Forum de FilmDeCulte

Tout fan se doit d'être effrayé par ce genre de biopic, surtout quand la production se sent obligée de lui accoler un sous-titre aussi pompeux que "La véritable histoire de gnagnagna". De fait, l'histoire est là, dans ses grandes lignes, mais le film se révèle plus habile que beaucoup d'autres biopics trop scolaires. Ici la linéarité est contournée par les allers-retours entre deux époques et, pour ainsi dire, deux Brian Wilson, espacés de plusieurs décennies et joués d'ailleurs par deux acteurs différents, comme pour mieux montrer en creux le gouffre dans lequel le compositeur s'est perdu entre sa jeunesse de wonderkid pop et son retour à une certaine normalité psychique. De ces deux Wilson, on préfèrera sans doute le jeune (Paul Dano), à qui il est donné davantage de matière à jouer qu'au plus âgé (John Cusack) : ce dernier peine parfois à sortir du cliché Rain Man, mais, in fine, offre une des scènes les plus émouvantes du film, la toute dernière, basée sur une astuce que d'aucuns auraient diluée de manière un peu ridicule dans tout le film mais qui ici, limitée à un plan, acquiert une force et une évidence assez émouvantes. D'autant plus que le reste du film, lui, ne se veut pas trop tire-larmes ou clichetonneux, en raison notamment de ce montage parallèle. Il a également le mérite de ne pas insister ouvertement sur la reconstitution pourtant quasi-fétichiste, ça n'est jamais tape-à-l'oeil "regarde comme on a retrouvé la même chemisette que pendant la vraie séance de studio". On regrettera surtout que les personnages secondaires ne soient pas plus développés. Paul Giamatti, souvent irritant par ailleurs, prouve ici son talent dans un registre monstrueux mais un peu trop monocorde, de même que son opposée Elizabeth Banks : les deux méritaient davantage de nuances et, pour le coup, on est plus ici dans Heroes and Villains. Mais pour étoffer ces personnages tout en casant les figures imposées des enregistrements homériques et des heurts personnels de Brian, il aurait fallu trois heures. Le personnage les méritait, sans aucun doute.

4/6

Tu le vends bien

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Tennis de Table Bordeaux

C'aurait pu être le film de l'année, ça reste un très bon biopic.

L'impression de voir le brouillon d'un film de PTA (réalisateur que je n'apprécie pas plus que ça) : Paul Dano, La Californie, la reconstitution, les gourous, les quirks et les névroses américaines qui viennent craqueler la surface bien lisse. Le parti pris du film est pas mal mais je le trouve bien étriqué, entre sa reconstitution attendue de l'époque Pet Sounds et ses allers-retours chez le concessionnaire automobile où Brian Wilson rencontrera sa dernière femme. Le mystère du film, c'est pourquoi ce jeune homme, si angoissé, a-t-il écrit de si belles chansons, pas pourquoi était-il angoissé (ce qui se règle grâce à des traumas toujours un peu facile, liés aux figures paternelles). Ce qui est étrange dans le film, mais qu'il effleure en restant comme à distance, c'est ce tempérament quasi-autistique qui donne l'impression qu'il ne vit pas le monde mais il y a des petits détails pas mal.