Forum de FilmDeCulte

Est-ce que cela se sait ? Pas sûr. Est-ce que cela se sait assez ? Surement pas. Shinji Aoyama est depuis quinze ans, et de plus en plus, un des cinéastes japonais les plus forts. Et les moins vus : EUREKA et DESERT MOON ont été sélectionnés à Cannes et puis plus rien. Le merveilleux ELI ELI et CRICKETS attendent toujours un distributeur français (allo ?). Il a également réalisé des documentaires qu’ici, dans la salle de presse, personne n’a vus. Comment présenter Aoyama à tous ces journalistes de la planète Mars qui ne le connaissent pas ? Barbu, ancien rédacteur des Cahiers Japon, cinéphile érudit épris de musique (Jim O’Rourke a composé pour lui, Daniel Johnston chante au générique de SAD VACATION) et, comme Ang Lee (pour aller vite, trop vite), de récits bancals et lents, d’apocalypses douces secouant à peine ce qu’on a envie d’appeler un post-Japon.
On ne résumera pas SAD VACATION, c’est un film qui appartient à un genre qu’affectionnait le maître, Serge Daney : non narrable. Des yakuzas, une famille éclatée, un service de livraison qui fait office d’assistance sociale, Tadanobu Asano l’air fatigué, avec puis sans barbe et cheveux longs, une mollesse presque dolente tout à coup interrompue par du sang, du montage, de la musique. Pas son meilleur film sans doute, mais qui s’en soucie : aux Cahiers cela fait deux ans que nous attendons le bon moment pour parler longuement de Shinji Aoyama. N’attendons plus.