Forum de FilmDeCulte

je ne sais pas trop pourquoi il n'y a pas de topic, il y en a d'autres sur des films de bava, mais j'ai bien cherché et rien.

c'est un gros morceau, un classique à la fiche wiki de 10 kilomètres de long, connu pour avoir fondamentalement inventé le giallo.
et c'est effectivement totalement iconique, un truc assez incroyable avec une inventivité, une identité de cinéma qui emporte totalement, le genre de films qui fait aimer le cinéma tant il montre la liberté qu'on peut avoir, tout ce qu'on peut inventer, à quel point c'est un medium dont les seules limites sont celles qu'on s'impose.

ici en l’occurrence, dans le fond c'est une intrigue policière de 93ème zone. c'est l'origine du terme giallo, ça fait référence aux polars industriels de pietre qualité qui étaient publiés en italie dans une collection dont le jaune était le code couleur (comme le noir pour les séries noires ici). et c'est effectivement au delà du basique, voire franchement nullos en tant qu'intrigue policière. mais c'est marrant, mon premier reflexe serait de penser que quitte à avoir une intrigue pretexte, autant s'en foutre et se concentrer sur autre chose. mais le film le raconte malgré tout relativement sérieusement son truc, et ce n'est pas un défaut, tant ça ancre le film dans son monde, le fait être ce qu'il est à 100%, sans chercher d'alibi, sans faire de clins d'oeil à son spectateur, rien.

et dans la forme, c'est tout simplement à couper le souffle. chaque plan est iconique, chaque décors, chaque accessoire, chaque cadre, chaque couleur, tout este extraordinaire. c'est fait avec un petit budget, et si je comprends bien ce n'est même pas le recyclage d'éléments déjà établis : son précédent était en noir et blanc et il a vraiment inventé ces codes là. c'est un smash de chaque instant, tant c'est puissant, cohérent, ça utilise les possibilités du cinéma dans ses moindres recoins, pour un choc esthétique qui n'est pourtant pas gratuit : les choses sont refléchies, ont du sens - pas pour explorer le sens de la vie à travers l'utilisation de la couleur violette mais pour raconter son histoire à travers les couleurs et les effets visuels, et créer un univers dans lequel cette histoire ridicule a son sens. chaque plan mérite une capture, ça donne envie de s'y plonger sans fin pour s'en inspirer, c'est incroyable.

mais c'est évidemment aussi marquant pour ses meurtres. ils sont d'une grande violence, brutaux. ils sont puissants, esthétiques, marquants, inventifs, effrayants. ce sont de grandes scènes de meurtres, mais aussi une esthétisation sans état d'âme des 'violences faites aux femmes'. c'est marquant, parce que ça fait clairement référence à ces marqueurs là, ça titille ces fantasmes là. et du coup, en même temps qu'en étant choqué par la violence des scènes, en même temps que tu te dis que c'est ultra impressionnant, tu es nécessairement troublé humainement et moralement. et c'est à ce moment là que le fond et la forme du film se rejoignent, que la liberté artistique dans la création esthétique du film rejoint celle dans le fond. c'est un rêve pervers, une exploration d'un psyché nécessairement dégueulasse autant chez le créateur que dans son public 1er degré. à l'heure où la société s'interroge plus sur la moralité des images (enfin, exclusivement celles avec une problématique sexuelle), c'est un cas d'école. moi je suis bien persuadé que les artistes c'est pas ta mère et que le rôle de l'art est de perturber la paix et d'explorer les trucs sombres, interroger les certitudes, etc, donc qu'on explore les trucs dégueus au fond du cerveau ça me gêne pas. mais sous couvert de genre, cette exploitation sans état d'âme des fantasmes de violence et de tortures sur les corps féminins acceptée sans états d'âme à une époque reflète sans doute l'état de la société à l'époque.

quoi qu'il en soit, c'est iconique et spectaculaire.
(dispo sur mycanal en bonne qualité)

Ah merci d'avoir grosso modo su exprimer tout ce que je pense de ce film (et que j'aurais été bien incapable de faire moi-même).

Dans la pile de mes téléchargements sur Shadowz. Donc dispo sur la plateforme pour les intéressés.

J'ajoute à la watchlist.

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Je l'avais vu il y a 20 ans amais je ne m'en souvenais quasiment plus (voire plus du tout). Ce topic m'a convaincu de lui redonner une chance... et j'ai souffert.

En fait je crois que le giallo est vraiment un genre que je n'aime pas. Il souffre pour moi du problème général du cinéma d'horreur qui parfois se résumé à une collection de scènes chocs au sein d'un récit ennuyeux et sans intérêt. C'est totalement le cas ici où après une entrée en matière stylée et réussie dans son ambiance (la tempête, la maison, les couleurs dingues, le tueur mystérieux et flippant) le film tombe dans une intrigue policière nullissime (toutes les scènes avec le flic sont chiantes et visuellement soudain totalement plates, suréclairées et télévisuelles) et il faut attendre le morceau de bravoure suivant (=meurtre) pour vibrer un peu. Dommage parce que la dernière demi-heure est vraiment bien, soudain le récit se fait pervers comme il faut et le baroque de la mise en scène s'assume pleinement. Du coup le film est court et se regarde facilement mais comme je l'avais oublié une première fois, je suis persuadé que je l'oublierai cette fois aussi tant j'ai vraiment l'impression d'un bel objet totalement vide.

3/6

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CroqAnimement votre

J'allais le dire. Je ne comprends pas que dans ceux que j'ai vus (y compris ce Bava récemment), il n'y ait à ce point aucun effort de scénario, au point que rien ne semble crédible ni même cohérent.

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)

Ouais, c'est clairement de la daube que je ne risque pas de voir. Je comprends qu'il y ait un plaisir fétichiste à apprécier la composition des plans ou le soin apporté au décor, mais c'est sûrement sans intérêt à part ça.

m'enfin.

art, je constate qu'entre le début, la dernière demi heure, et les meurtres, on arrive quand même à 55 minutes de film sur 1h25. techniquement ça nous mène à plus de 3/6, les chiffres ne mentent pas.

pour le reste, effectivement on est plus dans le domaine de l'horreur que de l'intrigue policière et je ne maitrise pas assez l'histoire des genres pour le dire, mais je n'ai pu m'empêcher de penser qu'on tenait aussi là un contributeur fondamental de la naissance des slashers. très clairement c'est une grosse ref pour un couteau dans le coeur, mais pas invraisemblable du tout que ça ait planté une graine dans le cerveau de john carpenter aussi.

pour le reste, je comprends que ça rebute, mais je regarde assez de thrillers des années 90 pour être honnête avec moi-même et assumer que les intrigues d'exploitation nullasses ne me font pas peur.

Oui mais je devrais pas m'ennuyer dans un film d'1h25 et pourtant ça a été le cas.
J'ai oublié de parler des acteurs d'ailleurs tous à peu près nul aussi hommes comme femmes (l'actrice principale est pas mal allez) mais ça c'est une constante de ce genre je crois même chez Argento.

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CroqAnimement votre

Je retire de la watchlist.

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un comportement insensé.

Nan en vrai, ça reste mais c'est pas une prio (encore traumatisé par les premiers Argento faibles).

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je n'avais vu que suspiria, qui m'avait laissé d'un marbre infrangible.

Le look du tueur est vraiment cool, ainsi que son modus operandi. Mais sinon oui ça a bien vieilli, plus même que les Hammer de la même époque (sans parler des Corman avec Vincent Price), dépassé par la droite en termes de saleté impitoyable par L'eventreur de NY notamment. Certes chez Fulci il n'y a plus ce travail sur les couleurs, mais tout le côté délire sadique et obscène est poussé à son paroxysme.

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Looks like meat's back on the menu, boys!

toujours friand de meurtres à la saleté impitoyable, je note l'éventreur de ny, merci.
je n'avais pas explicitement noté le look du tueur qui est effectivement génial, et je note que les contempteurs du topic ont également passé ce point sous silence, sûrement parce que ça ne rentrait pas dans leur narratif...