Forum de FilmDeCulte

J'ai effectivement très envie de les découvrir.

Contrairement Art Core je crois qu'il est vraiment admiré/respecté à sa juste valeur, Ken Loach. Surtout par la presse et par toute un frange du public plus ou moins cinéphile qui suit les grands noms du cinéma européen comme Almodovar, Moretti et consorts. Indépendamment de sa longue filmo (avec des grands films et des déchets), il y a aussi tous ceux qui sont insensibles à son cinéma et son style (ce que je peux tout à fait comprendre).

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Oui il est admiré tu as raison et il est célébré (il faudrait compter combien de ses films ont été sélectionné en compet à Cannes) mais je dirais qu'il est moins "cultifié" par une certaine cinéphilie (peut-être une jeune cinéphilie) parce que c'est un cinéaste essentiellement politique qui n'a jamais mis la mise en scène au devant de son cinéma. Du coup ça donne l'image d'un cinéaste de gauche un peu consensuel (ce qui n'enlève rien à son talent).

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CroqAnimement votre

Ah ben en fait c'est facile c'est sur sa page Wiki :
- 14 séléctions en compétition à Cannes + 3 à la Quinzaine + 1 à la SIC + 1 à UCR
- 4 à la Mostra (et je compte pas le film à sketch sur le 11 septembre)

Du coup c'est sans doute le réal qui est allé le plus souvent au Festival de Cannes.

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CroqAnimement votre

Je pense qu'il a le record, oui.

Il faut dire aussi qu'aujourd'hui (et depuis quelques années), il est surtout célébré en festival pour des films mal aimés de la critique, et sans doute moins forts. Alors qu'à l'époque de Raining Stones, qui fédérait Les Cahiers et Première, c'était le délire (d'autant que cette année là, il y avait eu The Snapper et Naked, et on ne pouvait en citer un sans citer les deux autres). De même pour Land and Freedom, qui était le grand favori de la presse cannoise.

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)

Oui c'est sans doute ça aussi en effet. Il a pas fait de "grand" film depuis longtemps. Je suis allé voir qui avait gagné en 95, l'année de Land and Freedom et c'est Underground de Kusturica, bon ça va c'est pas volé. Mais dingue qu'il n'ait eu que le prix Fipresci...

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CroqAnimement votre

Oui Family Life m'avait fait aussi forte impression. Je crois que cela avait été un succès public en France à l'époque de sa sortie. Le film était paradoxalement psychologisant, alors qu'il se voulait la description d'une structure. Avec l’institutionnalisation de son cinéma, Ken Loach n'a plus assumé ce paradoxe (et repose je crois sur l'opposition de plus en plus systématique entre la famille qui est une forme de refuge à préserver et l'ordre social qui aliène, alors que Family Life était plus dérangeant).

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.

Jean-Paul Sartre

C'est exactement ça, le cinéma de Loach à en quelque sorte souffert du Tatchérisme, lorsqu'il a basculé de social à politique. Il a perdu l'acuité de son regard sur la personne humaine (mais il faut aussi reconnaître que fin 60/début 70 il ne fait que, avec talent certes, répéter des schémas que d'autre ont établis avant lui) pour mieux opposer les castes (les prolos qui souffrent contre les figures du pouvoir, politique et économique, qui les oppriment).

C'est un peu plus nuancé et surtout famille=refuge n'est pas systématique si on considère des films comme Sweet Sixteen. Je dirais même que dans Family Life la famille de la jeune fille n'était pas dépeinte aussi finement que dans d'autres de ses films.

oui c'est possible, le père était bien chargé dans mon souvenir. Mais c'est un peu la limite de Loach justement : il doit relier la violence sociale à une intention individuelle pour la combattre, or ce n'est bien sûr pas toujours le cas (Gramsci décrit séparément les intérêts et les intentions par exemple, en montrant que l'articulation est complexe -trop facile de dire que les uns sont conscients et les autre inconscients- et est un ressort culturel).

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.

Jean-Paul Sartre

Pas forcément encore une fois et en y réfléchissant c'est pas le message qui est passé. Cf ses deux derniers où le système n'a pas de personnification, de visage. Ils sont assez pessimistes pour le coup

J'avoue que je n'ai oas tro vus ses derniers, je crois que j'en suis resté à Sweet Sixteen (que j'aimais bien, j'aime bien ceux qui ont une texture plus explicitement mélo comme Ladybird)

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.

Jean-Paul Sartre

Et c'est parti

1967 : Pas de larmes pour Joy (Poor Cow)
1969 : Kes
5/6
L'un de ses meilleurs que j'ai vu très jeune (genre à 13 ans) et dont les images m'avaient marqué.

1971 : Family Life
5/6 film extrêmement fort, là encore un de ses meilleurs je pense.

1990 : Riff-Raff
4/6 Robert Carlyle, le ton particulier entre humour et drame social que l'on retrouvera dans beaucoup de ses films.

1993 : Raining Stones
4/6 un peu la même chose

1994 : Ladybird (Ladybird Ladybird)
3/6 la veine que j'aime moins, plus misérabiliste

1995 : Land and Freedom
5/6 très beau film

1996 : Carla's Song
3/6 Moins de souvenir, si ce n'est qu'il appuyait bien fort sur la plaie.

1998 : My Name Is Joe
4/6 Peter Mullan remplace Robert Carlyle mais c'est la même recette

2000 : Bread and Roses
2/6 j'avais trouvé ça très artificiel

2001 : The Navigators
3/6 Un film train-train

2002 : Sweet Sixteen
5/6 l'un de ses meilleurs, aussi par qu'il abandonne sa charge directe contre l'Etat

2002 : L'un des courts-métrages du film collectif 11’9’’01 - September 11
C'est le court sur Allende. Crétin et dangereux.

2004 : Just a Kiss (Ae Fond Kiss)
3/6 Peu de souvenirs, plutôt anodin il me semble

2006 : Le vent se lève (The Wind that Shakes the Barley)
4/6 Très old school mais pas déshonorant

2007 : It's a Free World!
4/6 Un bon film qui préfigurait Toni Erdmann. L'actrice est super.

2009 : Looking for Eric
2/6 Bof

2010 : Route Irish
1/6 Son plus mauvais

2012 : La Part des anges (The Angels' Share)
4/6 Très sympa, dans la veine de ses années 90

2013 : L'Esprit de 45 (The Spirit of '45) (documentaire)
4/6 Informatif, télévisuel.

2014 : Jimmy's Hall
3/6 son faux dernier film. Anodin mais pas trop mal dans mes souvenirs

2016 : Moi, Daniel Blake (I, Daniel Blake)
4/6 Enragé, grossier dans l'écriture, mais il annonçait quelque chose.

2019 : Sorry We Missed You
3/6 Sur-écrit, restent les acteurs.

Mon top
1 Family Life
2 Land and Freedom
3 Kes
4 Sweet Sixteen
5 Riff-Raff

Eh bien, il prend plutôt cher Ken Loach sur ce topic ("pour un double Palme d'or").

Je n'ai vu que les plus récents, j'aime beaucoup mais je manque un peu de curiosité vu que ce cinéma me paraît précieux surtout pour son actualité, mais j'ai sûrement tort.

2007 : It's a Free World! 3,5/6
j'ai juste oublié le film même si je crois que j'avais bien aimé

2010 : Route Irish 3,5/6
pareil, je me souviens juste de scènes de tortures vraiment pénibles

2012 : La Part des anges (The Angels' Share) 3/6
un peu culcul celui-là, non? Mais le thème est intéressant

2016 : Moi, Daniel Blake (I, Daniel Blake) 5/6
je ne comprends pas trop les reproches de manichéisme dans le sens où en gros si tu adhères à ce qui est montré il est impossible de ne pas être révolté. J'y étais allé avec en tête toutes les critiques négatives sur sa palme d'or mais j'ai trouvé ça totalement justifié, ça brosse bien la dureté de l'époque tout en ne versant pas dans le moralisme, on voit bien que c'est d'une mécanique institutionnelle, économique et sociale dont il est question et non pas d'un pointage de doigt sur tel ou tel personnage. Evidemment, c'est un film on ne peut plus politique donc je présume que si on est libéral, on doit trouver ça carricatural.

2019 : Sorry We Missed You 4/6
pareil que le précédent, c'est très fort sur une spirale infernale mais moins poignant et le scénario m'a paru un peu trop prévisible.

Ben tu vois, on peut me considérer comme libéral, je suis pourtant plutôt amateur de Loach mais là c'est juste non et je trouve que c'est son plus mauvais années 2000. Loach n'a jamais été la finesse incarnée dans ses dénonciations mais tu as une vraie force émotionnelle qui fonctionne et emporte le morceau. Ce Daniel Blake, je lui fais les mêmes reproches qu'au dernier Brizé. A vouloir à tout prix dénoncer, ça verse dans la peinture simpliste et doloriste à l'excès et clairement ce que je vois à l'écran perd toute crédibilité à mes yeux et je n'y crois plus. Je suis totalement sorti de l'histoire jusqu'à la scène du pôle emploi ou j'avais quasiment honte de ce qui se passait à l'écran. J'ai trouvé ça ridicule. Au pif, dans le même genre, je trouve Riff Raff bien meilleur film. Ce ne sont pas les intentions que je critique mais la manière que je trouve catastrophique. Après les goûts les couleurs et tant mieux si tu as kiffé, le film a ses fans et ses détracteurs.