Forum de FilmDeCulte

(il n'y a pas encore d'affiche et la photo d'exploitation cannoise est horrible)

c'était extremement original !

un film sur la construction de la grande arche de la défense.
il y a un petit angle particulier : l'architecte choisi était inconnu au bataillon, pas du tout dans le game des grands cabinets et des réseaux.
mais le coeur du film, c'est la construction de la grande arche, de l'appel d'offre à...

c'était trop bien. de base ça ne m'intéresse pas spontanément, et au final c'était passionnant.
il y a l'aspect politique de traité : les grands travaux de mitterrand. michel fau l'incarne dans une prestation délicieusement moqueuse et subtilement respectueuse. un immense monarque, avec une vision et du goût, et extremement dispendieux. alors il y a ces dépenses insensées d'un côté, la réalité qui les rattrape de l'autre, et malgré tout un goût du beau, du grand qui nous a bien quitté depuis. au final, en creux, ça interroge plein de choses et ça dit plein de choses, c'est passionnant - en plus d'être blindé de petites anecdotes, de bien montrer les rouages de l'état, et d'être souvent très amusant.
il y a le portrait génial de cet artiste. il est à la fois un artiste audacieux, intransigeant, exigeant, qui s'affirme et n'a pas peur de s'opposer. on pense forcément à un james cameron ou ce genre de personnage, et c'est évident que ça donne des gens impressionnants et des oeuvres potentiellement exceptionnelles. mais ça donne aussi un mec un peu insupportable, déconnecté de la réalité, borné, et quand on n'a pas vraiment les moyens de ses ambitions et qu'on n'arrive pas à transiger sur le nécessaire bah... le portrait humain du mec est hyper bien fait et respecte sa complexité, et ça en fait aussi un film sur l'art, les artistes, l'argent dans l'art, les artistes vs la réalité, c'est passionnant.
et ça parle d'architecture. on voit ce milieu si impressionnant et si particulier. on voit et on refléchit sur l'urbanisme, les grands projets, l'organisation de notre vie commune à travers les batiments. il filme les matériaux, les visites aux fournisseurs - (j'ai raté the brutalist) et autant j'avais déjà un peu vu ça dans des films sur la mode mais comme ça c'était de l'inédit et j'ai adoré j'ai trouvé ça passionnant - les 20 minutes pour le choix du marbre c'était du porn.

c'est aussi filmé dans un très beau 4/3, il y a birgitt de borgen et c'est une joie, le cosplay jacques-henry jacquard de xavier dolan était tout à fait incongru, c'était vraiment trop bien de voir un projet aussi original en france, et qui ne se la pète pas.

du coup ça m'a saoulé de ne pas avoir plus aimé que ça borgo parce que stéphane a fait 1 film sur une histoire judiciaire marécageuse, 1 sur la corruption à bas bruit des agents publics, et celui-ci qui m'a vraiment touché pile sur des boutons de mon cerveau dont j'ignorais la présence alors ça devrait vraiment être mon super pote.
mais c'était une merveilleuse surprise et il prépare le tournage très proche de son prochain film, alors que celui-ci sort le 5 novembre, donc il est en feu, et c'est chouette.

ce sera du porn pour qui-gon également, la grosse régalade.

Je savais pas que ça parlait de ça, ça a l'air génial effectivement.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

J'ai préféré ce film au Brutalist pour tout ce que tu as dit.

Histoire dingue, scénario au cordeau. Franchement c'est le film dont je ne comprends pas l'absence en compét. Pourquoi Fuori et pas celui-là ? (c'est le même distributeur, c'est pour ça que je dis ça).

Le projet m'intriguait déjà sur le papier et la bande-annonce n'a fait que me chauffer davantage. Forcément, un film sur un artiste et son art, avec tout ce que ça comprend de politique, et tiré non seulement d'une histoire vraie mais carrément d'un édifice-phare du pays voire de la ville que j'habite, construit de mon vivant, et raconté avec une intensité dépareillant du docu-fiction que ça aurait pu être? Sign me up!

Vraiment, j'admire l'audace du projet et de la démarche de faire un film sur des coulisses dont potentiellement tout le monde se fout. Je me demande si le film a été difficile à monter, vu le sujet qui ne se consacre pas non plus à un événement capital, vu le protagoniste antipathique...et surtout avec cette absence totale de troisième acte.

Tout le long, j'ai trouvé le scénario franchement réussi. De l'incongruité de cette victoire qui lance un projet commandé par un Président à la fois écrit et joué comme un roi qui se présente plus averti qu'il ne l'est (la scène du marbre), mais que l'on ne peut que louer pour cette ambition culturelle (les destins croisés avec les Pyramides du Louvre), jusqu'à l'intransigeance continue d'un artiste avec une vision sans cesse appelée à être compromise par ses collaborateurs et l'argent et le capitalisme (et parfois la sécurité) avec laquelle je ne peux que m'identifier. En effet, on peut remplacer l'architecte par le réalisateur et le maître d’œuvre par son producteur et l'analogie se fait d'elle-même et forcément, ça me parle sauf qu'ici c'est amplifié à la taille, bah, de l'Arche de la Défense.

Je suis également réceptif à tout ce fétichisme des années 80. Et je parle pas des années 80 pop/fluo/coiffures ringardes qui reviennent en mode depuis maintenant 20 ans mais des vraies années 80 de mon enfance, brutalistes, anguleuses, grises et brunes et qui paraissent rétrofuturistes aujourd'hui (le passage à Roissy titille mon kink Giscardpunk de ouf). Demoustier ne surfait jamais la reconstitution d'ailleurs tout en faisant état d'un sens aiguisé de la temporalité, de l'époque.

Je suis moins friand de sa mise en scène relativement austère, avec finalement assez peu de mouvements, presque aucun plan qui ne soit pas parallèle au sol, engoncé dans ce 4:3 (je me suis demandé si c'était le même ratio que le Cube mdr). Il me manque un peu d'emphase, un peu plus de tension. J'ai l'impression que le cinéaste se le refuse délibérément et c'est pas une esthétique qui me parle particulièrement.

Mais le plus gros souci, ça reste donc cette fin en queue de poisson. J'entends que c'est un peu the point en un sens, et que la sensation d'inachevé est à propos, mais par conséquent, il manque au film une évolution qui permette à la fin et au propos de land convenablement.

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C'est intéressant ce que tu dis sur le troisième acte, car je crois que c'est ce que j'ai le plus aimé dans le film et qui rejoint le côté méta : le refus presque harakiresque de donner aux spectateurs ce qu'il veut.

J'ai moins aimé l'écriture du personnage féminin, par contre.

Si j'en crois le carton d'ouverture, il est complètement fictif. Ça sent le "y avait pas de perso féminin dans l'histoire réelle alors on a gonflé celui de sa femme pour en faire sa partenaire".

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Oui et du coup chaque scène doit faire avancer l'histoire, cela se voit un peu trop. Alors que j'adore le perso de Swann Arlaud.

Le film passe dans quelle salle du MK2 Bastille côté Beaumarchais. Cosmo ?

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Aucune idée, j’irai le voir à Bercy.

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)

Le film avait en effet tout pour me plaire. Milieu politique des années 80s examiné dans ses rouages les plus minutieux, sujet ambitieux et méconnu traité par la petite porte, casting improbable dans le premier rôle.

D'ailleurs Claes Bang est excellent en démiurge qui n'a pas les moyens de ses ambitions et encore moins la stratégie nécessaire. Comment ne pas nous reconnaître en lui, "nous les créateurs" ? Bref, il survole le cast français (un peu triste par contre le panneau au début sur le rôle féminin...). Dolan est hyper bien, Swann Arlaud pas 100% convaincu, je le sens trop sur la retenue, et Fau incarne le corps mais insuffisamment la diction de Mitterrand, c'est dommage.

Ce qui me gêne, c'est que j'aurais aimé être dans quelque chose de plus habité et fiévreux, moins dans ce "cinéma du panoramique" mesuré et non-ostentatoire, qui ne me titille jamais. C'est con parce que l'ambition est là, les moyens pour le film aussi. Ca ne fait jamais cheap, super le tournage dans le vrai Elysée d'ailleurs ! Et les effets spéciaux sont parfaits. Donc bilan favorable mais malheureusement pas extatique.

PS: il y a douze logos au début du film.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

ça veut dire quoi, le douze logos ?

Sinon à votre avis, quel est le budget ?

Ils ont tous un logo maintenant, et t'obligent contractuellement à les placer en tête des copies ciné... Je sais pas trop ce qui a changé, mais c'est en pleine explosion.

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I think we're gonna need a helmet.

Je me doute bien qu'on n'a pas le choix, mais je me demande toujours pourquoi on décide pas d'habiller cette minute de logo avec... la zik du film. Histoire de faire monter la sauce comme outre-Atlantique.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Techniquement, tous les logos sont sur une "bobine" 0, totalement à part du film, et sont généralement envoyés à la dernière minute.

De ton côté, si tu veux les intégrer, il faudrait s'y prendre très en amont, savoir exactement combien de cartons et la durée de chacun, et demander l'autorisation pour chaque (et tu penses bien que France 2, Netflix ou les régions ne verraient pas ça d'un bon œil, puisque leur logo > ton film de merde).

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I think we're gonna need a helmet.

(A ma connaissance, "La loi de la jungle" de Peretjatko est le seul film à avoir pris en compte et tourné en dérision ce pré-générique interminable des logos)