A Paris dans les années 60, Jean Renoir et son quipe se rendent un soir au studio de l'ORTF pour présenter un récit. Jean Renoir est guidée dans un grand studio s'assoit pour raconer une histoire et énonce d'emblée le caractère dramatique et incernable ("impossible de savoir quand le drame commence, le lus souvent il est déjà installé sans que l'on s'en aperçoive"). Les images commencent à déferler dans les moniteurs de contrôle dustudio, puis se mixent et s'organisent naturellement dans l'écran. Dans la banlieue de Paris, un psychiatre éminent, le Docteur Cordelier, se coupe du monde, se lance dans des expériences mystéieuses sur lui-même et convoque son vieil ami notaire, le Maître Joly pour instituer un mystérieux "Monsieur Opale" comme son légataire en cas de décès. Maître Joly est peu après témoin d'une agression contre une petite fille commise par un type effrayant et étrange, n'ayant visiblement pas peur d'être appréhendé, mais incernable et fuyant .
Réactualisation et transposition en France du conte de Docteur Jekyll et Mister Hyde. Fait un peu penser au Fritz Lang de Mabuse et M. Cela annonce peut-être aussi Orange Mécanique (la manière de se déplacer de Monsieur Opale et l'emploi de sa canne comme arme invicible).
Intersection intéressante entre l'observation sociale façon "Règle du Jeu" (les personnages centraux du film n'ont pas de famille, mais uen court de domestiques, qui eux-même croient à moitié à leur rôle, qui leur servent à la fois de surmoi, de public et de complices) et le fantastique à la française (cela fait beaucoup penser à Franju). La mise en scène est précise, un peu anonyme, mais la fadeur se retourne en trouble: les personnages du film sont issus d'un milieu de notable, mais la bonhommie désincarnée avec laquelle ils affrontent des situation horribles, leur célibat intégral (la sexualité est présente, mais comme un fait social extérieur ou bien d'emblée un débordement) qui évoque un peu les personnages de Tintin crée quelque chose d'incertain, à la fois enfantin et pesant.
Le jeu de Barrault, Teddy Bilis et Michel Vitold est très théâtral et déclamatoire (mais avec quelque cose de comique, les personnages des deux psys qui s'affrontent sont des caricatures de Sartre et Lacan, peut-être aussi que la belle scène où Cordelier fait la confession de son obsessions sexuelle fait référence George Bataille, mais mis sous une forme télévisuelle et accessible) . Mais en rupture avec ce côté artificiel, le film contient des effets de réel impressionants dans les scènes de groupe, notamment lord de l'introduction où Renoir se rend lui-même au studio de télévision pour lancer le récit (et le travail sur l'image et l'amorce du conte fanstatique est filmée comme une expérience scientifique ou le lancement d'une fusée, la télévision est encore neuve et nimbée d'une aura positivste et édifiante) et dans les scènes de traque policières d'Opale, filmées en plan large, caméra à l'épaule, et sur les toits de Paris, comme un documentaires. Cet effet de réel, cette représentation nue de l'espace social, est la terreur qui découle d'un appauvrissement du fantasme. Comme le film date de 1959, difficile de ne pas penser que cette attention documentaire et cet volonté d'effrayer en effaçant ses traces, partagée à la fois par le margi,al et la police ne renvoyait pas plus ou moins consciemment à quelque chose auquel ellle s'est substituée: les "opérations de police" qui étaient le nom de la Guerre d'Algérie pour la société française d'alors.
http://www.youtube.com/watch?v=-KRls597k0s