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MessagePosté: 28 Juil 2021, 17:58 
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Sinon le problème de ce type de cinéma est peut-être le lien entre financement et note d'intention...cela oeut dessécher des idées dont la vitalité vient du fait qu'elles travaillent l'esprit sans qu'il puisse l'exprimer. Là le sens du film est épuisé avant le film.


Bien vu. C'est assez étrange d'ailleurs cette idée de présenter une note d'intention pour produire un film. J'imagine que c'est assez unique au système français.


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MessagePosté: 28 Juil 2021, 18:06 
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ça donne envie de voir Orlando de Sally Potter.
Note d'intention :"Je veux faire une adaptation d'Orlando. Lisez le livre : il parle d'un homme qui devient une femme et vit à travers les siècles."
En parlant du transgenre, je revoyais hier le génial Colloque de chiens de Raoul Ruiz, petit bonbon roman photo qui fond bien sous le palais.


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MessagePosté: 29 Juil 2021, 08:03 
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Qui-Gon Jinn a écrit:
On vient de me faire lire la note d'intention avant tournage, un extrait pour ceux que ça intéresse:

Dans Titane, Alexia et Vincent ont en commun d’être des coquilles vides, sans devenir. Ils vivent leurs vies comme des automates dont les systèmes auraient déraillé il y a longtemps. Ils portent en eux les stigmates d’un monde au bord du gouffre, déjà obsolète. Un monde qu’il faut détruire pour qu’il puisse renaître, fort de ses mutations. Vincent est un père transhumain, gonflé aux stéroïdes, qui nie obsessionnellement la disparition de son enfant. Alexia une meurtrière, mi-femme mi-machine, qui nie celui qu’elle porte en elle. Ces faux humains vont créer une fausse famille. C’est le contact de ces deux mécanismes enrayés qui va faire naître entre eux une étincelle de vie. La métamorphose androgyne d’Alexia, venue de la nécessité, va donc paradoxalement la mettre sur la voie de son humanité et de sa maternité finale, et offrir à Vincent la possibilité d’une rédemption.



Et là, à ce stade, quelqu'un doit intervenir et lui dire "attend, y'a trop de choses là-dedans, c'est sympa de caser plein de concepts à la mode mais il faut que ça fasse sens, et que ça fasse film surtout".
Déjà, le "monde au bord du gouffre", on ne le voit pas, jamais, les rares personnages secondaires sont comme en vase clos, pères mutiques, victimes anonymes et pompiers interchangeables, donc le film n'a pas de message anthropologique, il ne dit rien de la société, il n'explique rien des agissements de l'héroïne - c'est pratique de la rendre imprévisible d'emblée pour ajouter de la tension, mais ça ne construit pas un personnage. Si elle avait un passé, une épaisseur, moi je pourrais gober les meurtres et la grossesse réels ou fantasmés d'une femme qui a littéralement un pète au casque et qui tente de survivre avec ça, je pourrais gober le vieux cliché des deux paumés qui se rencontrent et forment une famille improbable... En revanche, le coup de "la métamorphose androgyne", ça n'apporte rien et c'est mal utilisé comme tout. Si le film entend véhiculer une vision sur la condition féminine ou sur "un monde au bord du gouffre", c'est raté parce qu'il veut trop en faire, il accumule trop de références pas bien digérées (rien que le traveling d'ouverture Drive où on suit le blouson de la nana qui circule entre les gens et les bagnoles...) et il cède à trop de tentations thématiques pour en suivre une correctement.
Et pourtant, ça reste une expérience quand même, j'en suis ressorti épuisé et la tête pleine de mille trucs. Et puis les fatality sont chouettes.


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MessagePosté: 29 Juil 2021, 09:02 
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Vaut mieux l'avoir en journal
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Castorp a écrit:
Vieux-Gontrand a écrit:
Aristote etait aussi fils de médecin (comme elle et Macron) et était pourtant sincèrement socialiste.

Sinon le problème de ce type de cinéma est peut-être le lien entre financement et note d'intention...cela oeut dessécher des idées dont la vitalité vient du fait qu'elles travaillent l'esprit sans qu'il puisse l'exprimer. Là le sens du film est épuisé avant le film.

Quand Kant a écrit la Critique de la Raison pure il ne savait pas ce qu'il allait conclure (d'où l'absurdité d'y chercher une hiérarchie entre science positiviste et connaissance pure, d'une certaine façon Kant formule le fait que le positivisme est contagieux et proliférant, il est à la fois cadre et contenu).


C'est un auto-défi, caser Aristote et Kant dans chacune de tes interventions ?


A chaque fois je regrette que Cowboy l'ait bloqué. Pour la peine je garde le message...

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)


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MessagePosté: 29 Juil 2021, 12:53 
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Merci.


Ou pas.

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Netflix les gars, Netflix.


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MessagePosté: 29 Juil 2021, 18:18 
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T.Rex a écrit:
Citation:
Sinon le problème de ce type de cinéma est peut-être le lien entre financement et note d'intention...cela oeut dessécher des idées dont la vitalité vient du fait qu'elles travaillent l'esprit sans qu'il puisse l'exprimer. Là le sens du film est épuisé avant le film.


Bien vu. C'est assez étrange d'ailleurs cette idée de présenter une note d'intention pour produire un film. J'imagine que c'est assez unique au système français.



C'est pour cela que dans le cinéma français actuel les premiers films sont meilleurs que le suivant, car ils viennent souvent après un court qui neutralise l'importance de la note d'intention et de sa relecture.

Maintenant Pasolini devrait expliquer pourquoi il a foutu un monosourcil à Jésus, ou Kurosawa pourquoi il décapite des femmes dans Ran. À l'époque Dino de Laurentiis ou Toscan du Plantier ou Golan et Globus ou Schlumberger (propriétaire de la Gaumont et prospecteur minier...) filaient le fric (éventuellement à laver), ou pas.

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.


Jean-Paul Sartre


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MessagePosté: 29 Juil 2021, 21:16 
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Vieux-Gontrand a écrit:
À l'époque Dino de Laurentiis ou Toscan du Plantier ou Golan et Globus ou Schlumberger


Même sur les putains de producteurs de cinéma, il faut que tu fasses du name dropping de fou furieux.
Heureusement, Kant ne faisait pas de cinéma, et Aristote n'a jamais réussi à faire produire son long, malgré un excellent court, μάρκαρχος.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
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MessagePosté: 29 Juil 2021, 23:49 
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En l'occurrence, c'était une blague. Tu as remarqué le ou pas ?


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MessagePosté: 30 Juil 2021, 11:08 
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bmntmp a écrit:
En l'occurrence, c'était une blague. Tu as remarqué le ou pas ?


Je me demande au bout de la quantième fois il aura ri, c't'autiste.


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MessagePosté: 16 Aoû 2021, 20:40 
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Au cinéma c'est quand même bien quand un réalisateur déjoue les déceptions qu'on avait sur ses précédents films.

J'avais pas vraiment aimé Grave, tout en reconnaissant le talent de Ducournau. En bref, j'avais trouvé que c'était un film d'exposition, qui ne livrait pas de discours mais plutôt une atmosphère.

Titane est beaucoup plus abouti: à la première vision, je n'ai pas compris tout le discours, car il est riche, protéiforme à l'image de sa structure et de la trajectoire de son héroïne, mais je sais, je ressens qu'il existe.

C'est un grand film sur les genres, le corps, les affections qui se nouent de manière imprévue, incompréhensible en surface. J'ai trouvé absolument sublime, jusqu'aux larmes, la description de deux êtres qui cherchent à combler un vide affectif et qui y parviennent ensemble, malgré une succession de malentendus. C'est l'énergie sexuelle, l'énergie des corps qui dit tout malgré la lubie développée par leurs esprits à chacun: Lindon fait danser son "fils" comme il ferait danser la future mère de ses enfants; et au final, c'est un peu ce qu'elle est.

Fort d'une proposition formelle assez incroyable - dès le trailer je m'étais dit que c'était au-dessus - c'est le plus beau plaidoyer transgenre que j'ai vu. Dit comme ça, cela le circonscrit à une option "woke" clivante. Mais le cinéma a ceci de précieux que les affects y sont bien plus puissants que les préjugés et j'ai bon espoir qu'un tel film marquera beaucoup de gens a priori méfiants.

Très belle Palme.


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MessagePosté: 17 Aoû 2021, 13:09 
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Super texte, ton avis fait plaisir.

Baptiste a écrit:
Lindon fait danser son "fils" comme il ferait danser la future mère de ses enfants; et au final, c'est un peu ce qu'elle est.

Je reconnais le talent de Lindon mais j'avoue que j'en suis très peu fan. Surtout ces dernières années où il s'autocaricaturait un peu à mon sens mais là c'est pour moi son meilleur rôle et surtout Ducournau arrive à le tirer hors de sa zone de confort, il prend des risques et il est tout simplement bouleversant.


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MessagePosté: 24 Aoû 2021, 10:45 
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Je vais pas en rajouter car vous avez tout dit... Les thématiques sont là, bien visibles (la filiation, la transidentité, le rapport humain / machine) mais je ne trouve que ça ne s'articule jamais vraiment dans le scénario et que la mise en scène, toute talentueuse que soit Ducournau, ne donne pas vraiment la vie ni le liant nécessaire au tout...

J'en ressort avec l'impression d'un salmigondis d'où émerge par moment une certaine beauté, trop limitée malheureusement... La scène de danse du père et du prétendu fils, finissant en un corps-à-corps pugilistique, cette acceptation finale du père et son aveu, ou encore cette belle idée de la caserne dans laquelle s'exprime une masculinité et une virilité exacerbée... Mais même tout ça n'est jamais complètement abouti je trouve.
Alors en plus quand on ajoute des trucs hors sol (et je ne parle même pas des sauts de foi narratifs, assez faciles à faire finalement, comme une voiture vivante et fertile -ADMETTONS- malgré un certain ridicule dans la mise en scène, ou l'absence de test ADN) que l'on peine à rattacher à un propos ou une cohérence globale (les meurtres initiaux ; si elle fantasme, pourquoi est-elle recherchée et identifiée par le jeune pompier? si elle fantasme, pourquoi accouche-t-elle à la fin? si elle fantasme, pourquoi la mère la voit-elle enceinte?), j'en ai eu ma claque et j'étais pressé que le film se termine.

Bref, au final je suis franchement déçu, malgré le talent certain de Ducournau, le film manque d'un propos fort qui arrive à percuter, et visuellement j'ai trouvé ça assez peu marquant. Et en plus l'émotion est finalement peu présente pour ces personnages dont j'avais plus grand à faire à mi-film.


Dernière édition par Jerónimo le 24 Aoû 2021, 11:28, édité 1 fois.

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MessagePosté: 24 Aoû 2021, 11:16 
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tape dans ses mains sur La Compagnie créole
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(Tout à fait d'accord avec Jeronimo)

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MessagePosté: 25 Aoû 2021, 17:26 
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Je suis d'accord en tous points avec Arnotte.


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MessagePosté: 25 Aoû 2021, 17:51 
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Ayant appris que Julia Ducormeau souffre d'acouphènes depuis son enfance, je pense voir le film par solidarité. Je me demande si cela n'explique pas en partie l'impression de sécheresse d'insécurité consciente et de cerebralité. Sans déconner.

_________________
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