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MessagePosté: 19 Sep 2014, 17:27 
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Ilouchechka a écrit:
Caribou a écrit:
Là c'est du Depardon, c'est de l'art officiel.


:?:


Bah Zad a l'air de montrer cette capture comme pour appuyer ce qu'il dit juste au-dessus. Mais c'est une photo de friterie au bord de la mer cadrée avec soin, difficile d'y voir quelque chose d'offensant ou alors il faut vraiment avoir un problème, ç'aurait très bien pu être tiré du bouquin de photos de Depardon sur la France dite d'en bas, paysages ruraux, les trucs que tu vois dans Le Monde Magazine ou justement télérama.


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MessagePosté: 19 Sep 2014, 17:37 
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Le problème est que tout ce qu'il montre est vrai. Cela existe et tous les gamins, fermiers etc j'ai déjà pu en croiser des comme cela.

Par contre là ou c'est caricatural, c'est de faire croire qu'il n' y a que des gens comme cela dans le nord pas de Calais. Il n' y a pas de demi mesures.

Purée même moi qui suis de la région ( et qui possède un accent), je ne comprenais rien à ce qu'ils racontaient. Je n'ose imaginer ailleurs.


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MessagePosté: 19 Sep 2014, 19:03 
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Caribou a écrit:
Zad a écrit:
Moi j'ai trouvé ça absolument atroce, cette espèce de regard ricaneur permanent, ah les bouseux, qu'ils sont cons, ils savent pas conduire, ils parlent pas comme nous, ils sont difformes, rustauds, infirmes, et puis ils sont maladroits, ils tombent, ils sont sales, ils sont édentés, ils sont vulgaires, gnagnagna... Tu sens le tout-Paris qui ricane. C'est raccord avec la bande-annonce, Groland en pire. "Mes compatriotes du Nord me font flipper", tu m'étonnes : c'est la cour des miracles, là, c'est pas le Nord.

Ouais mais il va te dire que tu plaques tout ça. Il y a eu une interview dans un numéro de première où le journaliste lui fait exactement les mêmes reproches que toi. Il lui dit, mais non, c'est vous qui voyez ça, je n'ai aucun mépris pour mes personnages etc.
Il va falloir trouver mieux que ça. De part et d'autre.
Après j'aime pas Dumont, mais c'est toujours le même discours avec des cinéastes aussi différents que Seidl, Solondz, etc.

A mon avis, ça se discute ce genre de choses, non ? On peut analyser, essayer de comprendre cet antagonisme : "vous méprisez" )( "non, je ne méprise pas" - je n'ai pas lu l'interview de Dumont, mais qu'est-ce que le journaliste répond à Dumont ? A-t-il une réponse ?
A l'analyse du première épisode, j'aimerais bien comprendre ce qui induit ce sentiment de mépris de la part de Dumont ? Que fait-il avec sa caméra pour mépriser ?
A mon sens, il a raison quand il dit que c'est de la projection.
Et il le dit parce qu'il laisse la porte ouverte à cette réaction-là. Cette projection est possible, et il le sait. C'est un possible.
Si quelqu'un ressent du mépris, Dumont le laisse libre de l'avoir. Il ne protège, ni ses personnages, ni son récit d'un mépris possible. Ce serait absurde.

Peut-être que la question se joue, non pas dans l'objet, mais dans les mots. Qu'entend-on par mépris ?

Définition "mépriser"
- Considérer quelqu'un comme indigne d'estime.
- Considérer quelque chose comme ne valant pas la peine qu'on lui porte attention ou intérêt parce qu'on la réprouve d'un point de vue moral.
- Faire peu de cas de quelque chose qui est ordinairement convoité ou qui a une grande importance.


A priori, on est très loin de "Ptit Quinquin".

Caribou a écrit:
Il va falloir trouver mieux que ça. De part et d'autre.

Ca veut dire quoi, ça ? Qu'est-ce que Dumont peut faire de plus ou de mieux ?
Ce mépris possible du spectateur pour les personnages est le pendant de l'amour possible du spectateur pour les personnages. Cette question est au centre du cinéma de Dumont, il me semble.

En d'autres mots, si ce n'est pas de la projection, il y a des éléments matériels et analysables qui construisent ce mépris dans le film. Que sont-ils ?
Je ne les vois pas.
Dans le premier épisode, tous les personnages se dessinent entre grotesque et grâce. Il rit d'eux, comme il les aime. Il est entier.
Et ca, c'est dans l'écriture, dans les plans, dans la durée, dans l'humour. Dans le regard de Dumont.
Je ne trouve pas ça méprisant, mais plutôt signe de respect.

Peut-être que je plaque tout ça ? :mrgreen:


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MessagePosté: 19 Sep 2014, 19:10 
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Localisation: Where the wild things are
Mr Degryse a écrit:
Le problème est que tout ce qu'il montre est vrai. Cela existe et tous les gamins, fermiers etc j'ai déjà pu en croiser des comme cela.

Par contre là ou c'est caricatural, c'est de faire croire qu'il n' y a que des gens comme cela dans le nord pas de Calais. Il n' y a pas de demi mesures.

Purée même moi qui suis de la région ( et qui possède un accent), je ne comprenais rien à ce qu'ils racontaient. Je n'ose imaginer ailleurs.


Ah oui tiens, j'ai pas compris la plupart des dialogues la première demi-heure. Après, ptêt que je m'y suis habitué... ou que finalement je m'en foutais, vu qu'on n'a pas tellement besoin des dialogues.
Bon, sinon, c'est vraiment "la plus grande poilade de l'année" ? Sérieux, ils sont où les gags originaux et spirituels ? Je connais pas Dumont, mais ses moments burlesques font sourire, pas exploser de rire. Le tout noyé au coeur d'une intrigue dont tout le monde se fout, avec de looooongs tunnels contemplatifs, c'est vraiment dur de s'y accrocher. Le commissaire est drôle avec ses tics, c'est tellement exagéré qu'il en devient touchant. Pour le reste, les vieux qui jettent les couverts c'est drôle, je crois que c'est le seul moment où j'ai pouffé. Après je sais pas si c'est condescendant ou pas, mais c'est juste chiant et long. Et comme c'est pas drôle, je vois pas l'intérêt du truc, en fait.

_________________
"Les chances sur un million, elles se réalisent neuf fois sur dix".


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MessagePosté: 19 Sep 2014, 20:01 
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Harry White a écrit:
Caribou a écrit:
Zad a écrit:
Moi j'ai trouvé ça absolument atroce, cette espèce de regard ricaneur permanent, ah les bouseux, qu'ils sont cons, ils savent pas conduire, ils parlent pas comme nous, ils sont difformes, rustauds, infirmes, et puis ils sont maladroits, ils tombent, ils sont sales, ils sont édentés, ils sont vulgaires, gnagnagna... Tu sens le tout-Paris qui ricane. C'est raccord avec la bande-annonce, Groland en pire. "Mes compatriotes du Nord me font flipper", tu m'étonnes : c'est la cour des miracles, là, c'est pas le Nord.

Ouais mais il va te dire que tu plaques tout ça. Il y a eu une interview dans un numéro de première où le journaliste lui fait exactement les mêmes reproches que toi. Il lui dit, mais non, c'est vous qui voyez ça, je n'ai aucun mépris pour mes personnages etc.
Il va falloir trouver mieux que ça. De part et d'autre.
Après j'aime pas Dumont, mais c'est toujours le même discours avec des cinéastes aussi différents que Seidl, Solondz, etc.

A mon avis, ça se discute ce genre de choses, non ? On peut analyser, essayer de comprendre cet antagonisme : "vous méprisez" )( "non, je ne méprise pas" - je n'ai pas lu l'interview de Dumont, mais qu'est-ce que le journaliste répond à Dumont ? A-t-il une réponse ?
A l'analyse du première épisode, j'aimerais bien comprendre ce qui induit ce sentiment de mépris de la part de Dumont ? Que fait-il avec sa caméra pour mépriser ?
A mon sens, il a raison quand il dit que c'est de la projection.
Et il le dit parce qu'il laisse la porte ouverte à cette réaction-là. Cette projection est possible, et il le sait. C'est un possible.
Si quelqu'un ressent du mépris, Dumont le laisse libre de l'avoir. Il ne protège, ni ses personnages, ni son récit d'un mépris possible. Ce serait absurde.

Peut-être que la question se joue, non pas dans l'objet, mais dans les mots. Qu'entend-on par mépris ?

Définition "mépriser"
- Considérer quelqu'un comme indigne d'estime.
- Considérer quelque chose comme ne valant pas la peine qu'on lui porte attention ou intérêt parce qu'on la réprouve d'un point de vue moral.
- Faire peu de cas de quelque chose qui est ordinairement convoité ou qui a une grande importance.


A priori, on est très loin de "Ptit Quinquin".

Caribou a écrit:
Il va falloir trouver mieux que ça. De part et d'autre.

Ca veut dire quoi, ça ? Qu'est-ce que Dumont peut faire de plus ou de mieux ?
Ce mépris possible du spectateur pour les personnages est le pendant de l'amour possible du spectateur pour les personnages. Cette question est au centre du cinéma de Dumont, il me semble.

En d'autres mots, si ce n'est pas de la projection, il y a des éléments matériels et analysables qui construisent ce mépris dans le film. Que sont-ils ?
Je ne les vois pas.
Dans le premier épisode, tous les personnages se dessinent entre grotesque et grâce. Il rit d'eux, comme il les aime. Il est entier.
Et ca, c'est dans l'écriture, dans les plans, dans la durée, dans l'humour. Dans le regard de Dumont.
Je ne trouve pas ça méprisant, mais plutôt signe de respect.

Peut-être que je plaque tout ça ? :mrgreen:


On est plutôt d'accord même si je n'ai pas encore vu P'tit Quinquin qui, si c'est une comédie, me tente plus que ses précédents.
Je disais juste que le débat est classique et un peu facile. En tant que fan de Solondz, dont les films arrivent à dépasser l'antagonisme mépris/empathie, ça me chiffonne de voir des réactions aussi prévisibles et manichéennes. Les arguments avancés de part et d'autre relève toujours d'une certaine facilité.


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MessagePosté: 05 Oct 2014, 21:04 
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Je me demandais, cette scène où le grand-père de Quinquin met la table en jetant assiettes, verres et couverts, ce n'est pas quelque chose qu'on a déjà vu ailleurs ? J'en ai vraiment l'impression mais ça ne me revient pas... Un Pialat peut-être ?

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MessagePosté: 28 Nov 2014, 19:33 
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Bah merde alors, je viens de finir le premier épisode et j'ai trouvé ça hyper laborieux.

Peut-être parce que le format série nous conditionne à un rythme, à une efficacité narrative, nous poussant à offrir moins de disponibilité, nous mettant dans un rapport d'attention différent à ce qui se passe dans le plan (vais pas en revenir sur mon laïus séries/ciné, mais j'en pense pas moins...). Cela dit je trouve que ça tient aussi à l'arrivée de l'humour : la longueur du plan chez Dumont tend à l'interrogation de ce qu'on voit, à l'évocation, plans dont il faut faire l'expérience sur toute la durée pour saisir le mystère de ce qu'on nous montre. À partir du moment où la blagounette est le seul horizon, tout ce cinéma se retrouve ultra-aplati, tout se retrouve réduit à une mono-dimension, et entre les gags éparpillés, le temps devient bien long. Sur ce plan-là, sur cette précision rythmique de la comédie, Dumont n'a aucun talent, et on s'ennuie ferme.

L'humour, de plus, me semble assez foireux : à part le papy qui balance les verres, absolument rien ne m'a décroché un sourire, la veine absurde étant mal gérée (le passage à l'église est exemplaire : est-ce que atterre le public ? Est-ce que le public aussi est atterrant ? Pas assez de précision comique...). S'il tire fierté du sans-gêne dont il fait preuve dans la charge satirique, Dumont n'a pas de méchanceté dans le regard : la mise en scène continue à se repaître de visages, de prendre le temps de les regarder, et tout dans la forme finalement désarmorce le plaisir bourrin du jeu de massacre à bouseux dont le film se réclame. Du coup tout ça se retrouve neutralisé, ou péniblement forcé pour faire effet (l'interminable gag au micro ou à la cloche, le jeu de sourcils de Garcia déjà insupportable après dix secondes).

En fait, je trouve que les seuls bons moments sont ceux où on abandonne les visées humoristiques. La micro-seconde de complicité entre le gamin et sa mère, la beauté ambiguë (ironique ? pas tant que ça ?) des mains d'église lui bénissant la tête - et plus généralement tout ce qui touche aux enfants, les seuls qui semblent trouver grâce aux yeux de Dumont... C'est à l'état de miettes.

Je regarderai la suite j'imagine, mais quand même, encore une fois (et surtout chez les Cahiers actuels), j'ai l'impression qu'on fait tout un cas d'un concept, d'un pitch, d'intentions ("Dumont va faire une comédie, Dumont va retourner son cinéma"), sans prendre en considération la réelle qualité du résultat. En l’occurrence, involontairement, le résultat semble davantage se foutre la gueule du cinéma de Dumont (= lyrisme religieux en carton qui transcende les trognes cassées) que des gens du Nord...


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MessagePosté: 30 Nov 2014, 10:46 
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Oui enfin on peut aussi aimer la série pour ce qu'elle est et non ce qu'elle représente. On s'en fout de ce qu'elle est par rapport au cinéma de Dumont on peut tout aussi bien l'appréhender pour ce qu'elle est tout court, une bien étrange comédie policière. Dire que ça manque de précision comique est un non sens car ne s'inscrivant dans aucune tradition du cinéma comique on peut difficilement lui apposer une grille de lecture qui en révèlerait les fautes. C'est ce qui rend l'oeuvre si singulière. Cette pioche qui tient autant du burlesque, de l'absurde et du mystique. Il est évident que chez Dumont il n'y a aucune recherche d' efficacité, ce n'est d'ailleurs pas un cinéaste cinéphile. La comédie n'est pas un ingrédient saupoudré sur son intrigue, elle devient une partie de l'ADN de son cinéma. Il devient d'ailleurs rapidement impossible de séparer ce qui est comique de ce qui ne l'est pas. Les quelques gags plus évidents sont effectivement ce qui fonctionne peut être moins bien.
Après je continue de trouver dommage que Dumont soit élevé aux nues avec P'tit Quinquin (que j'aime beaucoup) quand ses deux derniers films me paraissent autrement plus forts et passionnants (mais aussi beaucoup plus austères).

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CroqAnimement votre


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MessagePosté: 30 Nov 2014, 19:33 
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J'en suis à l'épisode 3, je trouve ça assez beau quand ça touche aux gamins, pas drôle pour un sou dans sa veine comique. Assez d'accord avec Art Core, je ne suis pas un grand fan de Dumont mais ça touche quand même à la récréation, là.


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MessagePosté: 18 Juil 2016, 13:54 
Vérisme nordique approximatif (un néerlandais y joue même un flamand), casting je-respecte-les-amateurs-mais-quand-même-quelle-trogne, regard sur les acteurs digne du sketch des Inconnus sur Doillon, plagiait éhonté du Petit Baigneur de Dhéry dans la scène de l'Eglise, et pour finir un chanteuse casse-couille qui se prend pour Lana del Rey. En effet c'est toc. Film défendu par les Cahiers et Télérama sans doute par positionnisme, il s'agît de se replier sur un impératif comique populiste tout en gardant un verni pata-lyncho-bressonien "politique des auteurs" (ou l'inverse, on peut moduler comme on l'entend le rapport du verni et du replis, cela ne change pas grand chose à ce stade).


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