The Deuce
Un peu refroidi par
Show me a Hero, je n'osais pas m'enthousiasmer pour ce projet qui pourtant avait tout pour me plaire : David Simon, la description documentée d'un microcosme particulier, David Simon,
boobs, David Simon, George Pelecanos. Hé ben c'est superbe. Je sais pas pourquoi j'ai pas ouvert le topic plus tôt, mon souvenir est moins frais maintenant, mais je compte sur ceux qui l'ont vu aussi pour partager leurs impressions.
Une fois de plus le Simon parvient à un équilibre raffiné entre la documentation clinique d'un milieu et d'une société dysfonctionnels, et une description empathique de l'humanité entière.
On croise dans cette rue des putes, des macs, des junkies, des flics, des commerçants, des mafieux, et tous ces petits points de peinture composent un tableau magistral, et probablement fidèle, de cette rue, de cette époque, de ces gens.
La reconstitution est superbe, vos yeux exercés sauront sûrement voir les coutures et les imperfections, mais en ce qui me concerne j'ai été immergé-fasciné par la rue, la musique, et même les macs et les putes, aux looks vraiment gratinés.
Outre l'atmosphère, ce qui est très réussi c'est l'incarnation des personnages, et l'empathie qui en résulte. Les thèmes sont très Simoniens, et bien sûr les valeureux individus seront broyés par un système inhumain et tout-puissant, mais en attendant, ils existent, et j'y crois à fond.
Outre l'écriture, tout ça repose sur un casting vraiment classe, dont plusieurs transfuges de
The Wire (Slim Charles, D'Angelo, Lester Freamon, Chris Partlow, Frank Sobotka, Levy, Cheese), James Franco qui cabotine un peu mais reste très attachant, et Maggie Gyllenhaal qui est fantastique (il faut dire qu'elle hérite d'un personnage magnifique). Chris Coy (le journaliste de
Treme), qui joue le barman gay, est lui aussi excellent.
Et puis il y a elle :
... Qui joue une étudiante alors qu'elle a 38 ans, OKLM.
C'est un miracle, mes frères : alors que chaque personnage est un archétype (la petite nouvelle, celle qui veut s'en sortir, celle qui a renoncé, le mac violent, le mac non-violent, le barman-sociologue, le barman gay donc...), aucun n'est une caricature ! Au contraire, ils sont superbement crédibles, grâce au talent des acteurs, mais aussi aux dialogues.
Enfin, la saison est conclue par une magnifique scène récapitulative, qui vous rappellera la fin de
The Wire, mélancolie incluse. La bonne nouvelle, c'est que si The Deuce semble pour l'instant inférieur à son indépassable modèle, il en possède bien des qualités, et ça, ça console pas mal.
Bref, je recommande chaudement, alors fuyez ou foncez, c'est selon. Et revenez en parler ici, en attendant la saison 2.