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MessagePosté: 27 Juin 2021, 18:28 
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Robot in Disguise
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Projet entre-deux et difficile à appréhender: premier film "de cité" et pourtant approche à la fois élégiaque et fictionnalisée. C'est un peu de la chronique cinéma-vérité, parcourue parfois de décrochages trippants (très belle photo par moments d'ailleurs) mais aussi d'un récit central qui requiert un saut de foi conséquent:
le jeune qui construit son labo/station spatiale dans l'immeuble en ruines.
Du coup on sait pas trop sur quel pied danser.

En général cette incertitude me sied et j'aime les films qui échappent aux cases, mais vu qu'ici je ne sais pas trop ce que le film essaie de raconter et que, pour être tout à fait honnête, je m'ennuie un poil, ces errements tonaux me désarçonnent plus qu'autre chose. J'apprécie pourtant certains moments poétiques et inattendus et la vibe étonnamment positive du film vu son pedigree
(Finnegan Oldfield qui commence comme un méchant avant de juste devenir un bon pote)
, mais ça ne suffit pas à me convaincre.

A la limite le mieux c'est le témoignage sur les changements de la cité, les banlieusards des années 60 qu'on voit au début cédant la place aux "beurs" des années 80 puis à la génération actuelle. C'est un bel hommage mais on sait pas trop où ça veut en venir. Donc petite déception par rapport à la réputation du film.

Et puis trigger warning privatisation de Vélibs.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste
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MessagePosté: 29 Juin 2021, 21:15 
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Moi j'ai trouvé ça sublime.

Ça commence comme un improbable Les Goonies réaliste, français et sociétal (non, ce ne sont pas des pléonasmes), avec ces deux ados qui se battent pour sauver leur cité comme Mickey et ses potes voulaient "sauver la maison des Goonies" mais il n'est point question de pirates ici même si le récit va basculer vers une sorte de fantastique. En fait, on est quelque part entre l'héritage du réalisme poétique et le réalisme magique, avec ce postulat qui arrive passé le premier acte et qui annonce la couleur d'un film qui n'a peur de rien. Et si j'ai pensé également à Rencontres du troisième type, ce n'est pas tant pour les envolées lyriques de la dernière partie mais pour ce que le film raconte de son personnage. Pour citer un autre film de cette génération, l'aventure est intérieure.

Si l'arbre cache la forêt, la barre HLM de Youri cache ce qu'il est en train de perdre réellement, son enfance. Entre un lieu qui l'a vu grandir et qui menace de disparaître et une mère qui l'a déjà fait, le héros fuit dans un imaginaire, une passion, un destin fantasmé, une réalité réinterprétée, tout pour esquiver ce douloureux passage à l'âge adulte. La richesse du film est de réussir à doubler ce récit intime d'un ancrage politique jamais surfait mais qui dit tout.

Et formellement, c'est tellement rafraîchissant de voir une telle proposition, qui a su dénicher le merveilleux de la banlieue. Vraiment, une belle réussite.

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MessagePosté: 30 Juin 2021, 09:24 
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Je me situe entre QGJ et FF. Je trouve que c'est un premier film quand même assez impressionnant par son ambition, son ampleur, son refus du compromis, il va au bout de ses idées et visuellement c'est vraiment solide. C'est lyrique, c'est inspiré, maîtrisé, la photo est magnifique, l'utilisation de la musique est parfaite, très riche et dense ça commence comme un mix entre Koyaanisqatsi de Glass et Interstellar de Zimmer puis on passe sur de la chanson arabe, de la chanson française sans que ça paraisse forcé ou quoi.

Après mon problème est plus structurel, je trouve le scénario un peu mal foutu avec une gestion des personnages pas toujours très réussie comme le perso de Lyna Khoudri qui disparaît mystérieusement pendant tout un pan de la première partie sans qu'on sache pourquoi ou le personnage de Finnegan Oldfield, plutôt réussi et touchant mais qui s'évapore du film sans aucune conclusion
il n'est pas là à la fin, doit-on supposer qu'il s'est suicidé ?
Et j'ai un problème d'incarnation sur le personnage principal. L'acteur est bien mais il est trop monolithique, il ne s'ouvre pas vraiment, reste un peu trop théorique. J'aurais aimé être beaucoup plus ému mais ça a pas été vraiment le cas. Toute la dernière partie, j'adore l'idée mais ça va beaucoup trop vite je trouve, j'aurais aimé qu'on soit vraiment avec le perso en mode survie mais on reste un peu trop à distance, là encore dans quelque chose de presque théorique. D'où par moments ce sentiment que le film est un peu un catalogue d'idées qui ont un peu du mal à tenir totalement entre elles.

Autre chose qui m'a un peu dérangé c'est finalement la naïveté du film. Cette image gentillette de la cité comme d'un cocon doudou qu'on ne veut pas quitter. Je ne nie pas cette réalité mais le film ne montre pas la violence, il ne montre pas (beaucoup) la vétusté des appartements, il ne montre pas la misère. On fait une séquence montage sympa où les femmes font du jogging, où les jeunes participent à la vie de la communauté, on fait un pique-nique pour voir l'éclipse (séquence très réussie par ailleurs) mais une partie de moi ne pouvait pas s'empêcher de penser que c'était encore un film réalisés par des gens "hors de ce milieu" qui l'idéalisent (aucune idée du background des réals peut-être ont-ils vraiment grandi là).

En fait le film m'a rappelé un film qui n'a pourtant rien à voir c'est J'ai perdu mon corps. Même sensation en effet d'un certain "réalisme magique", avec des idées poétiques et quelque chose de planant dans un cadre dur où le tragique n'est jamais très loin. J'ai l'air de pas avoir beaucoup aimé mais en fait si, je suis sincèrement impressionné par le film et je me dis qu'on a peut-être découvert deux cinéastes avec un fort potentiel parce qu'il y a indéniablement du talent derrière. Je trouve juste dommage qu'il manque un petit peu de rigueur dans le scénario.

4/6

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CroqAnimement votre


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MessagePosté: 30 Juin 2021, 09:37 
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On aurait dit qu'il y aurait un petit côté Mercuriales dans la vibe mais en fait on dirait que ça tire plus du côté du clip de PNL (qui avait investi le même endroit il faut dire).


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MessagePosté: 05 Juil 2021, 09:25 
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Je trouve le projet du film formidable mais je suis un peu déçu au final.

L'idée de faire de la cité Gagarine un vaisseau spatial, qui serait en orbite autour de la Terre / Paris telle une banlieue céleste comme évoqué à un moment, est à mon sens pas assez poussé à l'extrême pour complétement m'emporter. A un moment, le diagnostic des dégradations du bâtiment, récitées tels des avaries d'un vaisseau, m'a fait pensé qu'on basculerait dans une abstraction plus forte mais on reste dans un entre deux qui à mon sens est préjudiciable au film, qui n'arrive pas à complètement lâcher son côté réaliste / social, alors que je pense que ça aurait pu fonctionner d'adopter plus franchement le "magique" pour justement retrouver in fine l'émotion du "réalisme".

Par exemple, la très belle scène avec les personnages perchés en haut de la grue, tels des astronautes qui observent le soleil se lever sur la Terre lointaine, est à mon sens un peu bloquée émotionnellement par ce manque de radicalité dans le mode du récit...

Bon je suis un peu sévère mais le film est plein de qualités, comme cette observation du changement des générations qui se sont succédées et sont de plus en plus coupés du monde, comme si la liaison radio était rompue, et la génération actuelle qui cherche à exister alors qu'on ne lui en donne pas l'opportunité, même si ça reste trop théorique dans l'ensemble pour complètement me toucher. Il y a malgré tout un geste de cinéma assez vivifiant et j'espère que les réals pourront enchainer.


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MessagePosté: 27 Avr 2022, 06:57 
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Sir Flashball
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Beau film sur l'abandon et l'impossibilité de communiquer (le lien avec Rencontres du troisième type que fait Freak est bien vu), formellement splendide (c'est génial de filmer la cité comme un vaisseau spatial, et ce dès les premiers plans), même si je trouve que le film peine (et tous ses défauts viennent de là) parce qu'il a du mal à justifier son postulat : pourquoi est-ce que Youri, petit génie des maths et de l'électronique, est aussi seul et isolé ?

Mais c'est un très beau premier film, et j'en redemande.

4,5/6

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
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MessagePosté: 27 Avr 2022, 07:53 
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La banlieue comme un vaisseau spatial c'était aussi l'angle du demi-documentaire Swagger il y a 5-6 ans. J'en ai un bon souvenir même s'il y avait l'éternelle ambiguïté de l'esthétisation d'un sujet social, et que le film installait une opposition entre l'appel à l' imaginaire et un propos plus directement politique, qui correspond à son tour à celle qui distingue le regard sur soi-même de celui sur l'autre. Le parcours des adolescents était dès lors très individualisé. Mais cette tension est celle de l'époque entière.

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.


Jean-Paul Sartre


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MessagePosté: 30 Oct 2022, 23:51 
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C'est nul à chier, et à la limite, ça aurait dû faire l'objet d'un documentaire, si possible en évitant les niaiseries. Passés quelques plans de drone léchés de la cité, on se retrouve face à un tone poem mélancolique, avec musique planante, entrecoupée de Gainsbourg et de The Streets. Finnegan Oldfield se retrouve greffé comme par erreur au sein d'un casting plutôt naturel et comme s'il jouait dans son propre film, à côté. Ça se finit par un climax noyé prévisiblement sous les arpèges. Ce genre de réalisme magique devrait être interdit. Un vidéoclip étiré et d'une gnangnantise absolue.
Le duo de réalisateurs avait fait un court-métrage sur l'ensemble qui tombe en ruines à Aubervilliers, inspiré des Etoiles à Ivry à deux pas de la Cité Gagarine. Ici, en choisissant de faire fond du pour décliner une espèce de rêverie cosmique et solipsiste (avec un petit côté Seul sur Mars dans ce développement sur la serre du héros) semble facile. On notera les similitudes avec Rodéo dans la façon d'investir de manière un peu tendancieuse et vampirique la banlieue, comme un faire-valoir, une énergie et son climax fantastico-cosmique.

Autre remarque : on sait pas trop quel âge ont les personnages. Dans ce monde déréalisé, on croirait au début à des lycéens, mais l'actrice principale, trente ans aujourd'hui, qui devait donc être aux alentours de 27 ans au moment du tournage, nous détrompe (en partie, vu qu'elle peut faire adolescente), le personnage principal a la bagatelle de neuf ans de moins qu'elle, c'est-à-dire, dix-huit ans au moment du film.


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MessagePosté: 31 Oct 2022, 10:30 
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Pour la référence bien vue à Rencontres du Troisième Type, please, la référence est explicite à la fin..;


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MessagePosté: 31 Oct 2022, 10:46 
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On parlait pas de visuel.

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MessagePosté: 31 Oct 2022, 13:58 
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Deux avis allocine résument assez bien la chose :

Citation:
Un film plein de bons sentiments sans profondeur. Savent-ils ce que c'est que vivre seul dans la pauvreté? On dirait qu'ils (les réalisateurs) ont montré la pauvreté telle qu'il la voudrait sans la saleté, la violence et ses vrais mots. On peut être dans l'onirisme et le réalisme en même temps, cela aurait pu être, dans tous les sens du terme, un film fantastique.
L'imagination de la bourgeoisie peut être très dérangeante


Citation:
Parce qu’après cette introduction qui questionnait le projet grâce un habile jeu de montage, voilà que le film bascule tantôt dans la fiction « ladjiliesque », tantôt dans le naturalisme kéchichien, pour parfois revenir vers une forme d’onirisme qui n’est pas sans rappeler l’ « Asphalte » de Samuel Benchetrit.
Le souci c’est que non seulement tous ces aspects peinent à faire corps entre eux, mais surtout – et c’est le vrai problème – c’est qu’à part l’introduction, aucun de ces éléments ne parvient à fonctionner à lui seul et pour lui-même.
…Et c’est là que revient à la figure de ce film – et douloureusement – la question de l’artifice.

Car comme je le disais plus haut : l’artifice fonctionne sitôt nous fait-il oublier que nous sommes en train de regarder un film.
Or, me concernant, sur de trop nombreux aspects « Gagarine » a peiné à convaincre.
Et plus que les lieux, ce sont surtout les gens qui chez moi ont fait toc.

Un gamin dont les parents sont arrivés d’Afrique au début des années 2000 et qui décident d’appeler leur fils Youri en référence à la cité dans laquelle ils ont débarqués ? …Toc.
Un gamin abandonné par sa mère mais qui peut vivre seul à la maison – chez lui – avec un super télescope qui vaut plusieurs milliers d’euros ? …Toc.
Un gamin qu’on ne voit jamais aller à l’école mais qui dispose des compétences techniques d’un ouvrier qualifié titulaire d’un BTS d’électronique ? …Toc.
Un gamin qui est teeeeeellement attaché à sa cité qu’il fait tout pour la retaper afin qu’elle ne soit pas détruite ? …Toc.
(Je peux encore entendre qu’un vieux qui ait emménagé dans sa cité dans les années 60 ou 70 soit attaché à sa cité. Mais pas un gosse d’aujourd’hui.)
Le jeune petit bobo qui essaye de jouer les dealers de pied d’immeuble ? …Toc.

…Et puis s’ajoutent à cela toutes ces kéchicheries qui nous rappellent l’origine sociale des deux auteurs.
Quand la vieille mamie raconte son arrivée à Gagarine, il faut qu’elle se mette à chanter.
Quand la gamine rom se met à négocier avec le ferrailleur rom, il faut qu’ils se mettent eux aussi à chanter. (Véridique.)
Quand des mamas du quartier se réunissent c’est pour faire une séance de yoga-karaté en dansant et en riant…
Tout ça a des allures de carte postale pittoresque pour bobos de centre-ville en mal de safari en pleine Prolétarie.
C’est certes plus maladroit que blâmable en soi certes, mais le résultat est là.
Les kéchicheries, chez moi, c’est du toc au carré.


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MessagePosté: 31 Oct 2022, 17:15 
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Citation:
Deux avis allocine

Le mec l'a tellement mauvaise d'être le seul avis négatif dans ce topic qu'il va creuser les bas-fonds du net pour dire "chuis pas le seul à le dire hein!".

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MessagePosté: 31 Oct 2022, 17:24 
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Je suis assez dépité de la façon dont un imaginaire toc et bourgeois est complaisamment validé en ces parages, je l’admets.


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MessagePosté: 31 Oct 2022, 19:01 
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Sir Flashball
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Si tu pouvais mettre un avatar toc et bourgeois, au passage.

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