Forum de FilmDeCulte

On continue ma rétro Fleischer sporadique avec ce film repéré grâce aux découvertes Jéronimo 2021, mais évidemment l'animal n'a pas créé de topic.

Étonnant film ! C'est un projet protéiforme, en plus de se situer au confluent des époques. Il y a un côté polar à la papa (avec ces flics qui mettent des chapeaux pour sauver le monde, si chers à Adèle Haenel) mais qui côtoie un univers gritty, le monde interlope de la drague gay, etc. Ce qui commence comme un film d'enquête bascule ensuite du point de vue du tueur avant de se transmuter en duel médical dans le dernier quart. Imprévisible évolution de ce film qui se veut en fait un pur film-wiki.

Mais un film-wiki incroyablement généreux. Combien de plans qui "ne servent à rien", juste là pour montrer le tedium du travail policier, cette valse de suspects, de fausses pistes, ces détails qui ne sont là que pour apporter de la texture ?

Et esthétiquement, quel pied ! Ce festival de split screens inventifs, de cadres dans le cadres, de juxtapositions. Le film est tout bonnement in-panandscanable ! On sent cette effervescence pop qu'on retrouve à la même époque dans les génériques de Bond et bien évidemment la même année dans L'AFFAIRE THOMAS CROWN. Effervescent, moderne, parfois angoissant. DePalma a dû voir le film à l'époque et être tout émoustillé.

Dans le rôle-titre, Tony Curtis est bien et livre vers la fin une super performance, presque de l'ordre du théâtre contemporain. Et sinon c'est marrant de voir George Kennedy en flic sérieux, longtemps avant les Y A-T-IL UN FLIC... Et même, dans le rôle d'un avocat, Dana Elcar de McGYVER !

Bref, très bonne découverte, Fleischer ne déçoit toujours pas.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Excellent souvenir de ce film

Fleischer c'est un cinéaste incroyable... Il doit bien y avoir 10 films de sa filmo que j'adore ou que j'ai adoré découvrir ces dernières années, et je suis content de les avoir en Blu Ray. Celui-ci est l'un des derniers sous le coude encore sous blister.

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I think we're gonna need a helmet.

Oui il y a pas mal de decouvertes à faire dans sa filmo

Ah, j'adore Fleischer. J'ai revu "Les flics ne dorment pas la nuit" récemment, c'est d'une modernité incroyable

Très bon, oui, avec cette psychose en milieu urbain qui s'installe progressivement et le final qui contraste par le vide total du décor.

L'étrangleur de Rillington Place, qui n'a rien à voir sauf pour le choix de la méthode, est encore meilleur, avec une description redoutable de la misère sociale en Angleterre. Par contre, à ne pas voir un jour de spleen.

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J'aime beaucoup Rellington mais perso je préfère l'étrangleur de bOSTON

Bien d'accord. Souvenir d'un John Hurt tout jeunot, dans le rôle de la victime expiatoire, assez prodigieux.

Découvert l'année dernière, excellent oui, surpris que le film ne soit pas plus connu.

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CroqAnimement votre

J'avoue que Attenborough dans Rillington me scotche.

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Merci pour tes encouragements !

Tu sens qu'on est au début de l'utilisation du split-screen parce que son emploi tient de la découverte où l'on est un peu foufou et on en met un peu partout, tout le temps, même quand ce n'est pas très pertinent et surtout réfléchi, l'aspect pop de l'effet de style jurant quelque peu avec la teneur procédurière et le ton très sérieux de l'approche générale de ce fait divers tout de même flippant.

Mais il y a tout de même de belles trouvailles, comme ce long passage où une case montre l'intérieur de l'appartement où deux pieds immobiles préfigurent déjà du pire tandis que le case d'à côté voit les voisins s'affairer, étirant le temps jusqu'à la découverte et donc la tension. La façon dont la mitoyenneté des cases représente les différents espaces accentue la proximité avec l'horreur, le "ça aurait pu être moi".
A d'autres moments, le dispositif illustre très bien l'accumulation des arrestations ou la paranoïa des victimes potentielles et la surexposition médiatique de l'affaire.

Et le film est surprenant dans sa structure, bifurquant à mi-parcours pour adopter le point de vue du tueur avant de nous révéler que ce point de vue est biaisé. Bon, il est criminel qu'un film utilisant autant du split-screen abandonne complètement le principe au moment même où l'on passe à un personnage qui a une split personality mais on va dire qu'on comprend que Fleischer ait envie d'aborder cette deuxième moitié de façon complètement différente. Alors ce n'est pas le premier tueur à souffrir de TDI de l'Histoire du cinéma mais on est tout de même dans une approche plus réaliste qu'un Psychose et tu sens que le film est globalement le grand-père de tous les serial thrillers à venir, qu'il s'agisse de la partie enquête ou de la partie post-arrestation, où le flic (toujours impérial Henry Fonda, qu'il est intéressant de voir vieux dans un univers aussi différent de ceux auquel il est habitué, comme dépassé) étudie le coupable (étonnant Tony Curtis à contre-emploi).

Cela étant dit, je trouve quand même les deux parties pas toujours convaincantes. L'enquête en est à peine une (presque exclusivement une succession de scènes de crime même si j'apprécie les quelques trempages de pied dans un monde interlope en mode proto-Cruising) et l'interrogatoire visant à faire admettre/comprendre au suspect qu'il est le tueur aurait été plus engageant si l'ambigüité était de mise (or le spectateur sait déjà que c'est lui donc ça manque un peu d'enjeu) même si Fleischer s'éclate une fois de plus avec une illustration subjective dans les flashbacks.

Plus stimulant formellement que narrativement en gros.

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