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 Sujet du message: Re: Emmanuel Mouret
MessagePosté: 29 Avr 2021, 15:39 
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tape dans ses mains sur La Compagnie créole
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Lol pour Dujardin, là je comprends volontiers un rejet...
Perso je l’adore chez Hazanavicius, donc dans un genre rétro-pastiche. Pour le reste, on va dire qu’il y a des hauts et des bas.. :lol:
Mais je ne serai jamais sévère avec lui car j’ai une profonde sympathie pour le mec (qui est ultra sympa dans la vraie vie).

(Mes excuses aux fans de Mouret pour les digressions hors sujet)

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"


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 Sujet du message: Re: Emmanuel Mouret
MessagePosté: 24 Mai 2021, 14:26 
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Je complète grâce à la rétrospective sur Côté Court (visible jusqu'à mercredi inclus).

Promène-toi donc tout nu!
Nécessairement fauché (film de fin d'étude de Mouret à la Femis?) mais tout à fait plaisant, la manière Mouret est déjà totalement là. Je vais me jeter des fleurs en reprenant mon commentaire de la page précédente Sa filmographie est marquée par une constante angoisse de ce que représente un véritable engagement amoureux, de ce que cela peut signifier en terme de perte de liberté, la peur de réduire le champ des possibles, de s’ôter la possibilité de trouver encore mieux. Ici c'est plus que jamais cela, puisque Mouret a 24h pour décider s'il viendra ou non au rendez-vous fixé par sa petite amie à Notre Dame de la garde, s'il vient ils devront vivre ensemble, sinon leur couple ne sera plus. S'ensuit de petites péripéties, une discussion improbable avec son père sur les meilleures techniques de dragues, un couple de quelques heures pour sonder ce que la liberté peut on non apporter, et une excellente blague grivoise. Je le déconseille fortement à Cosmo et je le recommande très chaudement à QGJ, tant le film se rapproche énormément de Vénus et Fleur.
4/6


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 Sujet du message: Re: Emmanuel Mouret
MessagePosté: 24 Mai 2021, 17:10 
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Lohmann a écrit:
je le recommande très chaudement à QGJ, tant le film se rapproche énormément de Vénus et Fleur
Merci, je l'avais vu au Festival Tous Courts à Aix y a genre 20 ans, j'avais bien aimé. C'est bien dans ce film-là qu'il prend son élan et saute par-dessus le filet du court de tennis ? Je me souviens des rires des lycéens se moquant du saut (genre "Ah quel film pourri") alors qu'est très clairement volontaire.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste
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 Sujet du message: Re: Emmanuel Mouret
MessagePosté: 24 Mai 2021, 17:12 
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Je l’ai pas trouvé, celui-là. C’est le seul qui me manque.

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)


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 Sujet du message: Re: Emmanuel Mouret
MessagePosté: 24 Mai 2021, 17:33 
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Cosmo a écrit:
Je l’ai pas trouvé, celui-là. C’est le seul qui me manque.

Clique sur Côté court en rouge au début de mon message :wink:


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 Sujet du message: Re: Emmanuel Mouret
MessagePosté: 24 Mai 2021, 17:35 
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Qui-Gon Jinn a écrit:
Lohmann a écrit:
je le recommande très chaudement à QGJ, tant le film se rapproche énormément de Vénus et Fleur
Merci, je l'avais vu au Festival Tous Courts à Aix y a genre 20 ans, j'avais bien aimé. C'est bien dans ce film-là qu'il prend son élan et saute par-dessus le filet du court de tennis ? Je me souviens des rires des lycéens se moquant du saut (genre "Ah quel film pourri") alors qu'est très clairement volontaire.

Pas souvenir qu’il saute au-dessus du filet, si c’est le cas ça m’a totalement échappé


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 Sujet du message: Re: Emmanuel Mouret
MessagePosté: 24 Mai 2021, 17:44 
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Pfiou le début est pas loin d'être catastrophique quand même...


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 Sujet du message: Re: Emmanuel Mouret
MessagePosté: 24 Mai 2021, 17:56 
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Lohmann a écrit:
Cosmo a écrit:
Je l’ai pas trouvé, celui-là. C’est le seul qui me manque.

Clique sur Côté court en rouge au début de mon message :wink:


Ah super, merci !

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 Sujet du message: Re: Emmanuel Mouret
MessagePosté: 24 Mai 2021, 20:11 
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J'ai quand même continué et en fait les 5 premières minutes sont le pire du film. Car je trouve que la fille a une exigence complètement débile et à laquelle il est difficile de croire: qu'il se ballade nu dans l'appart. Soi disant tout le monde fait ça.

La suite est vraiment beaucoup mieux. C'est du Rohmer. Tous les ingrédients sont là, un problème sentimental autant que philosophique, des choix qui conduisent à une impasse, une opportunité à saisir... Si c'est son premier film, c'est bien.


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 Sujet du message: Re: Emmanuel Mouret
MessagePosté: 24 Mai 2021, 20:16 
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Je crois qu’il a fait un autre court avant, mais je ne sais même pas si ça peut se voir.


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 Sujet du message: Re: Emmanuel Mouret
MessagePosté: 24 Mai 2021, 21:49 
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Lohmann a écrit:
Pas souvenir qu’il saute au-dessus du filet, si c’est le cas ça m’a totalement échappé
J'ai confondu avec le court-métrage CARESSE.

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 Sujet du message: Re: Emmanuel Mouret
MessagePosté: 08 Déc 2024, 12:23 
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Suite à la positive surprise Trois amies, et ce d'autant que tous ses films sont dispos sur les replays Arte et France TV, je me suis relancé dans sa filmographie à partir de L'Art d'aimer, l'un des deux seuls longs que je n'avais pas encore vu, ses suivants m'ayant tous plus ou moins déçu. Je me suis dit qu'à la lumière de son dernier je pourrai peut-être mieux les apprécier, et globalement ça n'a pas raté. Je m'étonnerais presque d'être à ce point passé à côté de Caprice ou Mademoiselle de Joncquières par exemple, tant ces films peuvent sous différents angles être passionnant. Et autre détail amusant, d'entendre Bégaudeau moquer le cinéma de Mouret dans la dernière Gêne, en précisant dans sa dernière intervention chez Microciné que l'éthos bourgeois de Mouret est probablement la cause principale de son aversion, ça m'a donné encore plus envie de comprendre ce qui pouvait m'attirer dans son cinéma un tantinet suranné.

Je vais commencer par ce qui est de très loin son plus mauvais film, mais aussi un moment important dans sa filmographie, Une autre vie. Le film est évidemment une gigantesque catastrophe, non seulement à cause de ses acteurs (même si je pense que dans le fond c'est surtout une actrice qui plombe l'ensemble, Jasmine Trinca, et qu'avec elle elle entraîne tout le reste du casting aux enfers. JoeyStarr n'est pas si mauvais, plutôt quelconque en vrai), mais aussi parce que Mouret a basculé de manière beaucoup trop abrupte dans un versant mélodramatique qu'il ne maîtrise pas, où toute sa finesse est passée par pertes et profits. Ce qui est malgré tout dommage, c'est que le fond du film n'est pas inintéressant, et si on devait le comparer à Anora (puisque c'est dans cette Gêne que le nom de Mouret est évoqué), la conclusion en est peu ou prou la même. Les transfuges amoureux de classes sont systématiquement empêchés. Il y aurait probablement eu matière a en faire un film beaucoup plus réussi si Mouret n'avait pas autant tenu à éclipser la totalité de son propre héritage (Tati, Guitry) pour tenter de maladroitement en endosser un nouveau pour lequel il n'a pas les épaules (Sirk, Hitchcock). Mais pour en revenir au fameux éthos bourgeois de Mouret, il est pas mal égratigné par ce film, comme il le sera tout autant par la suite (Caprice, Mademoiselle de Joncquières).

Néanmoins malgré tous ses défauts Une autre vie reste intéressant parce qu'il a mis à jour une facette de Mouret qui était probablement présente en sourdine dès ses films précédents et qu'il va approfondir dans les suivants, de manière plus équilibrée, où sous une apparente légèreté le drame ne semble jamais très loin. J'avais déjà parlé de la peur de l'engagement qui était une constante de ses personnages masculins principaux dans la première partie de son œuvre, on la retrouve une nouvelle fois dans Mademoiselle de Joncquières avec le Marquis des Arcis qui l'énonce avec une totale décomplexion, lui qui préfère ne pas s'engager de peur de passer à côté d'une meilleure occasion, film que par ailleurs je ne suis pas loin de considérer comme l'un des tous meilleurs de Mouret, des joutes verbales d'une qualité excise, un XVIIIème siècle qui se prête à ravir à ce savoureux marivaudage et qui tout d'un coup bascule de manière abrupte dans la cruauté. Il est juste dommage que le film soit un poil trop long et que sa dernière partie vienne édulcorer sa force. Mais ce drame, ou tout du moins cette tristesse, elle parcourt toute la deuxième partie de son œuvre. Mouret qui décide de rester avec Efira quand on voit très bien qu'il aime plus sincèrement Demoustier dans Caprice, équation que l'on retrouvera quasiment à l'identique dans Les Choses qu'on dit, les Choses qu'on fait (entre Jordana, Schneider et Macaigne), ou Kiberlain et Macaigne qui a force de ne jamais vouloir prendre trop au sérieux leur histoire adultérine finissent par passer à côté de l'amour dans Chronique d'une liaison passagère. Ce qui au fond caractérise le plus l'avant de l'après Une autre vie, c'est que dans l'après il y a à la fois une plus grande maturité et une plus grande résignation de ses personnages principaux. Et donc nécessairement une plus grande place laissée à la tristesse et au regret, avec parfois même une dimension quasi sacrificielle chez certains de ses personnages (Demoustier dans Caprice, Forestier dans Trois amies).

Une filmographie thématiquement parfaitement cohérente donc (ce que j'avais à tort largement mise en doute par le passé), mais surtout, et c'est là ma plus grande révélation à la révision, à la mise en scène élégante, précise, et pour tout le dire assez unique (je ne saurais lui trouver un équivalent contemporain en tout cas). Il y a effectivement une vraie patte Mouret, avec des figures de style qui lui sont propre, comme la récurrence de ces plans en contre jour total (un peu comme les apparitions d'Hitchcock, on sait que ce plan adviendra nécessairement à un moment donné), qu'il finira même par immortaliser dans l'affiche de Chronique d'une liaison passagère. Quant à la précision de sa mise en scène, que l'on peut ne pas saisir parce qu'elle n'a rien d'exubérante (j'essaie de justifier le fait d'être totalement passé à côté dans un premier temps), pour s'en rendre compte il suffirait de couper le son (proposition pour le moins incongru pour un cinéma qui semble autant porté par le verbe). On se rendrait alors compte que l’entièreté des sentiments des personnages est supporté par le cadre, le déplacement des acteurs dans le cadre, les mouvements de caméra et le montage. Rien n'est jamais gratuit dans ses choix, à un point de maîtrise quasi maniaque, même un simple champs contre champs est toujours le signe d'une opposition entre les personnages à l'écran, un travelling un moment d'incertitude etc. Et il faut également relever son intelligence dans sa captation de l'espace intérieure, qui dans un autre style m'a rappelé celle de Mizoguchi, j'ai pris en exemple une scène de Chronique d'une liaison passagère, quelle composition et combien la place de chacun des protagonistes est à l'image de leur état d'âme à ce moment précis du film (Kiberlain qui n'aura eu de cesse de refouler ses sentiments, Macaigne moulin à parole qui a un besoin inassouvissable d'être rassuré, Scalliet hors champ, l'élément perturbateur qui viendra provoquer la fin de leur idylle).

Image

Dernier point, j'ai vu ici et là poindre une critique sur le côté trop théorique de son cinéma. Qu'il soit profondément théorique c'est une évidence, mais de nouveau ça me semble parfaitement correspondre à la psyché de ses personnages principaux, qui conceptualisent souvent trop l'amour, jusqu'à passer à côté de ce qui leur tend les bras. Ça n'est pas pour rien que les ellipses temporelles y sont aussi présentes et marquées (l'occasion de multiples coïncidences, deux années se sont passées et on retombe par le plus grand des hasards sur tel ou tel). Ne subsistent que les moments forts, les rencontres ou les discussions autour de l'amour. Dans le fond, ce qui se joue systématiquement, c'est la peur du célibat, statut honni dans son univers. Quand on ne l'est pas on va voir ailleurs, quand on l'est le seul but est de ne plus l'être. Ce qui est par contre assez amusant, signe probable d'une certaine pudeur chez Mouret, c'est que le passage à l'acte amoureux est très peu présent à l'écran (de mémoire je ne me souviens que d'une seule scène de sexe explicite dans son CM Aucun regret), et ce alors que la nudité ne lui pose par ailleurs pas vraiment de problème.

Top approximatif

1. Mademoiselle de Joncquières
Chronique d'une liaison passagère
Caprice
L'Art d'aimer
Vénus et Fleur

6. Fais-moi plaisir !
Trois amies

8. Un baiser, s'il vous plaît !
Les Choses qu'on dit, les choses qu'on fait
Changement d'adresse
Promène-toi donc tout nu

12. Laissons Lucie faire !

13. L'Art d'aimer


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