un souvenir comme ça parmi mille, Shizo (2004). Du côté pose tarkovskienne/hanekienne/antonionienne (et qui correspond plus à ce qu'il dénonce, je crois), j'aurais moins de noms, car tout ce qui me vient à l'esprit a un minimum de talent (j'ai beau pas aimer le dernier Ceylan, je trouve pas qu'il rentre dans cette liste). Si tiens, y avait eu l'affaire Michael y a quelques années, vous l'aviez vu ?

Citation:
Oui voilà le truc c'est que dès que tu commences à vouloir faire une liste de films ou de réalisateurs appartenant peu ou prou à cette mouvance, ben tu te retrouves avec des auteurs contemporains majeurs. D'où pour moi l'inintérêt total de cette distinction ou de cette définition qui ne sert qu'à déresponsabiliser une partie du public réfractaire à un cinéma plus exigeant et radical (les arguments d'ailleurs qu'on avait entendu lorsqu'Oncle Boonmee avait eu la palme).

Je pense quand même qu'il est possible d'en parler dans le sens où on parle ici d'un académisme. C'est à dire pas d'un "c'est trop lent", mais d'un "c'est trop lent pour rien". On sait tous faire la différence entre un film de fusillade lambda où il ne se joue rien et Heat, je pense du coup que rien ne nous empêche de penser cette différence pour des films diamétralement opposés (quitte à pas être d'accords, évidemment).


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MessagePosté: 05 Mai 2015, 13:22 
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Certes mais la distinction est bien trop mince pour reprendre ton exemple entre "c'est trop lent" et "c'est trop lent pour rien" pour les diviser en catégorie. Bref, je peux comprendre que certains éléments de mise en scène se retrouvent de film en film (effectivement le récent Michael que je n'ai pas vu non plus semble en avoir les atours et son cinéaste a disparu) mais dès que j'y perçois un peu de talent, je ne vois plus que la singularité d'un artiste. Et pour revenir à Jauja pour moi c'est évident que le film est traversé par le regard d'un cinéaste et non par un manque de créativité qui se dissimulerait mal derrière des tics de films d'auteur.

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MessagePosté: 05 Mai 2015, 13:33 
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Ah mais je trouve qu'Alonso est un vrai cinéaste. Son film n'a rien d'anonyme ou d'interchangeable. Mais je trouve qu'il y a, dans sa "proposition", une dose d'auto-indulgence préoccupante et pénible, le recours à des facilités et à des tics, qui pour le coup tiennent réellement à ce cadre de diffusion (le festival) où le film existera au plus fort, et de son public qui n'osera que moyennement protester contre la position masochiste qu'on lui impose.

Un peu comme un film de série B prometteur qui serait traversé par une vraie personnalité, mais qui croulerait sous les archétypes feignasses pour satisfaire son public-cible.

Après, j'imagine bien que c'est difficile d'en discuter si tu n'as aucun gêne avec le film.


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MessagePosté: 05 Mai 2015, 14:02 
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Non mais je comprends ce que tu veux dire sauf que je ne suis pas d'accord :mrgreen:.
Encore une fois tu parles de "satisfaire un public cible", de "cadre de diffusion" comme si tout cela participait d'un calcul quelconque de la part d'un cinéaste. C'est peut-être le cas mais une fois de plus uniquement pour les mauvais qu'on oublie dans la foulée.

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MessagePosté: 05 Mai 2015, 14:44 
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Pas tant un calcul qu'un truc inconscient (une paresse, quoi, un peu comme si tu avais profondément intégré que de toute façon on te tapera pas sur les doigts pour ça). Bon j'arrête là, je dois devenir lourd !


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MessagePosté: 05 Mai 2015, 16:27 
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Oui, oui, je citais les cinéastes (que j'adore) comme influences


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