Forum de FilmDeCulte

Il y a les films qui sont des chefs d’oeuvre indubitables, d’autres qui exploitent avec talent un genre, parfois les deux (Die Hard me vient à l’esprit) et puis ceux qui correspondent à une sensibilité propre du spectateur.
C’est un peu l’impression que j’ai eue devant les deux derniers de Petri que j’ai vus, La Classe ouvrière va au paradis et celui-ci. Il y a quelque chose de tonitruant dans son cinéma, ou dans ce film-ci, de frénétique, qui peut-être ne me correspond pas tout à fait, dussé-je faire un film, mais ce ton de comédie noire existentielle, qui ne s’interdit aucune fantaisie, fait fi de la vraisemblance, c’est vraiment mon truc (I Heart Huckabees de David O’Russell est un exemple rare de films relativement récents du même style).
En sus, une maestria dans la mise en scène et dans la manière dont elle donne du relief aux choses, comme la barre métallique du lit d’hôpital lors de la scène d’amour entre Aurore Clément et Giancarlo Giannini (acteur fétiche de Lina Wertmüller et excellent, surtout dans ces moments où il baisse la garde), ou le toit de la voiture sur lequel ce dernier donne des coups à la fin, et à un magma bouillonnant qui fait toujours surgir quelque chose dans ou en périphérie du plan ou de l'action.
Le film se passe dans une espèce de futur proche, préapocalyptique, où il est question d’attentats à répétition, de virus respiratoire (tiens tiens) et des ordures non collectées jonchent partout les rues. La violence terroriste fait référence aux années de plomb encore inachevées. La fable comique prend pour protagoniste principal et pour thèmes, ce qui sont des clichés de la comédie à l’italienne, le macho obsédé par la relation avec les femmes, mais en fournit une version éloignée de celle de chez Risi, portée sur la psychanalyse et une angoisse plus métaphysique. Il faut un peu imaginer un Godard pas prétentieux (l’un des deux avis spectateurs sur IMDB mentionne d’emblée Weekend, référence qui tombe sous le sens). Excellent et Elio Petri est un réalisateur vraiment sous-estimé, le fait que le film soit aussi peu commenté est... absurde.

PS : plus je repense au dernier Ostlund, plus je me dis que c'est vraiment bof, même si c'est amusant, une succession de saynètes surécrites, surpréparées où il est pas décidé à perdre le contrôle, faisant des blagues un peu trop évidentes sur l'état actuel des choses. Petri, qui commentait peu ou prou la même chose - les affres de la société du spectacle -, va fouiller du côté d'un tremblement métaphysique et d'un humour autrement plus intéressants.