Sera-fuku to kikanju en VO.
À la mort de son père, une jeune lycéenne voit sa vie bouleversée lorsqu'elle apprend qu'elle hérite de la direction d'un clan de Yakuza.Je me sens un peu con, car devant ce morceau de cinéma japonais dont la période constitue pour moi une véritable terra incognita, j'ai l'impression de ne pouvoir que bégayer ce qu'en dit (très bien) la notice écrite par Mathieu Capel pour la cinémathèque.
Essayons d'être simple : c'est un film à la croisée de la comédie, de la parodie, et d'un véritable film de gangster un peu fantaisiste (frôlant par exemple un côté James Bond chez le grand méchant). Une hybridation plutôt enthousiasmante, car dans les meilleures scènes, l'absurdité parodique cohabite harmonieusement avec l'émotion, sans que l'une vienne contredire l'autre - et sans même qu'on puisse réellement, parfois, savoir quelle est la tonalité recherchée par la scène. Lorsqu'un gangster un peu attardé se blottit contre l'adolescente qui panse ses plaies parce qu'elle "sent comme sa mère"... et bien par la manière dont c'est mené, c'est à la fois drôle (car complètement débile), touchant (car la bizarrerie de ce moment d'intimité sonne juste), et glaçant (parce que la scène pourrait allègrement déraper en l'un des multiples viols dont le scénario a déjà menacé l'héroïne). Cette cohabitation, qui n'est pas sans rappeler l'énergie libre et l'insouciance du cinéma bis, est clairement le plus grand atout du film, jusqu'au final exalté qui en fait tout son sel (l’ascenseur, le moment "extase", je vous laisse découvrir).
La deuxième particularité, c'est le fait de filmer tout ça en plan-séquence. Et si je n'avais pas lu la notice, je ne m'en serais probablement pas vraiment aperçu. On pourrait presque parler de "plans longs en mouvements", tant ils essaient peu de tirer une tension du fait de ne pas couper. Ils ne sont absolument pas ostentatoires : quasi invisibles en fait, donnant l'impression d'un cinéma très "simple", ils semblent n'être qu'une sorte d'auto-discipline, comme une garantie pour s'assurer de mettre en scène (d'imposer un point de vue) sur des situations souvent brouillonnes. On sent en effet l'énergie un peu brute de la parodie prête à emporter le film dans l'élan bâclé d'un foutoir feignasse (l'humour ne tient absolument pas d'une précision burlesque, ou d'un décalage savant : ça évoquerait plutôt l'humour de certains mangas). Le film est de fait marqué par un certain "mou", un rythme flottant (même à l'intérieur de la construction des plans et mouvements de caméras, qui ne semblent pas toujours aller d'un point A à un point B), des prises de vues à l'arrachée comme une série de premières prises... C'est clairement trop long (notamment toute la première partie), trop hésitant par moments. Le plan-séquence, qui transforme la narration en une série de scènes-blocs, et qui structure par la-même un peu par défaut la progression dramatique (qui lui donne en tout cas une singularité), sauve le film de cette dérive-là.
Donc voilà, curieux curieux, d'autant que ce n'est que son deuxième film, et que le reste de la filmo a l'air assez différente. J'aurais bien aimé voir
Typhoon club, comme d'hab je réussis l'exploit de rater les meilleurs cycles de la cinémathèque.