A Scanner Darkly Long et bavard mais pas inintéressant dans son procédé qui confère une certaine atmosphère paranoïaque, notamment dans le côté "grouillant" du costume, des insectes, l'image qui bouge constamment, etc...après, au-delà de ça, c'est inutilement long dans ses scènes de délires de camés.
L'Île aux chiens Le film confirme que les systématismes de mise en scène d'Anderson se prêtent davantage à la stop-motion, comme si la mécanique millimétrée propre à ce style "maison de poupées" collait avec un tournage à l'échelle d'une maison de poupées justement. Malheureusement, comme toujours chez le cinéaste, cette fabrication particulièrement ostentatoire étouffe quelque peu l'émotion (surtout que, pour une fois, Desplat n'a pas composé une nappe omniprésente et sirupeuse mais une très belle BO de tambours taiko vénères). Le film est formellement sublime, qu'il s'agisse de la mise en scène ou de la direction artistique, qui se font paradoxalement épiques par moments, et relativement amusant, même si j'ai jamais fait plus que pouffer du nez, mais ça ne m'a jamais touché.
Pinocchio (Del Toro) Une fois de plus, Del Toro signe un film à propos de l'enfance sur fond de totalitarisme, remplaçant la Guerre Civile Espagnole de ses précédents films et le XIXème siècle de Carlo Collodi par l'Italie de Mussolini. Cette altération temporelle n'est que l'un des aspects de la relecture proposée par le cinéaste qui lui permettent de subvertir le conte original. Si Crimson Peak pervertissait déjà Barbe Bleue par le biais d'une émancipation sexuelle, ce Pinocchio va à l'encontre de la morale originelle faisant l'éloge de l'obéissance chez les jeunes garçons. En exorcisant plus que jamais son envie de faire son Frankenstein, une marotte qui transparaît à travers toute une filmographie hantée de faux monstres non-morts, Del Toro compose une fable fascinante sur le martyr de l'enfant aux mains de "pères imparfaits". A l'instar de La Forme de l'eau, c'est un film que je trouve riche et intéressant mais qui peine à m'emporter complètement. Mais c'est plus abouti que Nightmare Alley. A revoir.
Brisby et le Secret de Nimh Film culte de mon enfance qui me faisait péfly et tripper. Ça avait un peu pris cher quand je l'avais revu mais quand même fort.
Tempête de boulettes géantes Y a pas l'émotion pure de Dragons, avec lequel il partage néanmoins de manière amusante certains points en commun (l'arc général du perso qui est un inventeur et le gros boulet de la ville et qui cherche l'approbation de son père veuf), mais dans le genre "que de l'humour", c'est incroyable. Principalement parce que le film part d'un pitch débile, avec un protagoniste débile, et multiplie les gags sur-débiles. Et y va à FOND. Je crois que c'est le film le plus ZAZ que j'ai vu depuis longtemps (à l'époque où les ZAZ ne se limitaient pas à de la simple parodie de scènes célèbres de films mais donnaient dans le gag absurde complètement con). C'est parfois "Top Secret-ien" dans la comédie. Ca faisait longtemps que j'avais pas autant ri devant un film d'animation, devant un film tout court d'ailleurs. Et pour soutenir tout ça, y a des persos qui existent, un doublage aux petits oignons, une mise en scène souvent épique, une animation au poil avec des textures supra-réalistes...
South Park Un monument d'humour qui me fait encore rire 20 ans après qui parvient à utiliser des blagues pipi-caca-prout pour cingler le puritanisme américain ET à être une vraie comédie musicale avec des chansons géniales.
La Grande Aventure Lego Lord & Miller auraient facilement pu se contenter de pondre un produit calibré, en greffant un monomythe de base et un McGuffin. Ils auraient pu en faire un film très drôle, avec quelques clins d’œil et références bien senties, pour hisser le tout légèrement au-delà du tout-venant. Oui, ils auraient pu s'arrêter là. Ils auraient pu signer un film conventionnel réussi et ça aurait été très bien. Au lieu de ça, le duo s'est complètement réapproprié le projet et livre une œuvre qui s'inscrit dans la droite lignée de leurs efforts précédents, le ZAZien Tempête de boulettes géantes et le self-aware 21 Jump Street, deux autres films à pitches pas crédibles que le tandem avait su retourner pour mieux en détourner les codes. Ainsi, The Lego Movie est une merveille méta - métafilmique, métaludique, métanarrative, métapublicitaire - qui ose être gentiment subversif avec ses origines lucratives et déconstruit avec des Lego le hero's journey pour mieux servir un propos aussi niais qu'un poster de chaton et toutefois transcendé par un message sain véhiculé par une fin des plus touchantes. Le grand méchant du film, représenté par le Président Business (également appelé Lord Business), n'est autre que le capitalisme, cherchant à mettre fin au monde via l'uniformisation totale, dissimulé au peuple qu'il divertit par des sitcoms débiles et des chaînes de café trop cher (je vous jure, j'invente rien). Mais la réelle intelligence de Lord & Miller est d'aller encore plus loin que ça. Comment? En comprenant le point de vue d'un enfant. Un enfant ne voit pas le mal partout. Un enfant mélange ses jouets quand il joue. Et c'est le message du film, qui est une véritable ode à la créativité et une vision optimiste du monde. Nul autre jouet ne pouvait se prêter à ce propos, le Lego c'est le potentiel à l'état pur. Tout est possible. Et le jusqu'au-boutisme du parti pris esthétique donne naissance à des visuels absolument sublimes. L'océan en Lego, c'est une merveille de pop art. Et Lord & Miller mettent ça en scène avec une énergie de folie. "Comme si Michael Bay avait kidnappé Henry Selick pour le forcer à réaliser un film".
Les Aventures de Tintin : Le Secret de La Licorne Le film n'est pas juste hors-temps mais tout simplement hors-réalité. Ce n'est pas le monde réel. Ça se passe en 1944 - on est obligé, par défaut, de se fier à la date du journal - mais il n'y a aucun signe de la guerre. Et puis ils ont tous des gueules à la Hergé quoi. La performance capture souligne ce parti-pris. On est quasiment dans de la peinture hyper-réaliste et l'esthétique du film laisse l'impression d'être dans un rêve. Ce rêve, c'est celui de Spielberg. L'animation photoréaliste est probablement ce qu'on peut avoir de plus pur comme manifestation de l'imagination de Spielberg. Le fléau de tout réalisateur, tout artiste en fait, est de réussir à obtenir après tournage et montage et post-production un résultat le plus proche possible de ce qu'il avait en tête et j'ai l'impression que le procédé adopté sur Tintin permet précisément cela à Spielberg. Nul doute que Kaminski a apporté son expertise sur Tintin mais c'est Spielberg lui-même qui est crédité comme "lighting consultant" et il dit qu'il ne s'est jamais senti aussi proche d'un peintre que sur ce film. Par conséquent, je lui trouve une qualité proprement fascinante. Ce n'est évidemment pas le film "le plus Spielberg", le plus représentatif, le plus personnel et encore moins son meilleur film, mais c'est sans aucun doute celui où il se lâche le plus, où il laisse le plus libre cours à son imagination, où "anything goes", comme en témoignent ces transitions abusées ou ce célèbre plan-séquence de la poursuite de Bagghar. En un sens, Tintin c'est l'expression sans filtre du ça de Spielberg.
VOTES POUR TINTIN LEGO SOUTH PARK TEMPÊTE
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