Forum de FilmDeCulte

Je regardais le court métrage La Clôture de Tariq Teguia, et je me demandais sincèrement ce que je ratais chez Teguia, pourquoi est-ce qu'à chaque fois ça me tombe des yeux, comme on dit d'un livre ça me tombe des mains, quand tout le monde crie au génie.

Donc voilà, c'est une question aussi sincère que naïve : pourquoi c'est si génial Tariq Teguia? Qu'est-ce que vous trouvez de si fou dans l'espèce de youtubisme-tract de La Clôure? Dans le Fresnoytisme de Rome plutôt que vous? Dans le chiantisme formaliste d'Inland?

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Tu l'as revu Inland ?

non

(enfin j'ai revu ce qu'on vu ensemble et me suis fait chier pareil et arrêté pareil)

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Ca t'a rappelé ton époque punk.

C'est un film trop marqué au niveau des émotions !

c'est un film trop marqué au niveau soporifique

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Ecoute, pour avoir vu Inland, je comprend pas vraiment non plus.
Je vois quelques essais qui fonctionnent théoriquement, mais ça reste à cet état là, posé au milieu de films en soi assez pauvres. Zéro émotions, après je réessayerai sur un autre film, mais bon...

Connais pas ses courts-métrages.
Rome plutôt que vous c'est une belle purge, où tout est surligné et note-d'intentionnesque (attention, errance dans la ville désastrée qui ressemble à un labyrinthe à travers le pare-brise d'une voiture). Reste une séquence très forte dans un café investi par des flics.
Inland, c'est fabuleux, une claque visuelle (meilleure utilisation de la DV? sans doute, même Lynch fait pas le poids), émotionnelle, politique, ce que tu veux. Ca me fait chier qu'on le rapproche d'Antonioni vu que je n'aime pas Antonioni. Faut peut-être avoir connu le désert, la perdition, le maghreb, j'en sais rien, en fait Inland si tu essaies de le juger sur des critères basiques de critique de cinéma, forcément ça paraît pas top, alors que c'est une vraie "expérience sensorielle" (terme relou mais la flemme de développer), et non un simple film politico-social (qu'il me semble qu'on attend plus ou moins tous d'un film algérien contemporain). C'est normal que tu n'aimes pas (ZAD), car c'est dans la lignée de quelques films récents que tu détestes ou ne comprends pas (les GVS, Gallo, Malick, aussi Mulholand Drive ou Uzak, tout ça...)

Inland en pire.

Non sérieusement, je préfère mille fois le Lynch.

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VADE RETRO - Une histoire du cinéma d'horreur

Mmmmhhh ?
Tu veux dire quoi par là ? C'est pas forcément pour attaquer le film, mais bon...

Il s'agit peut-être aussi de saisir ce que tu vois au-delà du cadre(comme vue historique?), en l'occurrence ici le désarroi de la jeunesse algérienne, la vie sans travail, le "dégoûtage", les hittistes, la violence des groupes islamistes, etc. Pour toi, entendre cette protestation ne veut rien dire, ce cadre d'oppression(La clôture) est ennui, pas fun, pas sexy. Je comprends.
On peut rapprocher La Clôture avec un film de Malek Bensmaïl, Aliénations, qui montre la souffrance mentale, le malaise de la société: "Evoquer aujourd'hui l'Algérie à travers le prisme de la souffrance mentale c'est soulever en contrepoint des images médiatiques, les énormes problèmes de ce pays(et du Maghreb), en regard des bouleversements socio-culturels et politiques, de la récession économique, du traumatisme des attentats et des massacres, de l'explosion démographique, des tensions et agressions psycho-sociales, de la crise identitaire... Autant de facteurs de risque pour l'équilibre mental de l'algérien."
Malek Bensmaïl dit: "en contrepoint des images médiatiques", comme anti-spectacle capable de nous désaliéner de l'aliénation spectaculaire majeure, dit Jean-Louis Comolli(dans l'extrait que j'ai mis en ligne sur le forum de Careful), "comme infiltration de quelque chose de réel dans les images et les sons des représentations".
Pour prendre un autre exemple, est-ce que Le dos au mur de Jean-Pierre Thorn s'intègre davantage dans ce que tu ne rates pas? ou les films de Pierre Carles sur le travail désocialisé?





La clôture





Inland

Alors là aucune idée.
Faut demander ça au Gerry qui rentre tout bourré chez lui à 4h du mat' et décide d'écrire des conneries avant de se coucher.

René Vautier (qui a fait des films très engagés sur l'Algérie, une oeuvre unique dans la production française) interviewait un scientifique dans Marée noire, colère rouge, qui expliquait que la pollution d'hydrocarbures imprégnait le littoral pour des dizaines d'années, et en contrepoint de cette catastrophe qui est montrée, Vautier parle de la pollution mentale à l'oeuvre dans les médias télé et radio qui minimisent l'événement, voire même barrent le réel... De façon comparable, pour répondre à cette question "pourquoi Tariq Teguia?", la pollution mentale du cinéma américain comme marée noire sur les cerveaux paraît verrouiller l'accès à ce que Solanas appelait le "tiers cinéma".

alors là c'est épatant cette attaque personnelle soudaine, incompréhensible qui plus est, voilà que je cherche un cinéma fun et sexy et qu'une parole de révolte m'ennuierait! Je ne sais même pas quoi répondre tant j'ai l'impression que tu t'adresses à quelqu'un d'autre que moi. Les 13 minutes finales des Dragons te renseigneront je pense sur mon rapport à une parole de colère... Et quant à considérer qu'un film qui recueille une parole différente, ou une parole rare, suffirait à en faire un grand film, je ne suis pas d'accord. J'ai besoin que la transmission de cette parole doive venir par le cinéma, j'ai besoin de sentir que ça ne peut venir que par le cinéma, j'ai besoin de ne pas me dire qu'un article ou un livre vaudrait autant, sinon mieux. (Aliénations justement, je trouve ça sans forme et raté, alors que le "fond" est passionnant)

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lol, bah je reposerai la question un autre soir en conditions !

Elle est très intense cette parole dans La Clôture, et elle ne se jette pas au hasard sur la caméra dans une mise en scène sans forme, Tariq Teguia s'en est d'ailleurs expliqué dans un entretien avec la Revue Dérives, tu as dû lire: "Ils jouent quasiment tous. Tous ces moments face caméra, c'est clappé, refait..."
Concernant Aliénations, pourquoi surajouter des effets de mise en scène?, alors que le fond est passionnant comme tu le dis, comment tu arrives à trouver le fond passionnant en pensant que la forme est ratée?!?