Forum de FilmDeCulte

on produit beaucoup de films en france, il y a énormément d’argent à distribuer. alors d’un sens tant mieux, hein. ici, ça donne l’occasion à des valeureux soldats de l’industrie de réaliser leur premier film, qui a indéniablement des qualités, un petit ton, ça ‘renouvelle les talents’ et le fera réaliser d’autres petits machins. mais d’un autre, c’est quand même dur de ne pas penser ça fait dépenser des millions sur des films promis à un échec certain.

donc c’est plus ou moins une ‘comédie romantique’, ou ‘comédie de remariage’ comme ils disent dans le dossier de presse et tout le monde a docilement repris l’expression. un acteur et sa copine metteuse en scène de théâtre répètent une piece, il est embauché pour un film, il veux faire les deux en même temps, n’y arrive pas, ils se séparent, même si au fond bien sûr ils restent très attachés l’un à l’autre.
c’est réalisé par un garçon qui avait été scénariste sur les grands et stalk, deux très chouettes séries françaises. et c’est plein de petites qualités, un ton frais et sympathique, un casting soigné avec des gens pas évidents, une volonté d’avoir plein de petites idées dont certaines très sympas, c’est visuellement plutôt joli. et c’est aussi plein de petits défauts, à commencer par cette histoire quand même minuscule. et ce n’est pas compensé par un brio particulier dans la narration ou un soin à rythmer les choses. ni par une profondeur particulière - concrètement ils sont vaguement tristes en se séparant, c’est galère pour rebondir, mais vraiment je n’ai pas ressenti le vertige particulier de gens qui doivent réinventer leur vie. puis dans l'absolu c'est sympathique de vouloir éviter tous les poncifs du genre, mais quand ça n'est pas remplacé par grand chose ça fait surtout un film sans événements très marquants. et de montrer leur bonne entente sexuelle grace à un plan sur les pieds mélangés en dehors de la couette ça m'a paru très éloquent sur la manière dont la france de 2024 est devenue aussi puritaine que les etats-unis dans leurs mauvais jours, mais nous c'est du puritanisme progressiste, rien à voir.

mais c’est surtout marquant par l’entre-soi proprement délirant du film. on est donc dans la bulle des intermittents du spectacle et de leurs (petites, pardon) aventures sentimentales de trentenaires, avec une homogènie sociale et culturelle absolue. alors dans l’absolu pourquoi pas, mais quand on plonge dans une minuscule fraction de la société française c’est sympa de vaguement s’adresser à ceux en dehors, en leur présentant les particularités, les enjeux, tout ça. et quand on en fait soi-même partie (il a fait la fémis, est scénariste depuis 10 ans, sa femme est fait du théâtre…) c’est peut-être pas mal de tenter d’avoir un peu de recul, un regard particulier. là, non, il est 100% dans la bulle, prenant totalement pour acquis toutes les spécificités, sans aucune interaction avec la société en dehors. pour un film qui se fait donc financer alors que le score minuscule était bien sûr prévisible et inévitable. et qui se fait célébrer de manière disproportionnée dans la presse (il remercie plusieurs critiques du milieu parisien au générique de fin…). vraiment, le cinéma français comme un territoire séparatiste par et pour les intermittents du spectacle et leurs potes.

du coup, il y a de toute façon cette vibe court-métrage puissante pendant le film, mais qui est encore renforcée par l’aspect économiquement absurde de cette oeuvre dont 70% des spectateurs seront du milieu. mais il s’en fout, le film est fait pour ça et pour servir de carte de visite et que des gens l’aiment bien pour l’embaucher, ou pour que ses potes s’y reconnaissent. mais bon moi le milieu parle au milieu ça ne m’intéresse pas follement. mais c’est pas nul hein.

(j'ai quand même été agacé par des trucs qui n'ont pas trop de sens, genre le mec qui se fait embaucher pour être le co-lead d'un gros film 10 jours avant le tournage ? la grosse star qui s'invite sur une minuscule pièce de théatre dans une salle de 70 places ?)
(et jérémie laheurte bizarrement difforme, implants de machoire ?! fausses dents ?!)

Alors ça s'adresse à 70 personnes dans le monde dont moi, mais j'en avais pas entendu parler.

Tente-je le MK2 Odéon 14H20 ?

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

"J'étais tellement content de retrouver à l'écran ces petites particularités de la vie d'intermitteux. Ils vont même dans un bar du XIIe arrondissement. Tu sens que Rodenbach a arpenté les pavés de la rue Ballu, celui qui dit que ça apporte pas un vrai parfum d'authenticité ment."

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OK Enculture.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

nan, il pensera la même chose :

Oui, surtout que ça aurait été tellement simple de dire qu'il avait été le deuxième choix (ça lui aurait fait une backstory, une frustration) mais qu'au dernier moment l'acteur prévu a été accusé d'agression sexuelle ou s'est cassé la jambe (c'est pareil) afin de justifier ce casting tardif.

Bon pour le reste pas grand chose à ajouter au volet artistique de la critique de Fingers. C'est mignon, c'est tout petit, vraiment microscopique. Jamais hilarant, jamais trop forcé dans l'humour non plus, la bonne vieille "ligne de crête douce-amère". Mais malheureusement ça ne m'emporte jamais, je ne suis jamais bouleversé, à aucun moment. Pas trop compris grand chose à cette histoire de François Civil qui va remplacer son nouveau pote au théâtre, j'ai trouvé ça hors-sol. J'aime beaucoup le cut final à la Doug Liman par contre.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste