Forum de FilmDeCulte

Le fait est qu'on monte la BA de cette manière pour vendre 007 aujourd'hui. Même si le film à l'arrivée serait différent...
MI:6 détruit, passé à explorer pour aller en "profondeur" à base de petites boites à photos et de lents travelings vers des cabanes abandonnés, répliques bergmanisées... Jusqu'à l'apothéose de cette récupération photo ocre du cliché serial de la cérémonie du Spectre. Si c'est premier degrès c'est ridicule, si c'est un leur, c'est bien maladroit...
Nul doute que le film aura autre chose que ça, c'est dans son cahiers des charges, mais ce choix de teaser est totalement ampoulé.

Le souci, c'est que ce Bond-là, installé, qui fait son taf, c'est un personnage moins intéressant, vu dans une quinzaine de films déjà et dont aucun ne raconte rien. C'est juste "une aventure de plus". Le Bond débutant de Casino Royale, le Bond vengeur de Quantum of Solace, le Bond démissionnaire et confronté à sa fonction de Skyfall, c'est un Bond animé, motivé. Reste à voir ce que Spectre raconte (peur d'une redite avec Skyfall, avec le coup du double maléfique).

Après, si vous préférez les films où Bond se pose pas de questions et se contente de fourrer, de tuer et d'utiliser des gadgets (genre c'est ça le Bond "classique")...

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Non.

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Je le trouve long pour être sur un seul ton, en fait

Un personnage a pas besoin d'être mal rasé pour être intéressant. On aurait pu avoir un Craig arrogant, sûr de lui, sûr de sa place au MI6, et que le film raconte quand même quelque chose. Pas besoin de trauma du passé ou de tests psychologiques ratés.

Le mec a mis deux épisodes à devenir le Bond installé, ça m'aurait intéressé de le voir évoluer au moins un film dans ce contexte là, de voir comment Craig montrait cette facette de Bond.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Bah j'ai l'impression que c'est le cas avec SPECTRE.

C'est pas parce qu'il y a des éléments du passé qui ressurgissent que c'est pas un Bond installé et sûr de sa place.

Cf. Alec Trevelyan.

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C'est surtout qu'il n'y a plus personne qui maîtrise la recette des vieux JB.
Je trouve que la volonté de relire JB (et tous les personnages et séries du même style) à la sauce moderne, à coup de thématiques et de nouvelles origin stories, est plutôt un aveu d'échec. Les films actuels se cachent de plus en plus derrière ça pour masquer leur dramaturgie pauvre. C'est signe d'un énorme manque de culture des scénaristes actuels, complètement coupés de ce qui a nourri le cinéma pendant ses premières décennies. Quand je lis des interviews de scénaristes, je vois qu'ils ne se rattachent qu'à la production des 40 dernières années, et qu'ils retiennent surtout ce qui est à la surface des choses. Si Nolan tire son épingle du jeu, c'est justement parce que lui a la culture classique suffisante pour que ses films dépassent la relecture superficielle. Derrière les ornements, il y a des murs solides, il y a des fondations.
Concrètement je pense qu'il y a un public qui veut un JB classique, à la Sean Connery mais dans un univers moderne, avec des références modernes, sans références pourries vers les 60's, mais puisque personne n'est en mesure de faire ça, de créer de vrais méchants sans problèmes avec leur papa ou leur maman, de mettre en scène un vrai héros, dans une structure travaillée sans trous et sans bullshit, alors ce public se tourne vers les films qui saupoudrent le vide d'idées "neuves", de nouveaux principes ou concepts qui sont pour moi des leurres cache-misère.

Le truc du "problème avec leur papa ou leur maman", c'est juste le moyen pour traiter quelque chose de plus fondamental.
Skyfall utilise les origines de Bond mais pour parler de ce qui FAIT (entre autres choses) le perso et la saga (la résurrection), pour parler de sa place dans le monde moderne justement. Je préfère cette profondeur à "la recette des vieux JB" ou un Bond "classique".

Surtout quand ça ne me paraît pas incompatible avec un blockbuster fun.

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Le problème, pour revenir à quelque chose de plus simple et de plus concret, c'est que j'aurais aimé savoir ce qui s'est passé entre QoS et SKYFALL.
J'ai envie de savoir pourquoi Bond, qui vient à peine de trouver sa place, choisit de partir AWOL dès les 10 premières minutes du film. Y a des justifications dans le film, mais émotionnellement il manque un truc, ça va trop vite.

J'ai l'impression que le gap de 4 ans entre les deux films les a poussé à aller trop vite sur l'évolution du personnage comme pour rattraper le temps perdu, et du coup SKYFALL a une gueule de 4eme épisode.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Oui mais je pense pas que traiter un thème "fondamental", frontalement, avec quelques dialogues et plans bien signifiants glissés dans l'action plus classique d'un blockbuster soit le meilleur moyen de donner une profondeur morale aux personnages.
Ça passe dans les films de super-héros qui sont souvent des films initiatiques (comme First Class ou les Batman de Nolan), mais l'univers de James Bond ne peut pas tourner exclusivement autour de James Bond, surtout à mesure qu'on progresse dans l'échelle des enjeux. Que Bond fasse une affaire personnelle de la mort de Vesper, ok, que chaque super-vilain soit son ennemi fratricide et que la patronne du MI6 soit sa mère de substitution, ça commence à faire beaucoup et ça rétrécit l'univers. Or je pense justement que le propre de la franchise, c'est le mélange d'un contexte d'espionnage "réaliste" et du gigantisme de l'univers et de ses enjeux : James Bond a toujours décrit un univers géopolitique froid et cynique, où les motivations personnelles des personnages (vengeance, sentiments, etc ; souvent portées dans les premiers films par le personnage féminin) son écrasées par des enjeux plus larges. C'est ce qui arrivait à Bond dans Casino Royale, et c'est ce qui faisait la force du film, et Quantum faisait office de parenthèse exceptionnelle permettant à Bond se satisfaire sa vengeance et de revenir à ses affaires plus sérieuses. Dans Skyfall l'enjeu personnel ne s'oppose plus à l'enjeu global, il se substitue à lui complètement, tous les personnages importants sont unis par des liens quasi-familiaux, ce qui vide tout l'univers alentours de son contenu (les décors très beaux mais désincarnés, le méchant improbable et un peu fourre-tout, l'incohérence totale de son plan). Je peux éventuellement comprendre qu'une franchise aussi ancienne s'autorise ce genre d'expérimentations, mais dans SPECTRE, qui ressuscite l'organisation la plus emblématique du gigantisme de l'univers bondien, reprendre la même structure dramatique serait du gâchis.

Totalement d'accord avec ça

J'aurais aimé lire les réactions sur ce forum à l'annonce de Moonraker.

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N'écoutez pas Film Freak

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Mwahahahah.

lol le mec qui s'est fait chier...