Forum de FilmDeCulte

Yossi Atia interprète, écrit et co-réalise cette chronique comique sur un mec qui organise des visites guidées des lieux d'attentat à Jérusalem. Je suis allé voir le film parce que j'avais commencé à écrire un scénar sur un mec qui faisait visiter des lieux "dark tourism" à Paris mais forcément ça marche moins bien qu'à Jérusalem où les attentats font partie du tissu même de la société.

Le film dure 1h23 et n'est qu'un portrait (autobiographique ?) du gars. Au moins, Atia est génial, avec sa démarche pataude de mec drôle sans rien faire qui porte le poids du monde sur ses épaules. Il rencontre une meuf, gère quelques problèmes avec son père, et on sonde un tantinet sa psyché, notamment par rapport à feu sa mère, mais c'est à peu près tout.
Les meilleurs moments sont à trouver dans les séquences de visites, tournées sur le vif, avec une galerie inimitables de touristes aux fraises. Mais pour le reste ça essaye de combler le vide, ayant même du mal à éviter les poncifs du film de trentenaire loser, comme par exemple le personnage du coloc boulet.

C'est con parce qu'il y avait sans doute quelque chose de plus dense à raconter par rapport au trauma des attentats (la love interest vient de Barcelone, donc je pensais qu'ils échangeraient peut-être sur comment elle a vécu elle-même l'attentat dans sa ville, ou que sais-je). Bref, ça reste en surface. J'ai découvert après la séance que c'était adapté d'un court-métrage du même nom et je suis pas étonné vu que ça a du mal à justifier sa pourtant faible durée...

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Titre de ta critique FDC : TOUT SIMPLEMENT JUIF.

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Tu reproches au film (et donc au personnage principal) sa qualité première : sa pudeur. Il aurait été inconcevable qu'il ait un échange avec Asia sur leurs expériences respectives du terrorisme, parce que Ronen est justement incapable d'en parler (qu'il ne soit pas pleinement conscient que là est la source de sa souffrance ou qu'il soit tout bonnement dans le déni) et encore plus d'exprimer de l'empathie pour autrui (vu qu'il est totalement replié sur lui-même). Et puisqu'il n'y a pas de paroles possible (enfin si, il y a celles des visites touristiques, qui sont avant tout sa thérapie pour à la fois revivre ad nauseam les attentats de la 2ème intifada et tenter de se libérer de ce qui le ronge intérieurement), c'est par une multitude de petits détails qu'Atia arrive à nous faire partager ses tourments intérieurs (une scène parmi d'autre que je trouve assez représentative de son style, celle où Ronen et Asia se retrouve dans un café rue Jaffa, s'en suive des allez retour entre la terrasse - trop bruyante - et l'intérieur du café - encore plus à cause de la machine à café -, Ronen qui insiste pour être à l'intérieur parce que la vue est belle, finalement se résout à ressortir pour satisfaire sa compagne pour se jeter peu après sous la table, pris de panique par l'arrivée de deux hommes avec attaché case qu'il aura pris pour des kamikazes. Pas une parole de prononcée qui parle de terrorisme durant toute la séquence, qui ne parle pourtant que de ça, de la peur de se mettre en terrasse parce que l'on y est des victimes potentielles, de la peur sourde qui habite les israéliens dès qu'ils sont dans un lieu public). Pour moi c'est une vraie réussite, d'une parce qu'il y a une parfaite alliance entre la forme et le fond (ce qui est suffisamment rare pour que cela soit mis à son crédit), de deux parce que dans le long conflit entre palestiniens et israéliens j'ai toujours pris le parti des premiers, quitte à en oublier que le peuple israélien pouvait également en souffrir, ce qu'Atia arrive à nous faire ressentir avec justesse et dignité.

Tout ce que tu dis est très vrai.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste