Forum de FilmDeCulte

je n’avais aucune idée de ce que c’était à part un film espagnol x un film d’horreur x un film d’horreur espagnol x au max linder.

ça commençait vraiment bien, avec une scène de boite de nuit puissante. puis dans l’écriture - des manières un peu originales de raconter les trucs à l’intérieur des scènes - des scènes efficaces - une mise en scène pas follement originale mais propre et avec des vrais bons trucs parfois.

puis l’identité du film c’est ma came : un film d’horreur qui assume totalement ce qu’il est, sans délire arty, tout en essayant de faire un truc bien avec une âme, des vrais personnages à qui il arrive des trucs, des choses à dire, et une identité européenne que j’aime, en dehors du formatage habituel. bref un truc un peu hybride, ma came.

en plus c’était bien parce qu’ils parlent relativement lentement et distinctement donc je comprenais sans lire les sous titres j’étais content.

puis ça se casse la gueule assez vite, et ensuite la chute est sans fin.

le principe horrifique du film est nul, impression d’avoir vu ça 165 fois, ça fait juste pas peur, ça n’évoque rien, ça donne des scènes vraiment déjà vues. puis ça enchaine avec le récit poncif du cinéma américain - en fait c’est une malédiction depuis des générations donc enquête dans le passé pour retrouver les anciennes victimes blablabla. puis le coeur de la malédiction était sûrement pas une mauvaise idée quand il l’a eue il y a 5 ans mais vraiment là le poncif complet, sans coeur émotionnel particulier, je baille et je lève les yeux au ciel.

reste une idée relativement originale : la construction en plusieurs parties totalement distinctes, pour chaque victime. hélas, le premier récit est considérablement plus fort que le deuxième - absolument interminable, alors qu’il n’y a plus de mystère, qu’on a bien compris où ça allait, vraiment très faible narrativement.

bref film d’horreur de flux à zapper sans aucune sorte d’état d’âme.

Ce serait dommage. Je me demandais pourquoi ce film dont j'avais jamais entendu parler squattait le Max Linder cette semaine et en fait c'est simple: c'est juste que c'est un bon film.
Comme "Ashkal" ou "Les bonnes manières", c’est le genre de film de genre qu’on peut voir un samedi soir avec des amis ou dans un festival un peu chic type San Sebastian (où il a eu le prix de la mise en scène). Il a tout ce qu’on peut attendre d’un premier film : très imparfait mais vivant, stimulant, inventif – tout en jouant sur des standards puisque c’est un film de maison hantée, et sans cacher ses références – les reconnaître fait partie du plaisir. Le thème des violences faites aux femmes sert de fil conducteur, sans y être un prétexte mais sans non plus nous assommer d’un discours convenu.
Comme film de maison hantée, j’avoue que j’ai trouvé ça très supérieur au Soderbergh sorti en début d’année, "Presence" – il y a quelques scènes de tension où j’ai eu vraiment un peu peur et il ne se finit pas sur un twist pour se faire plus malin qu'il n'est : il se termine en suspens, sur une image émouvante et triste.
bref un bon petit film d'horreur avec une âme.

Team Latique, j'aime bien. L'histoire est relativement simple, malédiction et maison hantée, mais j'aime beaucoup la structure du film et surtout le coté slow burn du film. Et comment Martin-Calero arrive à transcender l'intrigue par la seule puissance de sa mise en scène. Il n'y a que 4 scènes d'horreur, mais elles sont d'une rare efficacité. Allez hormis la seconde qui passe un peu à coté, avec vingt secondes dans le noir où on ne voit strictement rien (je comprends l'intention mais le résultat est loupé), les trois autres sont éprouvantes et parfaitement flippantes. Et c'est remarquable comment, entre ses scènes, Martin-Calero arrive à faire monter l'étrangeté et la tension jusqu'à ce que ça explose. Le film n'est pas imparfait, je suis moins fan du premier segment, mais la suite m'a bien happé, j'aime bien l'apprentie cinéaste et la fascination qu'elle va peu à peu éprouver pour Marie.

Bref, c'est un bon film d'horreur, intense et qui, outre la flippe, arrive meme à émouvoir. Une réussite.