Forum de FilmDeCulte

Et voilà le fameux film sur la traque de Ben Laden, adoré par la critique américaine au point que l'on évoque un deuxième Oscar pour le sexagénaire.

J'avoue être assez partagé. Vous le savez, je ne suis pas du tout sur la ligne moral/amoral de la critique française qui convient à séparer le bon du mauvais chasseur - le premier plan de Nuit et Brouillard peut être questionné pour moi au même titre que la scène de la douche de Spielberg. En revanche, mais ce doit être mon côté journaliste, je suis toujours embarrassé quand un film prend le partie de la Vérité historique, surtout quand c'est pour choisir l'angle d'un des protagonistes. Ici les Etats-Unis, et même la CIA.

Je trouve que le film a un aspect propagande de fait, assez... malaisant. Jamais on ne questionne le pourquoi du 11 septembre, jamais on ne filme l'envers de la traque - des drones aux milliers de prisonniers torturés pour rien. D'ailleurs la torture est assez clairement légitimée dans le film. Je ne suis pas naïf. je sais bien que la torture a permis sans doute d'obtenir des renseignements précieux... Mais bon... Les seules victimes du conflit pakistano/afghan montrées seront uniquement des Américains/Occidentaux, aussi... Quant au raid final, si j'aime son aspect cash, je trouve qu'il provoque une jouissance embarrassante. j'imagine déjà les spectateurs américains applaudir. De même, mais ça c'était un peu obligé et c'est pour ça que je ne comprends le choix de produire le film Maintenant et pas dans dix ans, le scénario ment effrontément.



Mais le film montre in extremis quelque chose d'autre, l'obsession mortifère de l'Amérique de trouver un coupable, Ben Laden, alors que le temps a passé et que les enjeux sont ailleurs. Mais c'est vraiment en filigrane.

Sur le plan de la mise en scène, le film est très efficace, avec une très bonne Jessica Chastain. Il n'y a pas de scène du niveau de l'embuscade dans le désert de Démineurs.

3/6

PS: Homeland me parait beaucoup plus fort/intelligent mais la comparaison s'arrête au "sujet" et à la femme de la CIA.

C'est le 2e écho que j'entends de ce genre et ça confirme la différence dans l'appréhension du sujet entre spectateurs US et FR.
Là-bas, même les critiques démocrates n'ont rien à redire alors qu'ici on accuse le film d'être pro-républicain.

Il y a clairement quelque chose de cathartique pour le public US qu'on ne comprendra jamais ici.

Ca me rappelle l'épisode de The Newsroom sur la question.

PS : c'est un film de 2012 bordel.

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Et quand tu poses la question de la part propagandiste ou du flou vérité/fiction à Boal, le gars refuse clairement d'y répondre. Mais malgré tout, le film reste étonamment fort même si malaisant.

Eternel problème des films qui proposent de montrer une réalité mais qui n'ont pas de point de vue sur cette réalité (enfin c'est peut-être pas le cas du film, je dis ça, je l'ai pas vu).

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C'est justement un des soucis. Il n'y a clairement que la toute dernière scène (et réplique) du film qui donne l'impression d'avoir soudain l'opinion de Boal et Bigelow...

Je doute franchement qu'un film puisse dire quoi de ce soit d'intéressant sur un sujet aussi sensible. Du coup je m'attendais évidemment à un film de guerre glorificateur, au point de vue américain et soi-disant "historique". Merci de me confirmer ça. Le précédent Démineurs m'avait au final très peu enthousiasmé, comme tous les autres films de Kathryn Bigelow en fait.

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"Un peuple qui élit des corrompus, des renégats, des imposteurs, des voleurs et des traîtres n’est pas victime ! Il est complice."
- George Orwell

Donc vous confirmez en quelque sorte les raisons du trollage de Bret Easton Ellis sur Twitter.

On dirait que vous parlez de The Kingdom.

Boal et Bigelow se disent pas pro-torture : http://news.yahoo.com/bigelow-calls-tor ... ories.html

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Ils l'avaient déjà dit. En tout cas le mec de la CIA n'a pas eu le poste de directeur convoité suite à la polémique.

Je serai curieux de savoir à quoi le film aurait ressemblé lors de sa mise en chantier, avant la mort de Ben Laden. On ne retrouve pas l'adrénaline d'un Démineurs et Bigelow insiste sur le bourbier avant d'avoir eu ce feu vert poir attaquer cette barraque où le perso Chastain était persuadée de sa présence, mais plus d'une manière intuitive que sous couvert d'une véritable preuve. Ainsi, chaque jour inscrivait-elle sur la vitre de son supérieur le nombre de jours s'écoulant sans aucune décision n'ait été prise, jusqu'à cinq ou six mois d'inaction, jusqu'à que cette opération se déroule un peu sous le fait du prince. Tous les aspects bombardiers semblent également plus marqués par le sceau de la fatalité que de la volonté de jouer sur le suspense.

Concernant la polémique, je pense que le film débute directement par vingt minutes de tortures (de notre Reda Kateb national qui n'aura donc jamais une gueule à jouer les jeunes premiers) parle pour Bigelow dans cette manière cash de montrer l'humiliation, de cette méfiance aussi à l'arrivée de l'administration Obama concernant les méthodes d'interrogatoire, mais aussi dans cette part à jouer sur le burnout de ceux qui sont restés sur le front, jusqu'à l'obsession pathologique de faire avancer l'enquête. Je ne vois pas d'apologie de la torture, il suffit d'ailleurs juste de voir le manque de résultats de ces vingt minutes de brimades. Après on peut davantage tiquer sur le perso de Chastain d'abord dégoûtée quand elle arrive sur le terrain et qui embraie sur des répliques de maîtresse-femme aux soldats du genre "Va buter Ben Laden pour moi".

Et puis il y a aussi ce moment "payback time" où on tue Ben Laden, images historiques dont ont été finalement privées le peuple américain, là où les images des twins towers sont passées en boucle (mais pas utilisées dans Zero dark thirty où Bigelow préfère avec intelligence jouer le blackout), où la réalisatrice semble hésiter à représenter ou non l'acte, on voit ainsi un bout de visage, une barbe, un profil, comme si on marchait sur des charbons ardents. Je ne ferai pas partie des anti-américanistes primaires qui accusent le film de propagande là où des tas de films d'action finissent sur la glorification de l'armée, en effet Bigelow semble davantage circonspecte de la tournure que prendra l'avenir, comme si l'histoire ne pouvait être amenée qu'à se répéter.
4/6

Le mec avec une semaine de retard.

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Tout comme DPSR, je me demande quelle aurait été l'histoire racontée par Bigelow et Boal dans leur projet initial (ou alors savaient-ils déjà que la capture/mort de Ben Laden était imminente?), parce qu'il m'apparaît que ça aurait inévitablement été l'histoire d'un échec, d'une quête sans fin, et peut-être alors l'obsession qui anime Maya aurait-elle été davantage au cœur du film.

En l'état, c'est une fois de plus ce qui manque à l’œuvre je trouve. A l'instar d'Argo, la reconstitution des faits est experte mais le quota humain reste en deçà. En lieu et place des scènes d'Affleck avec son fils, on a ici quelques trop peu nombreuses scènes de Maya visiblement hanté par sa poursuite d'un fantôme. Mais ce traitement reste trop superficiel à mes yeux pour raconter quelque chose au-delà de l'approche journalistique de l'histoire.

Je sais pas ce qui fait que ça marche à merveille dans Les Hommes du Président alors que ça me laisse froid dans Argo ou dans Zero Dark Thirty, peut-être est-ce l'urgence de l'enquête des journalistes sur l'affaire de Watergate, va savoir. Il est vrai que je trouve tout le dernier tiers du Bigelow beaucoup plus engageant, à partir du moment où ils repèrent la forteresse d'Abottabad jusqu'au dernier plan qui semble insuffler un peu de sens au film (ou du moins, qui propose un canevas sur lequel chacun pourra projeter sa perception de l'épilogue) en passant par cet assaut vraiment réussi, tant dans la forme (la tension, pas de zique) que dans le fond (c'est honnête, on voit les soldats tirer sans hésiter sur des femmes ou des hommes non-armés).

Puisque chacun devra y aller de ce qu'il pense de la polémique concernant la torture, je dirai perso que je vois un film qui choisit de montrer les choses telles qu'elles le sont. La CIA torture un gars, les infos sont à moitié foireuses et à moitié fructueuses. Point. La vérité est que la torture peut porter ses fruits et le film te montre cette vérité. Si ça cautionne pour autant, soit. Parler de propagande après, faut pas déconner...

Avant ça, ça fonctionne peut-être un peu trop par bouts (déjà le souci de The Hurt Locker). Les années passent vite, les apparitions de gueules connues s'enchaînent. Bigelow me paraît moins à l'aise (c'est d'ailleurs pas son film le plus intéressant formellement, déjà qu'elle a un style impersonnel).

Je sais pas trop quoi en dire de plus en fait. Ca tombe pas dans le Wikipédia filmé mais je continue de préférer des films comme Munich et Zodiac, beaucoup plus riches, qui parviennent à réussir sur tous les tableaux, dramaturgie et point de vue, l'humain mais aussi le thriller mais aussi le propos... Zero Dark Thirty a le mérite d'exister et de montrer une certaine réalité avec honnêteté mais c'est un film qui ne m'apprend rien et ne me fait pas ressentir grand chose.

3-4/6

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Alors apparemment, c'était davantage un film d'action, focalisé sur la Bataille de Tora Bora.

The Battle of Tora Bora was a military engagement that took place in Afghanistan from December 12, 2001 to December 17, 2001, during the opening stages of the War in Afghanistan launched following the September 11 attacks on the United States. The U.S. and its allies believed that Osama bin Laden was hiding in the mountains at Tora Bora, but despite overrunning the Taliban and al-Qaeda positions and hearing bin Laden's voice in intercepted radio transmissions several times, they failed to kill or capture him. Bin Laden was then able to escape to the Federated Tribal Areas of Pakistan.

Oliver Stone avait un projet identique en 2006.

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"La CIA torture un gars, les infos sont à moitié foireuses et à moitié fructueuses. Point. La vérité est que la torture peut porter ses fruits et le film te montre cette vérité. Si ça cautionne pour autant, soit. Parler de propagande après, faut pas déconner..."

On te remet jamais en cause ce que fait la CIA. JAMAIS. Et on ne montre jamais des morts autres que des ricains.