Morceaux choisis :
Citation:
Mais la carte, qui met à cran une grande partie du secteur, ne serait pas forcément rentable pour UGC qui doit reverser à chaque passage 4,89 euros aux salles partenaires (un tarif en-dessous du prix moyen des petites salles). En apparente difficulté économique, UGC passe donc à l’offensive en frappant les salles indépendantes, dont certaines répercutent la pression sur leurs salariés.
Citation:
Mais après sa vindicte, certaines directions indépendantes, au lieu de faire front commun, se retournent en interne contre leurs employés, dont les noms sont sortis du chapeau d’UGC. Libérationa répertorié plusieurs cas à Paris, allant du licenciement (chez Dulac, aux 3 Luxembourg et au Cinéma des cinéastes un employé de vingt-six ans d’ancienneté a été convoqué à un entretien préalable au licenciement), à des avertissements (au Champo), en passant par des pressions sur les salaires à l’Archipel et au Balzac… « Alors que j’attendais ma lettre de licenciement pour m’inscrire au chômage, ma directrice, Charlotte Prunier, m’appelle plus d’un mois après ma convocation et m’annonce au débotté que le cinéma porte plainte contre moi , témoigne Mahaut, ancienne ouvreuse de 26 ans du cinéma les 3 Luxembourg, dans l’impossibilité actuelle d’ouvrir ses droits au chômage. J’étais sous le choc parce qu’on n’en avait pas du tout parlé pendant l’entretien. Elle m’a ensuite dit que la plainte pouvait être retirée si je remboursais le cinéma, mais elle me parlait d’un montant autour de 10 000 euros. J’avais la tête qui tournait, je n’ai absolument pas cet argent… » Charlotte Prunier confirme le dépôt de plainte, mais dément avoir proposé à « cette personne» de rembourser : « La salariée a reconnu avoir une utilisation très régulière de sa carte UGC illimitée personnelle pour le compte de nos spectateurs. C’est une faute grave qui justifie son licenciement. »
Citation:
Si Corinne Honliasso, la directrice du Balzac, n’a pas voulu répondre à Libération, Fabrice Roux, directeur de l’Archipel, petit cinéma à l’excellente programmation niché dans le Xe arrondissement parisien qui se retrouve en grande difficulté économique avec cette ardoise imprévue à régler à UGC, assume complètement de répercuter la pression sur ses salariés : «Ils ont reçu un savon, mais je leur laisse une seconde chance. Mais ce n’est pas marqué dans le contrat avec UGC que les employés ne peuvent pas passer leur carte. Je ne vais pas dire “UGC ce sont des saligauds et nous on est gentils”, c’est pas possible, sinon je pourrais plus me regarder dans la glace. Ils sont dans leur bon droit, à leur place, j’aurais sans doute agi pareil. Seulement, ça me met en grosse difficulté, ma trésorerie est tendue comme un string, on est tellement serrés. » Le syndicat SUD culture Solidaires souhaite, de son côté, s’emparer du sujet : «Nous demandons que cessent ces sanctions et que les directions prennent leur responsabilité en assumant ces pratiques, dont elles ont connaissance depuis un certain temps. Les salariés des cinémas ne peuvent être la variable d’ajustement dans les conflits entre des grands groupes et des cinémas indépendants. »
Citation:
La fraude s’avère en plus difficile à prouver mais gare à qui voudrait la contester. Le cas du Grand Action, cinéma iconique du Quartier latin, a servi d’exemple. Du jour au lendemain, alors que le cinéma aurait voulu contester la facture, UGC a coupé son robinet illimité et divisé ainsi les entrées par deux. Un accord aurait été trouvé et la connexion rétablie avec le Grand Action après un communiqué aux accents de contrition, le tout accompagné sur les réseaux sociaux par des petits cœurs du community manager d’UGC. Après cet incident, la direction du cinéma ne veut faire aucune déclaration.