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MessagePosté: 30 Mai 2025, 16:54 
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Sergio voyage dans une métropole d'Afrique de l'Ouest pour travailler comme ingénieur environnemental sur la construction d'une route entre le désert et la forêt. Il se lie à deux habitants de la ville, Diara et Gui, dans une relation intime mais déséquilibrée. Il apprend bientôt qu'un ingénieur italien, affecté à la même mission que lui quelques mois auparavant, a mystérieusement disparu.

8 ans depuis son dernier long (c'est beaucoup), film le plus long de Cannes 2025 (3h30), très lâche dans sa narration, capable d'ouvrir certaines pistes sans jamais nous en montrer les conséquences (cas emblématique de l'ingénieur italien que Sergio est venu remplacer, le souvenir de sa disparation est parfois agité comme une menace à son encontre, mais ça n'ira jamais beaucoup plus loin que cela), elliptique un peu à la manière d'un de Oliveira, ou plutôt à l'inverse d'un de Oliveira qui lui ne se concentre que sur les moments forts du récit et relègue les transitions à de simples cartons, quand Pinho ne semble s'intéresser qu'aux à côté du séjour de Sergio à Bissau. Probablement parce qu'au lieu de se concentrer sur ce que c'est que de travailler pour une ONG dans un pays en développement (sort que Pinho règle de manière cinglante avec la visite des latrines récemment installées dans un village reculé, où le personnel occidental semble avant tout préoccupé de recevoir les remerciements de la population locale), c'est le parcours initiatique de Sergio dans cette contrée inconnue qui l'intéresse, arrivée par une route d'une rectilignité infinie pour finir dans les méandres d'un fleuve que l'on ne peut parcourir qu'à la pagaie et qui pourrait presque faire penser à Apocalypse Now, sauf qu'ici il n'y a pas de Kurz ni de mal absolu à combattre au bout du chemin.

Formellement moins aventureux que son précédent L'Usine de rien qui ne craignait pas les brutales ruptures de ton et son incursion impromptue dans la comédie musicale, avec ses messages parfois un peu trop appuyés sur les relents post-colonialistes des activités des ONG dans les ex-colonies européennes (bien sentis mais évident, je n'ai généralement pas été convaincu par un verbe qui ne faisait que redoubler l'action que se passait à l'écran), c'est avant tout dans l'ampleur du regard de Pinho/Sergio sur la Guinée Bissau que le film brille, avec ses pas de côté quasi documentaires qui nous/lui permet d'être véritablement à l'écoute de sa population, y compris ceux qui en sont le plus à la marge, et le lâcher aller de son personnage principal prêt à toutes les expérimentations, y compris (voir surtout) sexuelles. Après mes premiers rattrapages assez calamiteux de la compétition officielle (pensée pour Déjà-Vu qui en a vu 11 et pour ainsi pas un seul vraiment bon), confirmation qu'à Cannes c'est plutôt du côté des sélections parallèles que l'on peut trouver son bonheur.


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MessagePosté: 30 Mai 2025, 18:09 
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Antichrist
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c'était le film le moins aimé du panel du Film Français.


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MessagePosté: 30 Mai 2025, 18:11 
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Antichrist
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ah non, des notes ont été ajoutées sur le fil, très positives.


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MessagePosté: 30 Mai 2025, 18:15 
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Inscription: 30 Déc 2015, 16:00
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4 notes uniquement. Pour un panel plus fourni (duquel il ressort n°1 de 1 certain regard - j'exclue le Johansson qui n'a qu'une seule note).

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Et 14ème de l'ensemble de la compét ici.

https://cannes-ratings.org/


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MessagePosté: 30 Mai 2025, 22:05 
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Antichrist
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ah bordel je cherchais l'adresse de ce panel, merci.


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MessagePosté: 30 Mai 2025, 22:05 
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Antichrist
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Lol le premier qui classe immédiatement les critiques sur un plan politique. Surpris de la faible note moyenne du Dominik Moll.


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MessagePosté: 30 Mai 2025, 22:08 
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Antichrist
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"Sons of the Neon Night" (Juno Mak) Midnight 2.91/276

Ouch


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MessagePosté: 30 Juil 2025, 02:34 
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Inscription: 27 Déc 2018, 23:08
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Un type, ingénieur en BTP, adduction d'eau et /ou agronomie et maintien de la biodiversité fait 4500 km pour arriver en Guinée-Bissau, pête une Mercedes et manque de mourir de soif au fin fond de la Mauritanie ou Sahara Occidental pour se faire proposer un plan à trois par une jolie meuf, figure de la vie noturne locale, qui ne l'aime pas et chez qui il essaye de s'incruster, ce qui le traumatise tellement, que de coopérant, il devient après 4 heures touriste/backpacker.


Entre Tony Erdmann, Pacifiction et Raoul Peck.


Pour connaître un petit peu le milieu décrit, c'est bien observé (les ONG qui viennent avec des impératifs forts de protections environnementales qui peuvent appauvrir les populations africaines, capables sans elles de s'adapter aux crises environnentales et de comprendre le risque d'enclavement à l'échelle régionale -l'aide extérieur fige en fait les réalités sociales locales qui par leur dynamique, résistent,, la fascination érotique du coopérant pour les trois ou 4 premières personnes qu'il rencontre, dans le monde urbain de l'hôtel et des boîtes, qui se transforme, à mesure qu'il quitte l'univers des expatrié, en curiosité plus diffuse envers la société africaine, libre et ordonnée, la bourgeoisie locale, numériquement faible, donc constitutant un petit univers exposé aux histoires de coucheries et où les réputations se font vite et deviennent une forme de capital,, consciente du passé des guerres d'indépendance et du marxisme, mais localement dominante et sans doute peu appréciée - et principale bénéficiaire de l'aide et en même temps étouffée par celle-ci, car elle devrait investir elle-même le capital et réinvesitir la plus value, ce que l'aide fait à sa place, contradiction que les coopérants perçoivent souvent mal et renforcent.


Les liens entre coopération au développement et licence sexuelle ne sont pas non plus inventés par le film, plutôt en dessous de la réalité, même s'il est sur ce plan ambigu, à la fois frontal et conventionnellement érotique. L'histoire aussi de la route et de la réserve, et du fait que les parcs naturels penvent appauvrir économiquement des régions, est manifestement inspiré d'un problème classique qui se pose au Serengeti en Tanzanie, qui coupe la région du lac Victoria des ports et voies commerciales).
Mais je me suis quand-même un peu fait chier.
La mollesse (agaçante et peu crédible dans ce milieu) du personnage devient un peu McGuffin permettant de ne privilégier aucun point de vue, donnant un caractère mécanique au récit. Plus ramassé et modeste, le film aurait peut-être élu un vrai point de vue sur ce qu'il montre. Cela se sent dans le passage avec les contremaîtres portugais, dont le paternalisme et la violence rentrée sont à la fois le vecteur et la critique du racisme, et se neutralisent, ce qui laisserait une place aux Africains, idée un peu facile.

Le personnage du capitaliste local
qui est soit le dindon de la farce, soit l'organisateur de dépenses somptuaires à la Mauss qui, par leur gratuité, le confirment comme chef : il corrompt le coopérant et achète la conclusion que celui-ci allait probablement énoncer de lui-même, en faveur de la route et de ses retombées économiques et sociales contre la réserve et la conservation d'une mangrove de toute façon foutue par la montée des eau et la hausse de la salinité
est bien sûr le plus intéressant, ambigu : dans son cynisme le capitalisme mécomprend qu'il constitue un environnement "organique", que même ses bénéficiaires subissent comme une nature. En fait surtout eux, la pauvreté donne une lucidité qui au contraire en met à nu l'aspect arbitraire et conventionnel. En gros Marx va pas bien mais le capitaliste reste dialectique, il doute là où il domine, il a besoin de postuler la conscience d'une situation comme non-spontanée, mais plutôt causée et dérivée par ce qu'elle créé - le scrupule est le fantasme d'être le seul à être passif et justifié, ce qu'il paye et achète .
Dès lors, même pour le dominant, le rapport à l'autre reste une promesse complexe, une ouverture, une possibilité morale de salut. Et, symétriquement le réchauffement climatique ou la crise écologique sont infigurables : le risque d'extinction collective apparait comme une fatigue qui empeche de jouir d'une promesse d'émancipation déjà tenue. Pas mal vu, mais aussi très unilatéral.

Ceci dit j'ai bien aimé la partie la plus prosaïque et "exploration du monde" dans les rizières et la description des villages lacustres et techniques d'irrigations balantes pour désaler les mangroves, qui ont donné lieu à une culture complexe, forte, mais dont le prix de la résistance est une forme subie d'autarcie . Partie un peu gâchée par la volonté du réalisateur de faire du coopérant un martyr façon curé de Bernanos avec ses maux de ventre perpétuels et son rêve de pureté où la tentation suicidaire est une manière d'égaler la dignité prêtée de façon démesurée à l'autre, de vivre l'égalité avec les autres comme une domination subie, de ne sauver que les dettes.

Un peu déçu mais j'en attendais peut-être trop en étant trop proche du sujet. Les personnages sont en fait très stéréotypés et anecdotiques (la pute intello dans le camp retranché, les coopérantes nordiques aux airs de dames patronnesses, Diára généreuses avec les siens, mais dures avec les autres qui entre dans le film en faisant du coopérant le complice d'un vol assez odieux contre un éleveur sur un étal de marché, et qui exproprie assez grossièrement une famille pour installer son bar, le coopérant chinois qui n'a besoin que d'une scène pour s'imposer aux autres) , le film, malgré l'impression de flottement et de temps réel est paradoxalement trop écrit. On dirait parfois un vieux roman de Graham Greene type Le fond du problème ou Un Portugais bien tranquille remis au goût du jour.

Et sinon
l'ingénieur italien disparu c'est sans doute l'amant de petite taille - on dirait presqu'un page- de Guilhermo dans la scène de la chanson?

_________________
He pays penance to the air above him

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