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MessagePosté: 07 Fév 2015, 13:44 
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Castorp a écrit:
C'est le pendant français de Sex and the city et des films de Nancy Meyers.


C'est pas faux (même si ça semble plus viser les comédies Appatow dans les intentions), mais ça parait nettement plus irritant avec le volet "français" en prime... comme souvent :mrgreen: La scène finale dans la boite de Demoustier là...


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MessagePosté: 07 Fév 2015, 13:45 
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Léo a écrit:
Dans Les Petits Mouchoirs, c'était une donnée scénarisée: la maison appartenait au personnage de Cluzet, qui était le friqué de la bande (et le plus vieux) et qui payait toujours tout pour tout le monde.

Ça n'excuse pas grand chose mais on peut le prendre en compte.


Ah mais y a pas à excuser ou pas, les gens filment ce qu'ils veulent. Ce qui me surprend c'est un peu ce point de vue inhabituel. La séquence avec le guitariste qui vient jouer et qui est filmé comme alien (alors qu'il est lui-même une caricature de bohème vue depuis une classe aisée...). Ça me rappelle aussi, dans Au bout du conte, la séquence avec Jaoui-Bacri qui font un tour en voiture dans les zones dangereuse de Paris en mode "attention séquence tendue", et qui en fait se ballade entre Pigalle et Place de Clichy.

C'est vrai que c'est bizarre que ça gêne. On devrait pouvoir investir une classe sociale élevée sans la culpabiliser d'emblée. Je me demande si ça vient des films ou de nous.


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MessagePosté: 07 Fév 2015, 14:08 
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C'est surtout l'idée et la représentation que donne le film de ce monde friqué qui a l'air de se penser très commun voir unique, ne s'interroge jamais : pourtant le héros fait des clips publicitaires, Demoustier est dans une agence, le "nouveau" meilleur pote est banquier, le perso de Chiquri revient des USA pour ouvrir un resto grand standing... Il y à chaque fois l'idée qu'il n'y a rien presque d'autre que ce petit monde qui existe (à part les délires du beau-père peut-être), et que ce serait une sorte de cadre "moyen" d'existence : ce n'est jamais décrit comme élément sociologique, la forme elle-même est finalement assez proche du passe-partout beauf d'un Onteniente. Payet y reprends un peu tout le côté humour "normatif" de ses spectacles, à bases d'éléments vaguement immatures, qui jouent sur le registre de l'identification, du "tellement vrai"... Alors que son univer déborde de privilèges.


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MessagePosté: 07 Fév 2015, 14:16 
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Mr Chow a écrit:
C'est surtout l'idée et la représentation que donne le film de ce monde friqué qui a l'air de se penser très commun voir unique, ne s'interroge jamais

Je vois, et je pense qu'effectivement une partie du gêne est là, mais le problème est qu'il est aussi activement demandé, à un certain cinéma d'auteur tourné vers les classes populaires, de les filmer autrement que comme représentants de leur classe sociale, d'avoir autre chose à raconter que l'enjeu lié à leur classe sociale. C'est là où je m'interroge : pourquoi j'irais demander le contraire à une classe sociale haute ?

Léo a écrit:
Il est évident qu'il y a dans la comédie française, depuis un petit bout de temps déjà, une obsession pour le fric qui est dégueulasse

C'est peut-être le problème oui, mais alors je suis troublé d'être gêné par une position idéologique.


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MessagePosté: 07 Fév 2015, 14:26 
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Tom découvre qu'il existe dans ce monde tout un ensemble de gens qui ne produisent rien, ne servent à rien, sont incompétents mais occupent des postes qui n'exigent aucune espèce de compétence, vivent au travers du prisme fric-médias-moraliste-Facebook-twitter, avec une conscience du monde proche du néant, et sont très grassement payés pour mener cette vie et en faire la propagande. Et que ces gens, qui disposent d'un pouvoir indécent, font parfois du cinéma.

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MessagePosté: 07 Fév 2015, 14:34 
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C'est pas tellement le problème de ce qu'eux (les réals) ont à "produire", car on peut alors juger leur geste sur des critères non-idéologiques, qui sont ceux de la critique cinématographique. J'ai aucun gêne à penser que les trois films évoqués (pas vu le Payet) sont pourris.

Mais la question est plutôt celle du milieu qu'ils filment, qui ne devrait pas être tabou (au sens : uniquement abordable dans une logique de dénonciation) et où, en l’occurrence, les personnages ne sont pas improductifs, ce ne sont pas des rentiers. Le perso de Cluzet dont on parlait est médecin... On peut à la limite juger que leur obsession du fric, parce qu'elle n'est pas remise en question (on en revient donc au regard des cinéastes), ou alors remise en question tellement naïvement ("l'argent est pas le plus important dans la vie en fait") que ça en devient déplacé, est problématique. Mais reprocher à ces films de ne pas être des films réfléchissant le statut social de leur personnage, où leur reprocher de ne pas remettre leur situation matérielle en perspective, je trouve ça zarb : c'est imposer un sujet.

En fait faudrait poser la question autrement : est-ce qu'on a des exemples de films évoluant dans ce genre de milieux sans faire du milieu un enjeu ? Despleschin (mais y a un côté bohème malgré les bourgeois, le fric est loin...) ? Rohmer (mais idem, les préoccupations sont autres) ?


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MessagePosté: 07 Fév 2015, 14:59 
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Tu ne m'as pas compris. Ce que je sous-entendais, c'est pourquoi voudrais-tu les filmer autrement que dans une logique critique ? L'art n'a pas sa place dans ce milieu (il n'y existe que comme produit culturel).
Et le problème n'est pas tant les films sur ce milieu que les gens de ce milieu qui font des films sur le reste.

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Dernière édition par The Scythe-Meister le 07 Fév 2015, 15:18, édité 1 fois.

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MessagePosté: 07 Fév 2015, 15:07 
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Y a peut être aussi le fait que ça fait rêver les spectateurs ces personnages qui sont riche sans rien faire.

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MessagePosté: 07 Fév 2015, 16:01 
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Schtroumpf sodomite
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Non, le problème c'est le manque total de conscience du monde de la part des gens qui font ces films, et qui se retrouve dans cette représentation des choses - et pour le coup c'est une question purement cinématographique.
Payet et les autres, quand ils incarnent cette classe, ne l'incarnent pas en tant que telle mais s'imaginent représenter la classe moyenne et ses problèmes auxquels ils substituent leurs petits tracas sentimentaux sans intérêt. Ca ne fait pas rêver le spectateur, ça l'exclu totalement de la carte.

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MessagePosté: 07 Fév 2015, 16:41 
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L'impertinent pertinent
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Je pense plus simplement que les scénaristes et les cinéastes ne veulent pas écrire ni filmer leurs personnages au travail... pensant d'ailleurs (et peut-être à juste titre) que les spectateurs ne vont pas au cinéma pour voir des gens travailler.

Du coup il faut filmer ces personnages dans leur temps libre, et il doit leur arriver plein de trucs... alors autant en faire des gens avec un boulot libéral, aux horaires variables, aux rendez-vous qu'on peut annuler à la dernière minute en appelant sa secrétaire sur un bouton, etc. Bref, des gens qui ont de l'argent, une situation, aucune galère d'appartement, ni pour sortir le soir, ni pour garder les enfants.

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MessagePosté: 07 Fév 2015, 16:46 
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Tetsuo a écrit:
Payet et les autres, quand ils incarnent cette classe, ne l'incarnent pas en tant que telle mais s'imaginent représenter la classe moyenne et ses problèmes auxquels ils substituent leurs petits tracas sentimentaux sans intérêt.

Ok, mais dans ta configuration, leur classe doit obligatoirement être un sujet - là, la nullité de leurs tracas sentimentaux fait qu'on regarde ailleurs, mais j'ai bien du mal à croire qu'on ne pourrait s'identifier à une histoire d'amour ayant lieu dans ce milieu là. On en revient aux films de Nora Ephron, où ça ne m'a jamais semblé être un souci (qu'on aime ou pas les films)...

Pour rejoindre ce que tu dis d'une autre façon, le problème est peut-être dans ce que ces films français racontent, justement : le problème viendrait du fait que, en mettant en avant des questions de réussite, ou de problèmes liés à l'argent, ces films mettent du coup malgré eux le sujet (leur classe) sur la table, et c'est là que leur aveuglement (le fait de ne pas avoir conscience de soi en tant que classe) commence à être dérangeant. Pour revenir à Rohmer ou Despleschin, qui filment généralement des bourgeois, ces questions (réussite, fric) n'étant pas le sujet, les personnages sont définis autrement que par leur classe, et le truc passe mieux.


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MessagePosté: 07 Fév 2015, 16:53 
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Z a écrit:
Je pense plus simplement que les scénaristes et les cinéastes ne veulent pas écrire ni filmer leurs personnages au travail... pensant d'ailleurs (et peut-être à juste titre) que les spectateurs ne vont pas au cinéma pour voir des gens travailler.

Du coup il faut filmer ces personnages dans leur temps libre, et il doit leur arriver plein de trucs... alors autant en faire des gens avec un boulot libéral, aux horaires variables, aux rendez-vous qu'on peut annuler à la dernière minute en appelant sa secrétaire sur un bouton, etc. Bref, des gens qui ont de l'argent, une situation, aucune galère d'appartement, ni pour sortir le soir, ni pour garder les enfants.


Pour le coup on les voit pas mal au travail ici je trouve, jusqu'au clip de "reconquète" qui est un élément du film, même si le côté free-lance de Payet aide. Sinon Rohmer par exemple n'aimait effectivement pas montrer ses personnages dans leur travail, ou juste leur à côté, mais filmait avec cette idée de la même manière un postier, une secrétaire ou une coiffeuse autant qu'un patron de boite, un étudiant, politicien ou un dandy... Au-delà je ne vois pas en quoi la galère d'appartements, etc... devrait bloquer la potentialité du cinéma ou le fait qu'il peut "leur arriver plein de trucs", même dans une comédie. Après Payet parle sans doute de son monde en toute sincérité, le film doit refléter sa vision de la réalité (genre aussi on fait les cons dans un musée en faisant des photos débiles sur portable comme des gamins attardés, faut faire "cool" dixit la séquence), mais c'est peu de dire qu'il y a une mentalité qui me déplait fortement...


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MessagePosté: 07 Fév 2015, 16:59 
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Sir Flashball
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Tom a écrit:
Pour revenir à Rohmer ou Despleschin, qui filment généralement des bourgeois, ces questions (réussite, fric) n'étant pas le sujet, les personnages sont définis autrement que par leur classe, et le truc passe mieux.


Oui, Despleschin filme des connards, comme un connard.

Pardon.
Tom a écrit:
On en revient aux films de Nora Ephron, où ça ne m'a jamais semblé être un souci (qu'on aime ou pas les films)...


Chez Ephron je sais pas (aucun souvenir de ses films), mais chez Meyers, je ne vois que le fric, tout le temps, partout. C'est vraiment un cinéma de merde, qui ne se préoccupe de rien d'autre que d'intérieurs luxueux en cuir et de maisons de campagne près de la mer.

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MessagePosté: 07 Fév 2015, 17:04 
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Castorp a écrit:
Oui, Despleschin filme des connards, comme un connard.

Pardon.

lol oui, sortir Despleschin face à toi ou Tetsuo, c'était pas la meilleure carte à jouer...

Sur Nancy Meyers, j'ai en effet un souvenir assez abominable de The Holiday, mais plus parce que c'était horriblement nul et plat, je sais pas si c'était tant lié que ça au spectacle du confort moderne (même si y avait clairement cette dimension là). Ephron, de souvenir, ça se déroule dans ce milieu mais y a justement rien de scandaleux (et peut comme Comment savoir, pour prendre un exemple plus récent et plus admiré).


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MessagePosté: 07 Fév 2015, 17:09 
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Tom a écrit:
Mais la question est plutôt celle du milieu qu'ils filment, qui ne devrait pas être tabou (au sens : uniquement abordable dans une logique de dénonciation) et où, en l’occurrence, les personnages ne sont pas improductifs, ce ne sont pas des rentiers.


Ah mais ce n'est pas un tabou, le film est lui-même le produit d'un milieu qu'il ne décrit même pas mais dont il est une expression simple en fait, c'est d'autant plus facile de s'en prendre au dit milieu...
Nora Ephron c'est différent de Nancy Meyers oui, même si "You've got mail" c'est bien plus lisse sociologiquement que "The little shop around the corner" ; "Michael" ou "Quand Harry rencontre Sally" sont plus dans une optique de professions intellos, les héros gravitent autour de la politique et du journalisme, c'est un peu différent je trouve de la pub et de la com ici, juste pourvoyeur de belles images, de beaux montages, d'entreprises high tech, de réceptions et fêtes où tout le monde est bien habillé...


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