vous vous souvenez quand les studios annonçaient réduire de moitié le nombre de films qu'ils sortiraient en salles par an ?
on pensait que les plateformes prendraient le relais et proposeraient tous les trucs que les studios ne feraient plus - les films d'auteurs un peu prestiges ou les mid budgets originaux pour adultes, que ce soit quali ou de l'exploitation de genre.
alors certes, le line up de disney n'était plus que franchises diverses, mais timmy failure sortait sur disney +, on était naïfs mais on était heureux.
aujourd'hui, disney + ne produit plus de films, netflix s'est spécialisé dans les merdes avec 3 trucs formatés oscars par an, mais à côté
anyone but you ou
trap font de bons chiffres au ciné et amazon décide au dernier moment de sortir
challengers au cinéma.
un style qui a vraiment quasi-disparu ça reste le proto-sundance, le plus plus ou moins indépendant, l'étude de personnage sur un sujet difficile, en vrai leur version de nos films d'auteurs france télévision. ça se lançait à sundance ou toronto, y avait un petit buzz à oscars qui finalement s’aboutissait pas, ça disparaissait corps et bien, il fut une brève période où ensuite le mec était directement embauché pour réaliser une blockbuster franchisé...
ici ça va jusqu'à la présence de justin timberlake. il a quelques années, c'était encore une a-list de la pop, ça aurait été la performance 'sérieuse' dans un petit film, il y aurait eu du buzz... aujourd'hui, c'est un legacy act dont l'album floppe totalement mais la tournée cartonne, sa carrière cinéma est assez fournie et assez catastrophique pour que ça n'intéresse plus personne, et même si le fait qu'il soit un peu tapé fonctionne pour le rôle, le fait est qu'il est un poil trop vieux.
ça raconte une histoire qui aurait pu être strictement la même en 2005 : un mec dans une petite ville du fin fond des etats-unis rouges rentre chez lui après 12 ans de prison, s'installe chez sa grand-mère bigote, tente de se reconstruire. il finit par devoir s'occuper du gamin de la crackhead qui vit dans une caravane à côté et apprend à s'aimer en aimant les autres. twist 20s : le gamin aime se maquiller, s'habiller avec des costumes de filles, adore les princesses... alors justin le regarde de travers, ici on est des mecs, puis finalement apprend à accepter et le défend contre les bullys, voyant dans l'originalité et les difficultés du petit un reflet des siennes. bonus : le love interest de justin est une fille métisse.
ce qui est drôle c'est que ce modèle de bons films n'était en vérité pas terrible, et ça ne rate pas ici. il n'y a pas de profondeur particulière, tout est globalement très évident et superficiel. l'aspect profondément redneck du truc n'apporte aucune plus value : pas grand chose d'universel n'en est tiré, on est juste dans leur milieu culturel qu'on connait bien, c'est juste les etats unis qui exigent que le monde entier se passionne pour leur histoire et leur terroir. il y a une recherche d'efficacité qui fait que les scènes sont très courtes, vont droit au but, il n'y a jamais vraiment de vie ou de respiration, ce qui n'est pas vraiment compatible avec la captation d'un bout de l'âme de qui que ce soit. timberlake est pareil, caractéristique de ces popstars-acteurs qui n'ont aucune vérité ou profondeur en eux, qui jouent pour la caméra en respectant les marques et en marquant chaque intention, il y a 0 authenticité, et même si son visage est efficace, le fait est que ce jock devenu enfant star à 8 ans qui joue les durs-à-cuir ayant morflé c'est absurde.
le plus difficile à saisir est la manière dont le film se dirige ensuite vers un truc feel good assez absurde, avec un sujet dur mais offrant systématiquement à son personnage des miracles n'ayant aucun sens. est-ce une exigence de plateforme ? une auto-censure de scénariste qui ne veut pas faire lire de truc plombant ? un 'input' débile de popstar ? c'est assez mystérieux, ça donne une allure mainstream et vulgos à ce film qui se voudrait réel et gritty. très bizarre.
comme à peu près tout sur apple +, ça a totalement floppé, actant malgré tout le fait que ça ne se fait plus parce que ça n'intéresse plus personne. et pour le coup à juste titre : ça n'a globalement aucun intéret.