Forum de FilmDeCulte

j'avais vu nos plus belles années de gabriele muccino, que j'avais vraiment bien aimé.

c'était donc un exercice intéressant de remake / plagiat / inspiration de nous nous sommes tant aimés, démarche assez logique tant l'idée fondamentale est aussi basique que smashesque : une fresque amicale sur 30 ans, couvrant l'histoire des individus autant que celle du pays, et la manière dont les deux sont liées. en france il y a les années d'annie ernaux, en version individuelle et extrêmement égocentrique, ou play d'anthony marciano avec une forme et un ton fort différents, mais enfin dans l'absolu n'importe quel cinéaste peut reprendre l'idée dans son pays tous les dix ans et faire un truc vachement bien.

mais tout commence ici. il se trouve que je suis totalement ignare concernant la société italienne et la cinéma italien, ce qui est assez ennuyeux tant le film baigne totalement et joyeusement dans les deux. c'était une projection dans le cadre d'un ciné club, avec une intervention d'une prof d'italien de sciences-po et grande cinéphile qui est venue donner quelques clefs, mais après la projection et de manière peu claire. du coup, quand même l'impression d'avoir raté des choses.
raté des choses tant dans le fond, la narration et les thématiques et les références (la trajectoire du communisme sur 30 ans en italie, bon...) que dans la forme, qui est assez particulière. c'est à dire que les grandes étapes (tel couple se met ensemble, tel autre rompt, les événements pros etc) ne sont pas racontés directement mais incidemment. c'est souvent stimulant et ça permet une vraie créativité dans la narration, mais on peut être aussi largué si tu penses à autre chose 20 secondes (et si tu confonds les gens parce qu'ils se ressemblent un peu les uns les autres...).

je ne me sens donc pas outrageusement légitime pour formuler de grandes critiques sophistiquées, mais c'était quand même très bien, l'histoire est merveilleuse, il y a mille choses de cinéma magiques - des scènes fabuleuses avec des petites idées de mise en scène et de scénario géniales (quand le personnage s'arrête pour raconter au spectateur ce qui va se passer ensuite, quand les personnages reproduisent ce qu'ils ont vu au théatre avant, quand deux personnages se disent ce qu'ils ont sur le coeur dans une mise en scène surréaliste, les jeux de lumière pour mettre dans la lumière ou l'obscurité des personnages...). il y a des choses très drôles (le gauchiste perpétuellement furieux et incontrolable, le gros et monstrueux promoteur véreux...).
ensuite c'était un exercice intéressant d'empathie, parce que je me sentais quand même assez loin de ces gens - je suis plus proche des protagonistes de play que de boomers communistes italiens, et le film s'adresse directement et explicitement aux boomers communistes italiens en leur disant "c'est notre histoire". et ça m'a semblé très italien, qui sont bien sûr très proches des français mais avec une légère distance dont j'ai eu du mal à faire abstraction. ce qui n'était pas le cas dans nos plus belles années, où ils étaient pourtant tous très très italiens. je ne sais pas pourquoi.

bref, je suis resté assez extérieur au truc, tout en étant régulièrement impressionné et en notant plein d'idées géniales et ça m'a quand même fait dire que tous les profs de sciences po ne sont pas extraordinaires.

Film que je compte voir depuis des années. Je m'en fais une telle montagne que je risque d'être déçu...

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)

J'avais adoré. Il faut que je le revois.

N'importe quoi les personnages sont hyper caractérisés à la fois moralement et physiquement, même si ce n'est pas caricatural.

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.

Jean-Paul Sartre

C'est bien mais oui il manque un truc pour être aussi ému que ce que vise Scola.