Je pense que c'est ça : Edito du n° 433, Mars 2013, mais Iron man 3 en couv
ÉTAT DE SIÈGE
Il y a deux mois, profitant de la sortie du Hobbit de Peter Jackson, les cinémas Gaumont Pathé ont lancé un nouveau concept de salles « premium », baptisé Pathé+. Écran plus grand, projection 4K, son Dolby Atmos, possibilité de choisir son siège à l'avance, meilleure assise, plus de place pour les jambes... Un rêve pour les cinéphiles, mais qui a un prix : de 1 à 3 euros en plus selon le fauteuil que vous choisirez. Gaumont Pathé parle de « retours très positifs » de la part des spectateurs, pendant que La Croix annonce en titre un « confort à deux vitesses ». Sur le Net et les réseaux sociaux, les consciences s'échauffent, on lit des appels au boycott, tandis que certains craignent que ce nouveau dispositif ne devienne la norme. La salle Pathé+ serait-elle le cheval de Troie visant à augmenter le prix de toutes les places dans quelques années ? Un encouragement odieux à l'inégalité ? Arrêtons la parano et évitons de monter aussi vite dans les tours. Le réseau Gaumont Pathé a été l'un des premiers à s'équiper en numérique et à construire des salles Imax, tirant constamment le parc des cinémas français vers le haut. Ils ne mentent pas lorsqu'ils disent vouloir améliorer l'expérience du public et le prouvent depuis des années. Signalons par ailleurs que le système des salles « premium » existe déjà à l'étranger, où personne ne s'en est offusqué alors qu'il va pourtant beaucoup plus loin. En Australie, pour 25 dollars, on peut carrément voir les films en étant confortablement installé dans un canapé. L'un des cinémas les plus prisés de Los Angeles, les ArcLight, vend ses billets 2 dollars plus cher que les autres. Pour ce prix, les spectateurs peuvent choisir leur place, profitent de fauteuils plus spacieux et de conditions de projection optimales. Au lieu de devenir un symbole de la lutte des classes, ce multiplexe haut de gamme a juste fédéré un public cinéphile pour qui la qualité compte et que personne ne force à payer ce supplément. Doit-on se plaindre d'avoir le choix ?
MATHIEU CARRATIER Rédacteur en chef
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