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Grand classique mythique est parfois synonyme de déception, et c’est un peu ce qui m’est arrivé à la découverte de la fameuse « perle » du film noir Kiss Me Deadly, chef d’œuvre proclamé de Robert Aldrich. Concernant ce cinéaste que je commence un peu à connaître mieux, je m’aperçois que je n’accrocherai sans doute jamais complètement à un de ses films. Le caractère foncièrement rentre dedans du réalisateur de Vera Cruz (qui reste mon préféré de ceux que j’ai vu pour le moment) a quelque chose qui peut donner de véritables moments d’éclats à son cinéma mais aussi entraîner une certaine lassitude. Kiss me Deadly en est le parfait exemple, combinant tout ce caractère foncièrement inégal. Ses atouts sont essentiellement ses séquences les plus « fantastiques » : du polar noir conventionnel de personnages et de situations nébuleuses le scénario fait ici le choix de virer au borderline total en y incluant une boite de pandore au contenu on ne peut plus détonant qui fait basculer ce film dans une toute autre dimension…

Cette mise en évidence permet à la dernière partie de raviver un ensemble très série B qui, bien que nerveuse et anticonformiste, commençait un peu à ronronner dans son enquête typique Mike Hammer, lequel d’ailleurs n’est pas sous les traits de Ralph Meeker un personnage particulièrement palpitant : il est surtout le moyen pour Aldrich de jouer avec sa réelle fascination de la testostérone, en particulier en l’opposant à quelques personnages féminin et des actrices qui font des étincelles en réactions, mais aussi à toute une bande de trognes peux glorieuses. Aldrich se plait ici à les filmer en contre-plongée pour ne retenir que leurs costumes, leurs chaussures qui leurs donnent une certaine aura : mais au-delà de ça, quand leur visage se révèlent à l’écran, ils sombrent souvent dans le ridicule... Aldrich se plait à filmer le monde comme un univers de pantins un peu cynique et c’est sans doute là que j’accroche le moins.

Graphiquement, outre la fin saisissante donc, le film offre par ailleurs une ouverture particulièrement réussie et innovante : des premiers plans de cette femme qui coure seule sur une route jusqu’au générique tout à fait atypique, Aldrich touche du doigt une certaine modernité liant onirisme et mouvement pure, dans un concentré cinégénique ébouriffant. C’est d’autant plus dommage que le film se calme autant après… A ce titre, une Soif du Mal m’apparaîtra toujours d’un autre niveau et d’une autre constance. Ici les emprunts directs que David Lynch en a fait dans Lost Highway tendent aussi à rendre moins surprenant ses plus beaux apparats… On ne peut plus que profiter de leurs caractères sublimement bruts, du mieux que l’on peut.

4,5/6

Assez d'accord avec tout ça, et c'est vrai qu'il y'a pas mal de ressemblances avec Lost Highway. J'ai trouvé ça très bon, et le film est rempli de séquences formidables, mais j'ai eu un peu de mal à m'y retrouver..

Je pense vraiment pas que le film ait jamais eu le statut de "grand classique mythique"...
C'est plus un vieux film culte, devenu une référence du film noir et donc une forme de classique pour une certaine catégorie de cinéphiles. Ca reste une série B, hein.
Moi j'aime énormément le nihilisme et le cynisme du truc. Et y a effectivement quelques séquences bien mémorables. Cela dit, c'est vrai que c'est pas toujours palpitant et que c'est pas mon Aldrich préféré.

Plutôt d'accord avec le texte de Mr Chow en ce qui me concerne...

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