Forum de FilmDeCulte

En attendant que sa carrière décolle, Lance travaille dans un hôtel, officiellement comme homme à tout faire, officieusement comme gigolo. Sa collègue Lisa n'a d'yeux que pour lui, qui la dédaigne. Aussi loue-t-elle au vidéoclub tous les films dans lesquels il fait des apparitions. Dans une chambre de l'hôtel, Lance découvre le script rédigé par Clara pour un prochain téléfilm, inspiré d'une histoire vécue avec son frère décédé, et laisse un CV.

Truc bien chelou, qui pue les années 80 et le cinéma arty nord-américain (ça lorgne terriblement sur l'Europe dans ses choix de direction d'acteur et de mise en situation), avec une galerie de personnages tous plus détestables les uns que les autres, tous profondément égoïstes et enfermés dans leur monde intérieur.

Et pourtant, j'ai trouvé ça pas mal du tout, parce qu'Egoyan filme ça avec une ironie et une distance théorique (tout le rapport méta à l'image et à la vidéo, qui en fait un film assez précurseur à ce niveau-là) qui permettent de regarder ce monde si laid sans qu'on se sente obligé de le juger : aux yeux d'Egoyan un mariage et une orgie, c'est finalement la même chose, et ses personnages traversent ça comme des fantômes.

L'ensemble se regarde avec un petit ricanement en coin, et même si ça reste limité et que c'est difficile de toucher à l'universel quand il filme une médiocrité si crasse et vide de sens, Egoyan parvient à créer quelque chose de singulier, un univers qui se questionne plus qu'il ne se dévoile.

Bref, c'est pas inintéressant, et je verrai avec plaisir les films plus réputés du mec.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Le style d'Egoyan que tu décris dans ton texte, c'est celui de sa première période (84-94) qui est représentée par ses 6 premiers films, et qui se clot en beauté avec Exotica. Bien aimé The adjuster également dans cette période. Ca ne veut pas dire que tu ne vas pas aimer ses films après mais attends toi à des choses très différentes. De beaux lendemains, qui suit cette première période, est paradoxalement le sommet de son oeuvre et le moment à partir duquel le cinéaste va lentement entamer sa descente aux enfers. Le film qui illustre bien cette chute de niveau, est Adoration (2008) qu'on pourrait rapprocher de ses débuts mais à la vision duquel on se dit que la mécanique est définitivement grippée. Evite surtout ses films à partir de 2010, c'est soit du médiocre soit du juste passable.

Idem, à part que je n'aime pas Exotica. Avant, c'est très bien (The Adjuster, Familly viewing, Calendar...), et après le sommet De beaux lendemains, c'est la chute (du moins de ceux que j'ai vus).

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Grosse grosse chute oui, ses derniers sont atroces.

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CroqAnimement votre

J'ai déjà pas du tout aimé De Beaux Lendemains (bon bien sur ça aurait toujours pu être pire avec un scénario pareil...).

Ouais gros mélo bien dégoulinant même si je sais qu'il y a des fans. Vous me rendez curieux sur les premiers (d'ailleurs le cinéma canadien n'a-t-il pas toujours eu cet aspect pas hollywoodien).

Les premiers, tu as un aspect un peu zarbi qui sortent ses films du lot. Dans ses récents, tu retrouves un (tout petit) peu ce style avec Adoration mais en raté. C'est là que tu mesures sa chute. De beaux lendemains est vraiment une cassure par rapport à ces premiers, donc tentes les tu vas peut-être les aimer. En priorité Exotica, réputé comme son meilleur de cette période, ou The adjuster.

Le sommet, c’est Exotica.

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There is no such thing in life as normal

Oh que oui, revu récemment, c'est éblouissant.

J'adore Exotica mais il y a match.

Première période Egoyan, celle des écrans, de l'image et des illusions, ritournelles du cinéaste qui se répète déjà mais parvient, par une atmosphère froide et hypnotique et une actrice angulaire et FridaKahlienne (Arsinée Khanjian), à imposer un regard prometteur. Jusqu'à De beaux lendemains, Egoyan, c'est vraiment pas mal.
4/6

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