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MessagePosté: 30 Oct 2013, 12:10 
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Successful superfucker
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Pour ceux qui veulent découvrir la série au cinéma et non sur arte, l'intégrale passera le jeudi 7 novembre au mk2 bibliothèque.


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MessagePosté: 12 Déc 2013, 00:12 
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Léger spoilers.


Je pourrais presque recopier à l'identique les avis d'Art Core et de Baptiste.

Il y a visiblement une volonté de ne pas se plier à la sacro-sainte dramaturgie des séries contemporaines, et de faire de l'intrigue autre chose que le pompon qui, toutes les 20 minutes, va relancer notre attention. Mais du coup, oui, j'aurais plus vu un film pour développer tout cela, car entre des petits moments effectivement splendides (comme tous, l'avant-dernier épisode m'a cloué de beauté), les épisodes s'assimilent davantage à un ressassement de situations (les scènes de couples Robin/Johno, l'autorité brutale de Matt, le comportement gênant/doucereux du commissaire, les femmes au camp toutes paumées : une fois vues ces scènes dans le premier épisode, on les a vu pour 6 épisodes qui suivent).

La série semble aussi se complaire dans le trouble lié à l'ambivalence de ce qu'on nous expose, sans forcément explorer cette ambivalence, la mettre en scène, la faire avancer. On est dans le pur effet "physique" sur le spectateur, sur son parcours d'identification/d'adhésion pour les personnages. L'exemple parfait étant le personnage de GJ : on nous la présente d'abord comme un perso mystérieux (donc possiblement fascinant), puis comme un clown (donc distance), mais comme quelqu'un que tout le monde va vouloir venir voir (donc possiblement détentrice d'une vérité), etc. Idem pour Matt, qui est d'abord une figure du mal, puis juste un pauvre type crétin, et vice-versa... Je trouve pas ça très engageant, et ça ne prend vraiment de valeur que dans le dernier épisode, où l'on sent vraiment intensément sourder quelque chose sous l'apaisement. Si les passages dans la nature (et tout ce qui concerne Tui en général) sont beaucoup plus forts, c'est aussi parce qu'ils suivent une ligne claire, saillante : Tui est une gamine/fragile ET sauvage/indépendante, dès le début, d'un même geste, et non un yoyo qui vacille de l'un à l'autre.

On pourrait aussi parler de ce que Campion nous raconte : les hommes sont tous des salauds et tous des violeurs en puissance (dès le début de la série, on pose l'idée de faire un test ADN de tous les hommes de la ville), et cette histoire sera la ré-appropriation de ce territoire masculin par les femmes. Le domaine de Matt est le summum de la masculinité phobique, une maison animale de brutalité et de connerie. Certes, le domaine féminin est tout autant à la ramasse, mais c'est aussi le cocon où chaque personnage perdu (où TOUS les personnages, en fait) viennent à un moment où à un autre se reposer, se réfugier, faire le point, demander réponse : c'est le lieu de la trêve et d'apaisement. Et d'ailleurs, on l'apprendra plus tard;
le seul ami autorisé à approché Tui est gay : comme le dit sa mère, il n'a pas pu faire le bébé, il exempté du soupçon du viol, et de la violence.


Il reste trois hommes (hormis les enfants) dénués de cette ambiguïté. Le vieux clodo, complètement fou / à l'ouest : ce n'est pas un homme, c'est un enfant attardé. Le nouveau mari calme de la mère, excusé car Maori. Et Johno donc. Qu'on peut trouver falot dans son impuissance, certes (bon, l'acteur est une telle tuerie que j'avoue, ça a pas du trop me gêner). Mais il est aussi intéressant, car il est l'amant idéal de la série, et de son personnage féminin. Soit un type qui a gardé les traits de la virilité (= qui est de la lignée de Matt, qui a ce côté brut, qui est sauvage, qui peut être violent s'il le veut), mais qui semble constamment devoir s'excuser ce que son aimée à subi jeune, et qui n'est plus qu'à son service : masculin et penaud, violence potentielle et désactivée, trop tôt ou trop tard. Un bug. L'acteur se sort plutôt bien de ce paradoxe je trouve, il trouve la solution par une forme d'absence lunaire (à quoi Johno est entrain de penser, se demande-t-on souvent), par une capacité pratique un peu désincarnée de volonté et de motivations psychologiques (un mec qui fait ce qu'il faut faire quand il faut le faire - ce qui en fait l'ange gardien de la série, en quelque sorte). Ça passe, mais je trouve assez marrant la façon de cette homme fantasmé ne "fonctionne" pas vraiment, dont il s'efface au fur et à mesure qu'il devient le futur homme du foyer : dans la vision très binaire de Campion sur sa découpe homme/femme, il est forcément un hiatus.

Je ne reproche pas cette vision manichéenne à Campion, ça a le mérite d'être une vision justement. Mais vu ce qu'elle dessine parfois entre ses personnages et son décor, il y avait matière à mythologiser cet affrontement hommes/femmes bien davantage, à en faire le vrai sujet, magnifié, de cette série - quand ici ça reste toujours assez ingrat. Je sais pas si je suis très clair sur ce qu'il me manque ici, bon...


Cela dit, même si la série m'a un peu déçu, Campion m'épate quand même assez par la façon dont elle change radicalement de ton, de type d'approche à chaque film. Les thèmes et les personnages féminins ont beau être proches (dans leur entêtement par exemple), l'approche a beau rester "romantique", je ne sais pas si je reconnaîtrais une même réalisatrice derrière Un ange à ma table, La leçon de Piano, Bright Star, et celui-ci. J'aime bien ce renouvellement permanent qui se joue sur le tableau le moins évident - pas celui de l'aauuuteur et de ses sujets adorés, mais vraiment dans la manière d'aborder (d'attaquer) ce que l'on filme. Et puis quand même, encore une fois, un personnage féminin en or (sur un canevas pourtant lambda) et une actrice dirigée super intelligemment.


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MessagePosté: 22 Nov 2014, 06:51 
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Bisounours priapique
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Toujours un an après tout le monde.

HEAVY SPOILER
Dans le dernier épisode, avant qu'Al viennent donner les résultats des analyses ADN à Robin, on le voit brièvement manipuler des papiers. Il échange bien l'identité du père de l'enfant de Tui(peut-être lui d'ailleurs) avec celui du père de Johnno (Matt) non ?

_________________
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Marlo a écrit:
J'adore Hollande.


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MessagePosté: 05 Fév 2015, 10:56 
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C'est une possibilité - et toute la série est bâtie sur ce genre de possibles
- mais j'en doute. A mon avis :
- Robin est bien la fille de Matt : cela explique la haine de la mère de Robin à son encontre, le fait qu'elle lui demande de quitter Johnno qu'elle croit être son demi-frère (dès la scène de prom, elle blémit quand elle voit sa fille à son bras), et d'ailleurs c'est si facilement vérifiable qu'on ne voit pas trop pourquoi Matt irait lui raconter des cracks à ce sujet
- Johnno n'est pas le fils de Matt. Al n'a aucune raison de mentir à ce sujet à Robin. De plus seule la mère de Johnno vient l'aider quand il est en tôle, son "père" ne lève pas le petit doigt, et lui dit dans la série qu'il n'est pas son fils.
- je ne pense pas que Al a violé Robin, le soir où elle s'effondre chez lui. Il y a peut-être pensé, il l'a sans doute droguée, mais je pense qu'il s'est arrêté là (le fait qu'elle se gerbe dessus et réagisse mal à la drogue l'a peut-être aidé à se calmer), qu'il la kiffe vraiment et qu'il est très sérieux quand il la demande en mariage : elle est sa rédemption, son "ange", celle qui lui permettra d'arrêter ses partouzes glauquissimes et de se ranger. Une fois qu'elle le rejette, il est tenté de s'en débarasser (il la vire de l'enquête, il pousse Matt à tirer vers sa maison en lui confiant qu'elle va essayer de faire tomber son labo), mais il est alors pris d'une pulsion suicidaire, d'une envie de se faire attraper : il la reprend sur l'enquête (rien ne l'y oblige), la laisse voir l'autre enquêteur, et finalement fait tout (genre les rendez-vous dans la cafèt' où sont exposés les portraits des gosses...) pour qu'elle réalise qui il est et vienne le flinguer (il est presque soulagé dans cette dernière scène, lui disant "ah, enfin, j'ai cru que tu ne comprendrais jamais")
- reste à savoir qui est le père du bébé de Tui.
Matt ? Ca pourrait coller avec les accusations de ses fils, avec le côté indicible de la chose pour Tui, avec certaines déclarations de Matt "personne n'aime ma fille autant que moi", avec Tui qui menace son père d'un flingue... On sait que Matt a besoin de drogues pour bander (vu la baraque, il ne doit pas prendre un simple viagra), donc voilà, mort défoncé après un rendez-vous manqué, il a pu se taper sa fille. De plus, si Matt n'est pas le père, pourquoi vouloir tuer le bébé ? Pourquoi dire "at least, you didn't talk" quand on lui ramène sa fille ? Et pourquoi vouloir faire porter le chapeau au gusse retrouvé pendu, un slip sur la tête ? N'aurait-il pas organisé une poursuite du/des vrais coupables, comme on apprend qu'il l'a fait après le viol collectif de Robin ? Pourtant ça n'est pas complètement satisfaisant (ses fils ne sont pas vraiment fiables, les soucis d'érection de Matt sont quand même problématiques, et puis, surtout, il a le sens de la famille, on ne peut pas lui retirer cela)(même si certains contextes familiaux très chargés, où on se flagelle sur la tombe de sa mère par exemple, peuvent mener à des comportements extrêmes).
Al ? C'est l'hypothèse la plus couramment admise. Tui aurait été violée pendant une soirée, droguée et inconsciente (d'où le "no one"). Matt est en plein déni (sa réaction avec le landeau), et veut effacer ce qui pour lui n'est pas acceptable, quitte à flinguer le moutard. Al bidouille les tests ADN : en tant que chef de la police locale, il peut avoir des liens, ou des moyens de pression, avec le labo, ou bien il a juste envoyé son ADN au labo à la place de celle du cadavre de Matt pour avoir un résultat positif, mais alors cela supposerait qu'il soit sûr d'être le père du bébé, ce qui semble compliqué dans le cadre d'une tournante sur jeunes filles droguées. Aussi, je ne vois pas comment Tui pourrait retourner avec joie faire la fête chez Al si elle s'y était fait violer auparavant (même sans en avoir de souvenirs clairs, ça laisse des traces), et je pense que dans ce cas-là, Matt aurait liquidé Al depuis longtemps (c'est sans doute lui qui a soit payé la maison d'Al, soit fait pression sur son occupant précédent pour qu'il la vende à vil prix, il lui file de l'argent pour ignorer le traffic de drogue, et Matt ne peut pas ignorer ce qui se passe dans le sous-sol d'Al).
Platt ? C'est une hypothèse curieuse mais qui tient aussi la route. On sait qu'il a participé aux soirées fines (les photos retrouvées sur son ordi sont sûrement un moyen de pression d'Al, photographe amateur, qui s'sssure ainsi du silence des participants), donc il a très bien pu se taper Tui. Il est aussi permis de penser que Matt l'exécute au début de la série parce qu'il vient d'apprendre la vérité (le tuer pour une histoire de terrain, c'est un peu exagéré, même pour Matt, qui connait Platt depuis longtemps et qui pourrait se contenter de rendre la vie impossible aux gonzesses de Paradise pour récupérer le terrain).


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MessagePosté: 13 Aoû 2017, 16:08 
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Quand vous aurez terminé de vous extasier niaisement sur Twin Peaks, Top of the lake vient de reprendre et les deux premiers épisodes sont excellents.

Par ailleurs une série autrement plus intelligemment LGBT que Sense8.


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MessagePosté: 21 Mar 2020, 17:16 
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Rattrapage des deux saisons de Top of the Lake (oui oui il y en a bien eu une deuxième qui ne s'est pas arrêté au bout de deux épisodes), je n'ai pas vu grand chose de Campion (La Leçon de Piano il y a une éternité et Portait de femme plus récemment, qui est bien bof) mais cette série est pour l'instant ce que je préfère d'elle. Et je m'étonne que bien peu semble avoir vu la 2ème saison, alors que sa dimension prophétique eut égard à l'actualité est colossal. Anticipant les révélations sur les turpitudes de Weinstein et la naissance du mouvement #metoo, en deux courtes saisons c'est un condensé de tout ce que la masculinité toxique peut représenter qui nous est jeté à la gueule: des viols aux excès du patriarcat, des rapports de domination dans le monde du travail au sexisme d'un monde de bouseux, en passant par la GPA, la prostitution et autres réjouissances je ne pense pas qu'il y ait un angle que Campion ait omis, dressant un tableau à la fois noir mais juste. Peu de figures masculines échappent d'ailleurs à son regard accusateur, peut-être un peu plus adouci dans la seconde saison, mais qui conserve en creux l'impression que ceux qui ne sont pas partie intégrante de ce système d'oppression sont nécessairement faibles
Pyke le père adoptif de Mary, Brett le nerd amoureux de sa GFE, le chef de police que l'on croit tout d'abord profiter de son statut hiérarchique avec Gwendoline avant de saisir sa profonde sincérité.


Chaque saison a son salaud hors norme, mais qui sont également deux personnages aux personnalités extrêmement complexes. Matt dans la première (déjà évoqué dans les posts précédents, interprété par un excellent Peter Mullan), Puss dans la seconde saison, quarantenaire un peu crado qui entretien un brothel, qui a une relation avec une jeune fille mineure, avec son accent autrichien trainant la quintessence du mâle détestable. Je ne connaissais pas David Dencik qui tient le rôle, ne serait-ce que pour lui je vous encourage à vous lancer dans cette 2ème saison, il livre une performance hors-norme.

Et ce que j'apprécie également beaucoup dans ses deux saisons c'est que Campion ne se cantonne pas à lister un à un tous les travers de la masculinité toxique, ce qui aurait pu vite devenir étouffant. Elle y injecte également une grosse dose d'humour, et n'hésite pas à tout autant brocarder une partie de la gente féminine, des nymphomanes qui se réfugient à Paradise dans la première saison aux figures saphiques qui semblent s'être auto-enfermée dans un monde protecteur parallèle (Holly Hunter en gourou de Paradise, Nicole Kidman la mère adoptive que sa fille Mary tente de pousser à bout à chacune de leur rencontre).

Il y a peu je visionnais Too Old to Die Young, qui finalement ne raconte rien d'autre que ce que Campion avait déjà traité dans Top of the Lake, en plus juste et surtout moins complaisant, ce qui rend la série de Refn d'autant plus inutile.

Baptiste a écrit:
Film Freak n'aimerait pas.

Je serais curieux de savoir s'il l'a finalement vu.


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