The Adventures of Ichabod and Mr. Toad en VO.
Réalisateurs : Clyde Geronimi, James Algar, Jack Kinney.
Composé de deux moyens-métrages : La Mare aux grenouilles et La Légende de la Vallée endormie - respectivement inspirés du Vent dans les saules de Kenneth Grahame (1908) et de La Légende de Sleepy Hollow de Washington Irving (1819).Je viens de regarder
Sleepy Hollow : pas eu l'occasion de voir
La Mare aux grenouilles (je viens seulement de découvrir qu'il était associé à un autre moyen-métrage et qu'ils étaient sortis ensemble). Mais je poste quand même parce que j'ai découvert un truc imprévu : que ce moyen-métrage a manifestement servi de modèle à
La Belle et la bête.
On présente le personnage d'Ichabod Crane en ouverture comme Belle : quelqu'un qui parcourt la ville le nez dans ses lectures, et qui intrigue les autres habitants, mais qui arrive à éviter tous les obstacles sur son chemin sans même avoir à les regarder.
Le dernier plan de la scène est plus ou moins le même : la ville à l'avant-plan qui le regarde s'éloigner au loin (ici un plan unique en panoramique, dans
La belle et la bête c'est un plan large fixe).
Brom, le prétendant de Katrina (mi-négatif mi-positif dans le film) est l’inspirateur assez évident de Gaston. Au-delà de l'aspect physique, il a le même air (sourire mauvais aux sourcils froncés), des manies communes (la distribution des bières, une petite bande qui le suit partout), et sa découverte d'Ichabod (et donc, dans la transposition, de Belle) se fait selon le même dispositif : à une table au dos d'une maison, avec son groupe, en le/la voyant passer avec son livre.
Enfin, il y a une scène où Brom dans la caverne essaie de faire peur aux habitants en racontant l'histoire du cavalier sans tête, tout comme Gaston, dans
La Belle et la bête, fait peur aux habitants en leur contant le monstre qu'est la Bête. Même cercle d'habitants effrayés autour de lui, même utilisation du feu, même moyen de figurer le monstre (en utilisant son ombre). Par ailleurs le décor (la taverne rouge) est celui de l'autre chanson de Gaston dans
La belle et la bête.
Sinon, au-delà de cette influence surprise, le film n'est pas super. Il y a des curiosités : le personnage féminin étonnamment aguicheur/intéressé, la fin en défaveur du "héros", un héros justement assez négatif, ou encore le cynisme des ambitions (Katrina est moins le but que l'argent de son père). Mais les deux premiers tiers sont laids et très quelconques, et si le final en forêt est assez virtuose, il recycle quand même une énième fois les forêts anthropomorphiques/cauchemardesques de Disney, dont ça doit être en 1949 quelque chose comme la 546è variation (même si ici l'utilisation du son apporte une petite originalité).
Par contre les animateurs se sont grave éclatés. Lors de la "journée de chance" de Crane, où le héros échappe sans cesse à Brom, l'inventivité cartoon fait soudain un grand bond. Ce côté là est très plaisant. La façon dont les dialogues sont toujours évités (soit c'est muet, soit c'est chanté, on est constamment dans un espèce d'entre-deux entre son abstrait et son diégétique), c'est pas mal non plus.
Enfin, Burton répétait souvent que l'inspiration de son film vient justement de ce moyen de Disney. Pourtant, ça ne saute pas du tout aux yeux - à part un aspect qu'il a réintégré au scénar de Walker, à savoir le ridicule comique de son héros. Pour le reste, à peine un ou deux décors, et c'est tout, ça n'a rien à voir (il y a bien la poursuite et la citrouille lancée, mais il me semble que c'est déjà dans la nouvelle). Au point que je me demande s'il n'y a pas deux films Disney sur le sujet...