aka 太平轮 (Wheel of Peace and Tranquility)Les destins de trois couples originaires de milieux différents et séparés par la guerre...Celui qui dit que ce diptyque est plus fou et généreux en termes de mise en scène que
Red Cliff ment. Ou a de la merde dans les yeux.
D'emblée, si le film fait une fois de plus étalage de son budget, la caméra épousant la largesse des décors reconstitués avec une photographie léchée, la lisseur de l'image numérique (pas fan ou plate comme un Marvel hein mais sans le poids que la pellicule conférait à
Red Cliff) cristallise bien la superficialité d'un ouvrage cherchant à renouer avec un cinéma classique mais, à l'instar d'un
Pearl Harbor, autre tentative de refaire le film-catastrophe romantique à la
Titanic en le mariant au film de guerre, le récit se construit exclusivement sur des clichés. On est certes moins dans l'image d'Épinal et dans une vocation plus poétique mais le Bay témoignait davantage de propulsion narrative en se focalisant sur un triangle amoureux et une ligne directrice alors que ce premier volet s'éparpille en une structure chorale ne laissant pas suffisamment le temps à chaque trame d'exister au-delà des archétypes. Par conséquent, ce grand mélodrame sur le fait d'être séparé de l'être aimé ennuie profondément par son rythme neurasthénique. Là où les polars du cinéaste fonctionnaient comme drames même sans leurs scènes d'action, ici le drame est foiré et l'action délibérément en retrait et relativement fonctionnelle malgré quelques jolies images épiques. S'étirant sur 2h08, le film aurait gagné à se concentrer sur l'une des trames, comme celle de ce soldat qui se leurre quant à sa relation avec une femme restée au pays et ment à son général dans la même situation (fraternité mise à l'épreeeeeuve) ou bien celle de cette femme qui survit comme elle peut en espérant retrouver un jour son jules dont elle n'a plus de nouvelles (versant dramatique de ses comédies de gens fauchés des '80s).
Le deuxième chapitre est encore plus frustrant, reprenant l'histoire quasiment au début (!) pour rejouer beaucoup des scènes du premier film, tantôt telles quelles (avec un traitement "flashback" sépia sur l'image quand c'est très résumé et sans quand c'est in extenso la même scène
), tantôt en utilisant un autre angle sur la scène (mais sans que cela n'apporte une quelconque information supplémentaire/complémentaire), en alternant avec de nouvelles scènes situées chronologiquement dans cette temporalité-là et que le premier film ne nous avait pas montré.
Je ne sais pas quel était le projet initial mais cette structure est incompréhensible. J'ai un peu eu l'impression de voir
Le Courage d'aimer de Claude Lelouch. Pour rappel, il s'agit
"d'une refonte du premier volet (Les Parisiens) de la trilogie inachevée Le Genre humain avec des scènes du film qui devait en constituer le deuxième volet et qui aurait eu pour titre Le Bonheur, c'est mieux que la vie." J'imagine qu'ici, Woo a tout tourné d'un coup mais ne pouvait pas tout raconter chronologiquement dans la première partie sans couper à un moment qui ne s'y prêtait pas. Le récit s'attarde cette fois davantage sur le personnage de Takeshi Kaneshiro, confronté à une autre problématique vis-à-vis de son frère révolutionnaire et poursuivant son histoire avec la (désormais) veuve du général susmentionné.
Enfin bref, ça reste un beau bordel, jamais très passionnant qui plus est, mais ça commence à s'activer un peu au bout d'une heure quand on embarque enfin à bord du navire, bien qu'il faille encore attendre avant d'en arriver au morceau de bravoure qui compose 30 des dernières minutes d'un film de 2h05, à savoir le naufrage...mais pour le coup, c'est vraiment un ersatz de
Titanic en moins impressionnant parce qu'expédié notamment.
Un de ses plus mauvais à mes yeux. Je crois que je préfère même certaines de ses comédies.