Je me permets de recopier un article de mon blog concernant les CM sélectionnés aux Césars 2009 pour vous en faire profiter :
- Skhizein de Jérémy Clapin. Film d'animation plutôt sympa où un homme percuté par un météorite se voit contraint à vivre à 91 centimètres de lui-même (il faut voir le film pour comprendre). J'ai bien aimé le mélange des différentes techniques d'animation (de la 2D, de la 3D, du stop-motion, intégration de photos etc…) et le ton mélancolique du film. Mais en même temps je ne peux m'empêcher de le trouver un peu gadget. Mais peut-être le meilleur de la sélection. 4/6
- Les Miettes de Pierre Pinaud. Un film qui cherche à reproduire l'esthétique muette et qui raconte l'histoire d'une ouvrière dont l'usine où elle travaille s'enfuit (!). J'ai toujours trouvé affreusement stérile la volonté fétichiste de certains jeunes cinéastes de vouloir à tout prix reproduire l'esthétique d'une certaine époque du cinéma où ladite esthétique n'était que la conséquence des contingences techniques qui étaient disponibles aux auteurs. A quoi ça sert ? Si ce n'est pour nourrir cette esthétique là de quelque chose de personnel et de dérangeant, de retravailler à posteriori une histoire du cinéma, ça peut devenir intéressant (Maddin ou même le Eraserhead de Lynch). Mais là j'ai trouvé ça totalement con. Une espèce de poésie de bazar (on paie ses courses avec des miettes) couplée à une direction artistique d'une pauvreté totale. Je ne vois pas comment un tel film peut se retrouver aux Césars, donc être considéré comme ce qui s'est fait de mieux durant cette année. C'est très triste je trouve de promouvoir ce film qui ne fait que regarder derrière avec un sourire niais nostalgique alors qu'au contraire, le court-métrage c'est vraiment l'espace où l'on tente d'aller vers le haut. Bref une totale aberration pour moi. 1/6
- Les Paradis Perdus de Hélier Cisterne. Ca commence dans le quartier latin durant les émeutes de mai 68 puis on se retrouve dans une réunion de travestis en pleine campagne. Un film très surprenant dans son écriture qui emmène toujours à l'opposé du programme qui semble le guider. C'est plutôt agréable mais quand vient la fin on se dit que c'était quand même un peu stérile. Il manque un vrai propos, une vraie ligne directrice. Je ne sais pas si le film cherche à dire quelque chose (à la volonté puérile d'ouverture soixante huitarde s'oppose un esprit finalement très puritain et petit-bourgeois) ou s'il est simplement ludique. Excellents acteurs je dois dire, ce qui est assez rare. 3/6
- Une Leçon Particulière Jean-Pierre Chevènement. On dirait un exercice d'école. Une leçon de français à domicile. Tension sexuelle entre l'adolescent en rut et la jeune enseignante qui ne se rend compte de rien. Mouais. C'est vraiment, vraiment très léger. De tout les côtés d'ailleurs. Que ce soit la mise-en-scène, l'écriture, le jeu, il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dents. Ca a dû être tourné en une journée, montée en deux et basta. Je sais que ce genre de considérations n'a pas à rentrer en ligne de compte dans l'appréciation du produit fini mais encore une fois quand on voit le nombre de courts-métrages réalisés en France chaque année, c'est un peu l'hallucination de voir ce film se retrouver aux Césars. Pour moi c'est un mystère total. 1/6
- Taxi Wala de Lola Frederich. Une femme ne parlant pas très bien français rentre dans un taxi mais est incapable de se souvenir où elle habite et refuse de sortir de l'habitacle de la voiture. Putain comme je déteste ce genre de film. Ça ne raconte absolument rien, c'est moche, c'est un film basé sur une idée. Il n'y a rien d'autre. Alors c'est quoi, une espèce de métaphore des immigrés perdus en France, que l'on essaie d'aider mais qui finisse par se perdre et si diluer dans la foule ? Je sais pas, je ne comprends absolument rien au propos du film. Le personnage est insupportable (est-ce une malade mentale ?). On sent que l'auteur cherche à développer quelque chose de touchant entre le chauffeur de taxi et sa cliente mais dès le début ça me semble biaisé et faux. Je n'y crois pas. Enfin bref, une fois de plus, je suis très surpris de retrouver ce film aux Césars tellement je le trouve vide et caricatural avec son sujet vaguement social que l'on ne va pas traiter frontalement pour éviter le didactisme. Bref coup de gueule contre ce film là : 0/6 (le pire c'est qu'il me semble tailler pour gagner).
Ce sont les 5 retenus mais sur le DVD édité par DVD Pocket il y avait les 12 présélectionnés. Alors déjà il y avait trois films au delà des 50 minutes (ça s'appelle des moyens-métrages les mecs) que j'ai boycotté et puis on a eu droit à ça :
- Tony Zoreil de de Valentin Potier. Le court-métrage le plus con que j'ai jamais vu je crois. Un enfant naît avec des oreilles démesurées parce que dans sa famille ils ont tous des oreilles démesurées. Quand il a 25 ans il est seul, renfermé sur lui-même à cause de son handicap et aimerait bien faire de la musique. Il rencontre alors une fille avec des grandes oreilles aussi et ils tombent amoureux. Mais le problème c'est que des Nazis s'introduisent chez lui et lui mettent de force des cadenas aux oreilles. La fille découvrant ça, se barre, trop choquée (me demandez pas pourquoi, je cherche encore)… Mais qu'est-ce que c'est con, c'est pas drôle, c'est pas touchant, c'est juste surréaliste de connerie et d'un romantisme de fond de caniveau avec ses péripéties totalement connes et ses dialogues complètement cons. Detestation totale du produit fini. Putain mais sérieux les mecs nettoyez vous la merde que vous avez dans les yeux avant de sélectionner des films comme ça. 0/6
- La Copie de Coralie de Nicolas Engel. J'avais vu ce film à Cannes et j'avais été traumatisé par la nullité du truc. Un film où tout les dialogues sont mi-chantés, mi-parlés par des acteurs neurasthéniques (pauvre Riaboukine). Le résultat est horriblement effrayant. L'impression de voir un défilé de zombies. En plus c'est pas réalisé (genre le mec il pose sa caméra là parce qu'il y a de la place), l'histoire est très bête et la petite idée poètique du film pas du tout exploitée. Une horreur absolue ce truc. Et c'est aux Césars. Tout va bien. 0/6
- 200 000 fantômes de Jean-Gabriel Périot. Film expérimental dont l'idée est de se faire succéder à l'image des milliers de photos de la mairie d'Hiroshima les unes à la suite des autres à un rythme très rapide. Et le concept c'est de garder au centre de l'image, le bâtiment toujours à la même place et ayant toujours la même taille, peu importe la dimension de la photographie originale. Il faut le voir pour bien comprendre mais le résultat est saisissant. On passe par plusieurs époques, la guerre et la destruction bien évidemment. J'aime comme on ne s'attarde sur aucune photo en particulier, la photo de vacances a le même statut que le photo de propagande. L'idée est vraiment bonne et le résultat passionnant même si sur dix minutes, il faut bien le dire, on finit par s'emmerder. En salle en plus je pense que ça m'aurait donné la migraine voire la crise d'épilepsie. Dommage de pas l'avoir retenu dans les cinq derniers, je trouve que le contrepoint était vraiment intéréssant. 3/6
Il est donc assez étonnant de ne pas voir de film dépasser le 4/6 alors que l'on est censé être dans le haut du panier. Après j'ai toujours eu assez peu d'affinités avec les cérémonies et leurs sélections. Je m'y sens le plus souvent assez étranger. Mais bon je m'attendais quand même à plus d'audaces, plus de drôleries, plus de singularité. Mais sur tout ces films, il n'y en a vraiment aucun où après l'avoir vu, je dirais que j'attends avec impatience le prochain essai de son auteur. Vraiment aucun. D'ailleurs ça m'étonne pas de ne presque jamais voir un lauréat du césar du court-métrage percer finalement dans le long. Vu leurs choix, je trouve ça finalement assez logique. Enfin bref, bonne chance quand même à eux et j'espère que le film d'animation gagnera !
EDIT : j'ai mis ça en section "critiques" mais si ça doit être déplacé, pas de problème.
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