Ma Seok-do, detective au sein de l'unité "serious crimes" de la police de Séoul, tente tant bien que mal de maintenir une paix fragile et toute relative entre différents gangs. Apparaît alors un criminel chinois aux méthodes particulièrement cruelles et brutales, bien déterminé à terrifier la concurrence et imposer sa propre loi.Le detective Ma, interprété par Ma Dong-seok, aka le personnage le plus mémorable de
Dernier train pour Busan, est une sorte de mix entre le Depardieu de l'époque coups de boule et le Nick Nolte des années 80. Et très rapidement, l'impression que j'ai eu c'est d'être face à un film héritier des Walter Hill de la grande époque, pas tout à fait polar, pas tout à fait action : décors et écriture naturalistes avec une préférence pour les coins interlopes où à la limite, équipe de mecs bien soudés, tous bien définis, capitaine irrascible qui vise la promotion, criminels surclassés par un homologue ultra-violent sans aucune limite et au-delà de toute rédemption, brutalité policière assumée, roublardise à tous les étages... Tous les ingrédients urbains, moraux et institutionnels au coeur de
48 Hrs., sa suite ou encore
Red Heat sont là, sans le côté buddy movie.
C'est hyper-efficace et sans temps mort, malgré ses deux heures : de la bonne baston qui ne tente pas la virtuosité, si on peut appeler ça comme ça, à la
John Wick, de bons enjeux solidement arrimés à une intrigue épurée dans son classicisme, un humour pince-sans-rire qui n'alourdit jamais rien, un ficelage des différentes trames qui laisse un sentiment de satiété genresque.
Maintenant je connais extrêmement mal la société coréenne, donc je suis resté à une lecture de surface, bien incapable de dégager de réelles specificités culturelles affichées comme tacites. Néanmoins, et corrigez-moi si je me trompe, il me semble que chinois et japonais n'y sont pas très appréciés. Le film semble librement inspiré d'une véritable affaire de démentèlement d'activités criminelles dues à une migration de prédation, la fameuse internationale lumpenprolétarienne, qui ne semble épargner aucun des quatre coins du monde. Ici, c'est la menace du rapatriement en Chine et l'application de la peine capitale qui pèse sur ces criminels, sans que ça ne soit abordé comme un drame humain particulièrement préoccupant. Détail amusant.
Autre détail, le
victim blaming infligé sans pitié aux commerçants rackettés lorsqu'ils s'agit de les mobiliser pour contre-attaquer. D'abord réfractaires et apeurés à l'idée d'aider la police, ils ne sont pas convaincus par la suscitation de l'espoir ou de la foi en la police ou la justice ou la possibilité d'un monde meilleur, mais renvoyés à leur statut de complices dans leur silence, au rabaissement qu'ils s'infligent en restant des victimes et qui permet au mal de se répandre. Pas très occidental non plus.
Dernier détail vraiment cool : pas un seul flingue ni coup de feu, tout se fait à l'arme blanche avec tout ce que ça a d'horrifiant.
Chouette
throwback.