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MessagePosté: 21 Juil 2024, 10:13 
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prix du meilleur scénario, aides des régions et du cnc au dev, avance sur recette, financé par arte, quinzaine, en attendant l'inévitable nomination au cesar du premier film : c'est un quasi grand chelem de l'auteurat français qu'a réussi ce film. et effectivement, avec ce film de migrants x le bureau des légendes x errance d'un homme en ville hanté par son passé douloureux, jonathan semble avoir trouvé la formule chimique imparable pour braquer toutes les commissions de ce pays.

et effectivement, il y a plein de belles choses. on commence par le film de migrants - les esprits chagrins regretteront peut-être qu'il ne soit pas pris en charge par un boomer et qu'il ne revitalise pas le club de tricot de son quartier, mais l'angle est du coup plus original, riche, et intéressant. c'est un portrait qui assume la complexités des situations - des gens hantés par leurs passés, passé dont le pays d'accueil ne sait rien d'autre que ce qu'on veut bien lui raconter et qui heberge donc autant les victimes que les bourreaux (l'idée que l'europe sert de refuge à des milliers de bouchers d'afrique et du moyen orient, comme l'amérique du sud avec les nazis, est un truc auquel je pense depuis longtemps et totalement absent des consciences commune parce que personne n'a envie de penser à ça, mais que je trouve fascinant et terrifiant et qui est donc en filigrane ici), rattaché à sa famille là-bas, il y a les communautés recrées, les guerres qui se délocalisent ici, la possibilité d'une nouvelle vie et les obstacles intérieurs et exterieurs. c'est très riche, intelligent, complexe. et le tout, donc, dans un "thriller d'espionnage" dont la ref qui s'impose est le bureau des légendes. cette notion là est aussi passionnante, une cellule d'espionnage sauvage, un groupe qui s'organise lui-même pour traquer ses anciens bourreaux, c'est génial. et c'est assez rageant que jonathan fasse son premier film avant la fin de la série, parce qu'il aurait pu signer des épisodes et ça aurait été chouette : la mise en scène se base sur la même volonté de faire du pur réalisme français, de ne pas utiliser de références américaines, et de compter sur ce qu'il filme pour avoir l'ampleur qu'il cherche. et ça marche du tonnerre, encore mieux en vérité que ce que faisait rochant même dans les patriotes : ses cadres sont très beaux, le moindre mouvement est pensé, efficace, toute sa mise en scène est sûre d'elle et puissante, c'est splendidement réalisé.

mais.

là où le film aurait pu être un mélange brillant de différentes écoles de cinéma, c'est au final l'auteurat français et son formatage qui l'emporte, c'est à dire que la note d'intention est plus importante que le scénario et ça se paye cash (ou même le montage, je ne peux m'empêcher de compatir avec le monteur qui a du tenter 2 ou 3 fois de dire "bon cette scène / ce plan n'apporte pas forcément grand chose par rapport à celle d'il y a 5 minutes, si ?" et a perdu systématiquement tous les arbitrages). l'enquête pour le retrouver est très faible, c'est quand même de l'espionnage version cp, puis il y a cette chicherie narrative, ce confort à arrêter net son récit pendant une bonne heure pour filmer la même scène en boucle. et c'est donc assez tragique, parce qu'aussi intelligent et fort que ce soit, ça finit nécessairement par se diluer quand au bout d'une heure on se nourrit toujours sur les mêmes idées qui était déjà là au bout de 15 minutes de films, quand on se tape littéralement 4 mois la même scène, quand ton cerveau avance plus vite que celui du personnage. c'est terrible à dire mais c'est fondamentalement une histoire et un scénario de moyen metrage qui aurait été extraordinaire. c'est d'autant plus rageant - même si je réalise bien que ça aurait été un moyen metrage je ne l'aurais pas vu - il perd sur tous les tableaux en forcant absolument son scénario à ressembler à celui d'un long. d'abord avec ce gigantesque et monstrueux ventre mou, donc et même
avec cette résolution bien pensante donc, la suprématie des institutions judiciaires et des valeurs de la republique, l'integration finalement réussie blablabla. ma sensibilité personnelle aurait été plus sombre, mais dans l'absolu je suis bien persuadé que ça aurait été plus intéressant de rendre la situation plus inextricable pour lui, et de s'arrêter sans conclusion, qu'on ne sache pas quel chemin il choisit mais de le mettre dans une situation où chaque chemin est une impasse. là, cet espece d'happy end absurde, j'ai vraiment beaucoup de mal à croire que ce n'est pas pour faire plaisir aux commissions justement.


au final, il reste un beau film, plein de choses intéressantes, mais abimé par son formatage, par la paresse et le goût du confort de l'auteurat français et des gens qui le financent, cette incapacité à pousser les murs narratifs et intellectuels. même quand une idée pourrait permettre d'inventer un peu des choses, comme ici, il faut quand même rester strictement dans sa zone de confort, c'est fatigant.
mais c'était quand même clairement le haut du panier.


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MessagePosté: 26 Juil 2024, 08:42 
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C'est vraiment une idée forte que de faire une sortie de mini-Munich intime, où l'équipe n'est pas commanditée par une quelconque autorité et se compose d'anciennes victimes qui cherchent elles-mêmes leur bourreau et le font seules, se dispatchant dans plusieurs villes et ne pouvant communiquer que par le biais d'un jeu vidéo en ligne (mettant en scène...la guerre). Ces séquences, avec leur voix désincarnées superposées à un spectacle virtuel violent, sont peut-être les plus évocatrices du film, celles qui disent tout de la psyché du protagoniste dans sa quête solitaire et son désir de vengance, comme une représentation de son Ça.

La tension se retrouve également dans cette filature, cette observation et ce face-à-face et il y a effectivement quelque chose de nécessaire dans la répétition et la stagnation mais tout de même de redondant. Et le reste de ce qui constitue le portrait de cet espion improvisé, dans sa semblante incapacité à retrouver une vie normale, peut-être une nouvelle femme et un nouveau travail, ne paraît pas assez approfondi pour que l'issue, quelle qu'elle fut, soit poignante. En l'état, elle manque sans doute d'un peu d'ambigüité et d'ambivalence.

Les deux acteurs principaux sont remarquables. La mise en scène est tout à fait correcte. Mais là aussi, ça manque d'une couche supérieure pour hisser le tout au-delà des attentes.

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MessagePosté: 27 Juil 2024, 20:56 
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Robot in Disguise
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Inscription: 13 Juil 2005, 09:00
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Mes comparses ont tout dit. Super sujet qui semble fonctionner en vase clos, dans un monde parallèle loin de toute français de souche (c'est d'ailleurs étonnant et hyper respectable que le film ait réussi à se faire sans même genre Lambert Wilson en doyen de la fac qui a une petite scène courte mais marquante ou a minima Megan Northam ou autre en co-ed). Remarquable travail de son avec ces voix désincarnées, aussi bien celles des victimes que celle de la cellule klarsefeldienne qui discute en ligne comme jadis Deudtens et Alban Lenoir (qui pour le tenter en meilleur son dans les pronos Césars ?). Impression d'un film à côté du monde, comme ce héros qui n'arrive pas à se reconnecter, le tout est envoûtant et flottant...

... mais peut-être trop flottant, cf. ce ventre mou sus-mentionné qui plombe le tout.

Heureusement, le slow burn débouche sur la confrontation à la HEAT dans le restaurant de houmous. Un poil sur-écrite (et dommage qu'elle soit en français, tu sens vraiment la scène "51% de langue française pour les subs) mais forte et riche.

La fin, un peu facile et quelque part gentillette, tout ceci n'est pas assez mordant dans les dernières minutes, c'est dommage eu égard au sujet.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste
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MessagePosté: 12 Aoû 2024, 08:56 
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Excellent film mais qui se déballonne un peu au fur et à mesure. Impression qu'il grille ses cartouches trop tôt et du coup après 30mn ça n'avance plus et ne fait que se répéter. Je suis gré au film de rester réaliste et de ne pas créer de péripéties artificielles ou de suspens superflu qui aurait pu paraître déplacé mais la conséquence c'est que le film perd lentement de la force pour aboutir à une fin totalement anticlimatique. Là encore on n'est pas dans le spectacle, on n'assistera même pas à l'arrestation du bourreau, on n'aura aucune information sur l'éventuel procès, condamnation etc... mais du coup on a quand même un peu le sentiment que tout tombe à plat. On comprend l'idée, on voit presque la note d'intention à l'écran. Il s'agissait bien plus du portrait d'un homme endeuillé qui doit apprendre à surmonter sa douleur qu'un thriller politique haletant. Cependant l'équilibre est pas totalement trouvé.
Après ça reste un premier film français assez singulier, à ranger du côté de Disco Boy (également produit par Films Grand Huit) en moins arty, du cinéma qui flirte avec le genre sans renier une forte personnalité. Les deux acteurs principaux sont vraiment excellents (le face à face est très réussi, j'ai adoré le son). Bref bon film mais assez frustrant.

3-4/6

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CroqAnimement votre


Dernière édition par Art Core le 12 Aoû 2024, 09:33, édité 1 fois.

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MessagePosté: 12 Aoû 2024, 09:22 
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tape dans ses mains sur La Compagnie créole
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Art Core a tout dit.

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"


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MessagePosté: 12 Aoû 2024, 09:52 
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Robot in Disguise
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Inscription: 13 Juil 2005, 09:00
Messages: 36228
Localisation: Paris
Arnotte a écrit:
Art Core a tout dit.
Il a aussi dit quelque chose qui va lui valoir un MP de Billy Budd.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste
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MessagePosté: 12 Aoû 2024, 10:00 
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Oui ou un message de Castorp :mrgreen:.

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CroqAnimement votre


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