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MessagePosté: 12 Oct 2005, 01:21 
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Vu ce soir au ciné-club des Cahiers, en présence de Burdeau et Olivier Assayas... Et découverte d'un forcément grand film, pour qui connaît un peu le bonhomme, s'intéresse à l'époque et aime les films-essais (pour moi, donc). Proposition de cinéma radicale ("faire du cinéma avec n'importe quoi", prétend Debord - ce qui est bien sûr faux, tout étant pensé), discours d'une férocité et d'une intelligence sans pareille aujourd'hui (du moins à ma connaissance), expérience de la salle indispensable à la meilleure appréhension possible du film... En gros, j'ai été comblé.

Assayas le présente comme "l'un des plus beaux films au monde". Je n'irais absolument pas jusque là (il a manqué une chose à Debord, qui tient sans doute en grande partie à sa voix trop monocorde, pour égaler Marker, sur les terres duquel il oeuvrait pourtant en grande partie: un peu plus d'âme, un peu moins de froideur... cette chose qu'a Marker et qui, pour reprendre ses termes, "fait battre le coeur"... Debord s'attaque avant tout au cerveau, voire aux tripes, plutôt qu'au coeur), mais c'est en tout cas une des sorties majeures du mois, sinon de l'année.

Réflexe consumériste pavlovien : Il me faut le coffret Gaumont, bordel...

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MessagePosté: 16 Oct 2005, 11:26 
Très intrigué de découvrir Debord... Je crois que tous ses scénarios avaient publiés, faut que je cherche... Tu as lu La societé du spectacle?

A ce que je crois comprendre, il s'opposait à la société marchande et consumériste... Ca fait donc bizarre de le voir distribué par Gaumont ou alors j'ai mal pigé son trip situationniste...


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MessagePosté: 16 Oct 2005, 12:37 
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Bob Harris a écrit:
Très intrigué de découvrir Debord... Je crois que tous ses scénarios avaient publiés, faut que je cherche... Tu as lu La societé du spectacle?


alors le situationnisme et moi, c'est tout frais, ça date de quelques mois seulement... Du coup, la Société du spectacle, j'en ai lu que des extraits : j'ai parcouru, pioché au hasard... Mais ce que j'ai lu me fascine...

Bob Harris a écrit:
A ce que je crois comprendre, il s'opposait à la société marchande et consumériste... Ca fait donc bizarre de le voir distribué par Gaumont ou alors j'ai mal pigé son trip situationniste...


donc apparemment, c'est bien Gaumont qui distribuait à l'époque. Mais son film était diffusé dans une seule salle, n'était déposé nulle part et a donc longtemps été libre de droit. Je ne sais pas quel est son statut juridique maintenant que ses films ressortent (par la volonté d'Alice Debord et Olivier Assayas)... J'espère que les sites qui proposent depuis tjs les films de Debord en streaming, soi-disant invisibles et pourtant visibles là, ne vont pas être inquiétés, car ce serait effectivement une insulte à la mémoire de Debord. Maintenant, était-ce une bonne chose de ressortir ces films ? C'est un peu bizarre : après la mort de son producteur et ami, Debord a décidé de mettre fin à sa "carrière de cinéaste" (avec tout plein de guillemets) et de retirer tous ses films du circuit cinématographique et, de fait, de les rendre à tout jamais invisibles. C'était sa volonté, il l'avait justifiée par rapport à sa théorie. Mais qq mois avant sa propre mort, il a bossé avec Canal à une soirée spéciale, à l'occaison de laquelle il a retâté de la pelloche, et a autorisé la rediffusion de ses films à cette occasion ponctuelle. Le sort (la maladie, plus précisément) a fait qu'il s'est suicidé avant cette soirée et que, de fait, aucun de ses films n'a été rediffusé de son vivant. Certains considèrent donc que, de cette manière, sa volonté a été respectée, et qu'il ne pose aucun problème à ressortir ses films, d'autant que les avoir planqués si longtemps en a fait des objets "de culte", ce qui n'aurait pas plu à Debord.

D'un point de vue personnel, si le coffret DVD m'attire et en même temps m'emmerde (48 €, réification bourgeoise et cinéphile de films violemment contestataires et même anti-cinéma), le fait de pouvoir découvrir son oeuvre sur grand écran me ravit. In girum... te bouffe, t'engloutit, en salle, alors que sur petit écran, il nécessite de s'accrocher, de se concentrer... Enfin bref, pour moi, dans ma démarche récente de découverte du cinéma d'essai, Debord est un jalon important...

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MessagePosté: 18 Oct 2005, 19:50 
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Ce film est nul...Ton moralisateur, prétentieux, inanité de la forme...De l'anti-cinéma duquel on ne peut y ressortir comblé, puisque l'auteur ne le souhaite même pas.


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MessagePosté: 18 Oct 2005, 22:10 
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Ah ben ça me semblait pourtant clair : "Guy Debord contre le cinéma"

lui-même prévient, d'entrée de jeu : « Je ne ferai dans ce film, aucune concession au public. Plusieurs excellentes raisons justifient, à mes yeux, une telle conduite ; et je vais les dire. Tout d'abord, il est assez notoire que je n'ai nulle part fait de concessions aux idées dominantes de mon époque, ni à aucun des pouvoirs existants. Par ailleurs, quelle que soit l'époque, rien d'important ne s'est communiqué en ménageant un public, fut-il composé des contemporains de Périclès ; et, dans le miroir glacé de l'écran, les spectateurs ne voient présentement rien qui évoque les citoyens respectables d'une démocratie. Voilà bien l'essentiel. Ce public si parfaitement privé de liberté, et qui a tout supporté, mérite moins que tout autre d'être ménagé. »

et puis, quand même...

Jack Griffin a écrit:
Ce film est nul...


lol, quoi ! enfin bref...

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MessagePosté: 18 Oct 2005, 23:27 
J'aimerais juste savoir... On voit quoi dans ce film? C'est comment? Les images montrent quoi? Y a une voix-off? Racontez des extraits si vous le voulez bien, merci... :P


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MessagePosté: 19 Oct 2005, 07:17 
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http://www.acte-gratuit.net/in-girum-imus-nocte-visionner.html

conseil : le mate pas en entier comme ça... regarde cinq minutes, pour voir si tu rentres dedans, si tu es intrigué, et si c'est le cas, va plutôt le voir en salles...

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MessagePosté: 19 Oct 2005, 07:53 
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Zad a écrit:
Ah ben ça me semblait pourtant clair : "Guy Debord contre le cinéma"

lui-même prévient, d'entrée de jeu : « Je ne ferai dans ce film, aucune concession au public. Plusieurs excellentes raisons justifient, à mes yeux, une telle conduite ; et je vais les dire. Tout d'abord, il est assez notoire que je n'ai nulle part fait de concessions aux idées dominantes de mon époque, ni à aucun des pouvoirs existants. Par ailleurs, quelle que soit l'époque, rien d'important ne s'est communiqué en ménageant un public, fut-il composé des contemporains de Périclès ; et, dans le miroir glacé de l'écran, les spectateurs ne voient présentement rien qui évoque les citoyens respectables d'une démocratie. Voilà bien l'essentiel. Ce public si parfaitement privé de liberté, et qui a tout supporté, mérite moins que tout autre d'être ménagé. »

et puis, quand même...

Jack Griffin a écrit:
Ce film est nul...


lol, quoi ! enfin bref...


Merci, j'ai vu le film et je maintiens (moralisateur). D'ailleurs tu n'as aucunement expliqué pourquoi tu as aimé.

Citation:
J'aimerais juste savoir... On voit quoi dans ce film? C'est comment? Les images montrent quoi? Y a une voix-off? Racontez des extraits si vous le voulez bien, merci...


Ce n'est pas sous-titré...Sinon c'est Guy debord lisant un texte tout du long. Au début il fait un peu son Tyler durden (ce qui a du séduire Zad) et nous voyons des photos publicitaires avec familles heureuses, puis il parle symboliquement de sa vie et son engagement révolutionnaire en se comparant à Lacenaire dans les enfants du paradis ou Custer dans They Died with Their Boots On (en VF!)...On a de long extrait de ces films sans pratiquement aucun montage ainsi que Les visiteurs du soir pour signifier bien lourdement qu'il a voulu semer le chaos dans notre petite société minable. Y'a des coups très fort comme une totale absence d'image indiqué par un carton "Le spectateur sera privé d'images"...Super.

Et à la fin le plus beau: On nous dit "A reprendre depuis le début" . La salle était exasparée.
ça aurait pu être pertinent mais ça se perd dans l'ennui et le verbiage pompeux.


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MessagePosté: 19 Oct 2005, 09:00 
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Jack Griffin a écrit:
D'ailleurs tu n'as aucunement expliqué pourquoi tu as aimé.


il faudra donc relire mon 1er message...

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MessagePosté: 09 Jan 2012, 01:58 
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Mais c'est la fête, déjà un topiiiic !

Image


En légende de l'une des illustrations de Prince Vaillant qui parcourent les images du film, et qui tentent maladroitement de prendre acte de la naïveté de revendications de jeunesse que la voix-off vient tout juste d'énoncer, on peut lire ceci : "Je n'ai pas saisi le sens de vos paroles, mais votre vin est fort et la tête me tourne". En l’occurrence, on comprend généralement plutôt bien ce dont parle Debord : s'il y a bien une qualité indiscutable au film, c'est sa pureté et sa limpidité, encouragés par un égocentrisme et une prétention tellement hallucinantes que le monologue se débarrasse des détours et artifices d'usage - droit au but.

Mais je citais surtout le bon mot parce qu'il dit finalement bien ce qui me restera de cet essai : sa capacité hypnotique. Pas au sens purement sensoriel (quoique aussi), mais simplement parce que le renversement qu'il opère, ne serait-ce que temporaire, d'une certaine vision du monde, comme une mue de passage du regard, advient entre autres par la façon d'opérer ensemble cette litanie sonore et sa confusion d'images, par cette capacité à ne pas nous faire lâcher le fil d'une pensée qu'on pourrait pourtant démonter sur bien des points. En cela, toute l'ouverture me semble d'assez loin le plus réussi du film, même si le principe parvient aussi à frayer son chemin dans la partie autobiographique.

Parce que pour résumer, au-delà de la pensée écrite que je ne connais pas, et des actes historiques que je ne connais que par bribes, comment peut-on prendre une seconde au sérieux un type qui a une vision si atrophiée du cinéma qu'il s'érige à demi-mot comme prophète salvateur de sa période moderne ? Qui a une telle connaissance de son art qu'il arrive à l'exploit de condamner le classicisme pour en sauver Carné ? (epic fail...). Ou qui plus simplement, après nous avoir fait la morale comme à des maternelles en exhibant sa pensée pure-et-austère, l'étale dans la fange molle et ô combien rigoureuse d'un "c'était-mieux-avant" de vieux con que ne renierait pas un Zemmour des grands jours ?

C'est en ça que le film me démontre qu'il a quelque chose dans le bide : pour m'avoir malgré tout cela empêché de donner des gifles à mon écran, et pour m'avoir même fait compatir à une certaine vision d'un Paris ancien idéalisé, petite chansonnette qui habituellement me ferais instantanément contracter le sida, c'est qu'il y a derrière tout cela un certain boulot. Si la façon de désamorcer les extraits de films (un désynchronisme bête et méchant) fait pâle figure face à ce qu'a pu inventer le cinéma moderne sur la question, le mélange constant des images est plus troublant : celles qu'il admire, celles qu'il méprise, celles qui attestent ; les fictives, les publicitaires, les historiques, les abstraites ; celles qui contredisent la voix, celles qu'il l'appuient, celles qui la prolongent de manière poétiques, ou même plus souvent celles qui tournent en fond visuel comme un ronron de télévision restée allumée... La subtilité qu'il manque au discours crétin déclamé, elle se trouve idéalement là : dans l’ambiguïté de cet amas d'images contraires, à première vue faiblement articulées au monologue (concrètement, les rapports directs et évidents sont rares), éclats visuels d'une société dans laquelle le film, par sa façon d'y rentrer tête baissée tout en l’autopsiant en long et en large, prend des racines contradictoires et donc riches.

Voilà, film absolument détestable, mais pas dépourvu de talent. J'irai peut-être faire un tour voir le reste. Après, je trouve la hype entourant tout ça quand même un peu étonnante... Même Straub-Huillet, que je n’idolâtre pas, c'est à mille lieue au-dessus - et je parle pas de Godard, Pollet, et tout le tutti.


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