Donc comme prévu, c'est très bon.
Effectivement, la série semble partager bien des points communs avec Hannibal qui vont de la ressemblance superficielle triviale (les bois de cerf), à une approche esthétique (ambiance macabre) et thématique (protagoniste semi-autiste perturbé) similaires. Ici aussi, l'intrigue paraît d'ores et déjà présenter peu d'intérêt pour l'enquête et sa résolution, même si ici il n'y aura pas de "Serial Killer de la semaine" mêlée au suspense "quand Lecter se fera-t-il gauler?".
Ce que la structure en flashbacks propose d'intéressant, c'est cette présentation cash de ce que les deux agents sont devenus : l'un a bien vieilli, l'autre…est dans un tel état de déchéance qu'il finit carrément suspect. Il est clair que le créateur préfère s'attarder sur l'effet que l'enquête a sur ces flics plutôt que la résolution de l'enquête en soi.
Ni Hannibal, ni Seven, ni Zodiac, ni Le Silence des agneaux n'ont inventé ce genre, même s'ils l'ont défini, et il apparaît assez clair que la série aime à revisiter ces codes, ainsi que ceux du polar hard boiled, et le premier degré avec lequel Nic Pizzolatto écrit aurait pu s'avérer ultra-grossière s'il n'y avait pas deux choses : la mise en scène de Cary Fukunaga et la performance de Matthew McConaughey.
Si la forme rappelle donc Hannibal, on est quand même dans une atmosphère assez différente ici. Aux rouges et verts glauques de David Slade, Fukunaga préfère une démarche "Southern Gothic" qui ne tient pas uniquement sur la direction artistique ou la mise en scène des scènes de crime, mais davantage sur le décorum. Cet univers que le personnage de McConaughey qualifie de "souvenir d'une ville plutôt qu'une ville. Et un souvenir qui s'efface."
Cette phrase est l'une de nombreuses répliques très écrites que McConaughey transcende par sa composition à fleur de peau, faisant du policier hard boiled un être décharné et fragile, à des kilomètres de l'archétype et de ses rôles habituels. À lui tout seul, il ancre déjà la série dans quelque chose d'à la fois complètement assumé mais réinterprété.
Je suis très curieux de voir ce que la série réserve. M'est avis que l'on a fait que gratter la surface, et y a plein de choses en dessous, comme le sous-entend ce magnifique générique.
PS : faut que je vois Sin Nombre et je crève d'envie que sa réadaptation de Ça se concrétise.
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