Lucile est jeune, aime vivre d'oisiveté grâce à l'argent de son amant Charles, qu'elle accompagne à loisir au théâtre, dans les cabarets, les dîners mondains du Paris des années 1960.
Antoine, rencontré dans une soirée incarnera pour elle la beauté physique, l'amour fulgurant, la normalité d'un travail et de soucis matériels. Ne tolérant pas sa nature de femme oisive et qui ne veut s'attacher à rien ni personne, il tente de la faire changer [wiki].Cavalier ne porte pas dans son cœur je crois cet intermède plus "commercial" où après l'échec de ses deux premiers films il tente quand même de s'installer, avant un long break de huit ans...
Après une adaptation de Westlake il se charge de cette adaptation de Sagan, son univers de flambeurs bourgeois pour lesquels on peut vite s'agacer. C'est amusant de voir un film tourné en plein mai 68 dont le traitement de la bourgeoisie est loin de celui que livrera Chabrol dans sa séries de grands films seventies.
Cavalier appuie plutôt à fond sur les superficialité et flamboyances des univers branchés de l'époque, sans se parer de discours critique apparent, jouant seulement de l'amplitude et d'une certaine virtuosité pour provoquer un peu le spectateur. . La mise en scène est un délice dans sa manière de mettre en exergue futilité et luxe sans prisme moral prédigéré sur son héroïne. Le reste de l'intrigue de Sagan, avec son éloge ambigu de l'oisiveté et le passage relativement gonflé pour l'époque sur l'avortement, fait le reste.
De la même manière Cavalier préfère pousser le bouchon du désir et de la suggestion sans qu'il n'y ait un véritable bout de cochon qui dépasse à l'arrivée. Deneuve a rarement été aussi attirante à l'écran (excepté un ou deux brushing too much), et c'est bien mené dans la relation entre les deux amants grâce à l'excellent Roger Van hool qui change de certains jeunes premier, mais parrallèlement Cavalier se risque aussi sans problème à un bon zest de grotesque à l'écran (mention spéciale à la scène de Deneuve se faisant arroser les jambes de champagne par Van Hool...)
Je me demande comment ça fonctionne parfois, mais ça marche, se démarquant à son aise des Lelouch, Louis Malle et encore d'autres de la Nouvelle Vague en pleine voie de classicisme, c'est très singulier. Pour autant quel est l'implication du réalisateur là dedans? Il y a une scène assez géniale quand même où sur un banc, toute la bande de fêtards bourgeois regarde très naturellement comme dans une salle de spectacle la ballade à la guitare de jeunes étudiants ou autres, sans le sous, à la terrasse d'un café... On a l'impression que c'est totalement du cinéma cette façon de raconter, mais aussi sans doute de la pure adaptation tant c'est toute la problématique de Sagan qui semble ressortir là.
Alain Cavalier a écrit:
"Mais je ne me voyais pas jusqu'à la fin de ma vie mettre en valeur de jeunes acteurs connus qui m'assuraient tranquillement un bon budget pour le film et de sérieuses rémunérations personnelles. J'ai continué comme ça jusqu'à 'La Chamade' avec Catherine Deneuve en 1968. Dans ce genre de cinéma, on met en valeur des corps parfaits, des visages très beaux. Le spectateur entre dans un rapport érotique avec le film à travers l'acteur ou l'actrice. Catherine Deneuve arrivait à 9h du matin, elle se préparait jusqu'à midi, ensuite elle était prête à tourner. Et moi je la voyais arriver comme une déesse et je me disais « qu'est-ce que je fais là ? ». Du coup, ç'a été comme une transition pour moi vers autre chose. C'est intéressant, mais ce n'était pas fait pour moi, ce type de cinéma." http://www.timeout.fr/paris/films/inter ... n-cavalier