Forum de FilmDeCulte

Thérèse Bourgoine est une citoyenne française qui travaille comme humanitaire bénévole pour une ONG sur l’île de Palawan aux Philippines. Alors qu’elle apporte des provisions au siège de l’ONG à Puerto Princesa en compagnie d’une autre bénévole philippine, les deux femmes sont kidnappées avec une vingtaine d’autres touristes étrangers par le groupe Abu Sayyaf, des musulmans terroristes qui se battent pour l’indépendance de l’île de Mindanao…

C'est étrange parce que tout le monde espérait un peu que Mendoza s'affirme définitivement comme un auteur sur qui compter avec ce film au sujet sensible (terrorisme, fondamentalisme) avec Isabelle Huppert qui continue son tour du monde des réalisateurs et au final le film sort dans une indifférence totale et est en train de se planter royalement en salle (moyenne de 6 spectateurs par copie...). Le film n'est pas passé par Cannes et j'ai l'impression qu'à Berlin il n'a pas impressionné grand monde. Du coup c'est vraiment une sortie anonyme et le film ne marquera pas vraiment les esprits.

Pourtant il a des qualités ce film. L'approche de Mendoza pour traiter son sujet est purement viscérale. Il tente de nous montrer ce que c'est que d'être captif, que d'être baladé sans raisons apparente, ce que c'est de se retrouver sous les coups de feu alors qu'on n'a rien demandé à personne. Il ne fait pas entrer de politique dans son film, ne défend aucune thèse mais essaie d'être au plus proche de la vie quotidienne de ce groupe de terroristes et de leurs otages. En fait la référence qui m'a semblé la plus évidente c'est le Che de Soderbergh. On retrouve cette sécheresse, ce quotidien dans la jungle où tout n'a plus vraiment de sens.

Sauf que chez Mendoza l'humain a droit de citer et les relations ambigües et complexes entre les terroristes et les otages représentent la colonne vertébrale du film. Et de ce point de vue là c'est très réussie parce que Mendoza a la subtilité nécessaire pour éviter tous les écueils. C'est juste des êtres humains plongés dans des situations extrêmes pour de mauvaises raisons qui essaient de survivre. Certains par les armes, les autres sans.

Et puis un autre élément fondamentale c'est la jungle elle-même, impérieuse, qui est la véritable entité qui menace tous ses personnages en même temps qu'elle les abrite. Il lui confère un pouvoir mythologique certain qui dépasse de loin les aspirations des hommes. Et au détour d'une scène superbe (le film est d'ailleurs très beau), la jungle devient soudainement carrément fantastique (on pense furtivement à Weerasethakul) et une poésie naît de manière impromptue de toutes ces douleurs.

C'est vraiment un beau film auquel il manque peut-être une construction plus rigoureuse (je sais qu'au départ le film faisait quasiment 3 heures et que Mendoza l'a raccourci d'une heure, ça se sent un peu), le montage n'est pas toujours très fluide. Mais en tout cas c'est clairement pour moi le meilleur film de Mendoza et il mérite mieux que cette sortie ratée et invisible.

4.5/6

_________________
CroqAnimement votre

On ne reconnaît pas Zaza sur l'affiche (assez belle au demeurant)..

_________________
Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

6 spectateurs par copie? Oulah faut que j'y aille ce soir.

Je ne savais pas. Cela explique peut-être pourquoi j'ai trouvé la réalisation approximative et le récit un peu lâche. En revanche les cris d'Isabelle en cas de danger devaient déjà être ridicules.

Looool j'ai bloqué sur exactement la même chose, elle pousse des cris de hyènes pas du tout crédibles. Elle est pas forcément très bonne d'ailleurs (enfin ça s'arrange dans la deuxième partie où elle a plus a jouer).

_________________
CroqAnimement votre

Les bides carabinés en salles et les multiples sélections bredouilles de ce cinéaste de génie qui doit compter parmi les deux-trois meilleurs asiatiques vivants me laissent perplexe.
5/6

Sinon malgré cette heure de coupe que je n'aurais peut-être pas relevé sans le savoir, le récit a quand même une densité impressionnante tout en arrivant à tenir encore debout (même si les nombreuses scènes d'embuscade militaires contre ravisseurs à balles perdues lui confèrent un côté à la Miss Bala, mais qui résument bien l'absurdité de la situation)

il a quand même eu un prix à Cannes pour Kinatay.