DONC puisque tout le monde me le réclame, voici le récit de mon énième soirée de courts-métrages vécue hier soir à Paris. Je précise qu'il s'agit bien d'une soirée et pas d'un festival, qui en général sont tout de même un petit cran au-dessus.
J'apprends jeudi dernier que mon court est sélectionné dans une soirée de courts-métrages qui se tient dans un petit théâtre parisien. Au départ je ne sais pas ce qu'il fout là, mais comme c'est l'assistante de la prod qui a produit le film qui s'en occupe, j'apprendrai plus tard que c'est elle qui l'a envoyé. Au départ, comme je connais ce genre de soirées pourries et que je n'en PEUX PLUS de perdre mon temps comme ça, je cherche à décliner, mais j'apprends que mon prod ET peut-être ma comédienne principale (qui habite le quartier mais qui, au final, s'est fait porter pâle) serons là. Donc je suis coincé. Le principe de la soirée, c'est "un coup de pouce pour de futurs projets, avec des professionnels dans la salle" (lol). Or comme j'ai en projet la version longue de ce court avec ce même prod, on est pile dans le truc. Je me dis que ça ne sert à rien (déjà une soirée un dimanche soir..... Bref), mais j'y vais. Car comme je suis casanier, c'est aussi pour ça qu'il ne m'arrive jamais rien. Et là, de toute façon, je dois rendre des documents à mon prod, donc ce sera l'occasion. Déjà, ça sent pas bon. Le lieu je le connais, j'y ai déjà fait une soirée similaire, et même si c'était pas les mêmes mecs, force est de constater que je reconnais certains visages présents (la comédienne ratée qui vient te parler et qui s'empresse à chaque fois de te demander en ami facebook le lendemain, etc.). La soirée, elle, est organisée par un grand type de 50 piges. Le mec se présente comme animateur/scénariste/réalisateur/comédien (lolilol). Une quarantaine de personnes se tasse dans la salle, parmi lesquelles, c'est évident, les PDG de Pathé et UGC à l'affût de nouveaux talents. A moins que ce ne soit la famille de l'organisateur? Je passe vite sur le discours d'entrée du mec, qui nous dit que le court-métrage c'est difficile, que c'est galère à monter/à montrer, que tout le monde se connaît et qu'il y a un côté consanguin (c'est pas faux), alors que lui-même semble connaître 99% des gens qui sont là. Bref. Notre film passe en premier. Coup de bol (oui parce que c'est pas toujours le cas), le son est bon, il est au bon format, et les gens se marrent. S'ensuit une présentation sur scène de notre projet, où déjà le fait d'avoir un producteur (qui en plus est venu avec moi) n'est pas bien vu. On nous dit "en rigolant" que c'est du copinage/de la chance parce qu'on se connaît depuis longtemps, etc. qu'avoir des acteurs connus ben forcément ça ouvre des portes, ahlala. Je comprends que les mecs qui sont là CHERCHENT des prods et pas des partenaires, et je me demande encore plus ce qu'on fout là. Bref. Les autres courts arrivent. Un premier fauché mais soigné tout de même, presque "normal", en mode drame avec super twist à la Fight Club OH MON DIEU LES DEUX PERSONNAGES NE FONT QU'UN. Le mec présente son projet de long, je n'écoute même pas, rivé sur mon portable pour trouver une station-service ouverte pas loin le dimanche soir parce que oui, mon scoot est sur la réserve depuis 10 bornes, et ça mes amis c'est ce qui s'appelle vivre dangereusement. Le troisième court est écrit et interprété par le second organisateur de la soirée. Ça monte d'un cran. De comique à pathétique, le truc en mode comédie romantique est tantôt correct tantôt complètement amateur (le montage est aux fraises), et se finit sur un drame total avec un suicide, inspiré d'un fait divers, et dont le texte qui clôt le film et informe sur ce qui s'est vraiment passé est 4 FOIS TROP COURT POUR QU'ON PUISSE LE LIRE (et je lis très vite). Dans la salle tout le monde se regarde en mode WTF. L'impression de mater un générique TF1 qu'on accélère, avec Indiana Jones qui trotte beaucoup trop vite sur son cheval en mode Benny Hill. Je n'écoute pas non plus ce que le mec a à dire, les stations sont loin, ma femme cherche aussi et me texte ce qu'elle trouve, c'est flippant bordel, vous pouvez pas comprendre. Le 4ème court, c'est l'apothéose. On est évidemment sur un film écrit/interprété/réalisé/monté par les deux gugusses qui sont copains comme cochons. Le truc (je peux pas dire "film") est effarant. Une sorte de court amateur parodique jamais drôle sur des mecs qui font un tournage à Paris, et qui démonte OH MON DIEU les rouages de l'écriture, de la scène coupée, etc. Filmée et jouée comme Les Mystères de l'Amour, mais avec de la post-synchro dégueulasse et plein de Jacques Tati dedans (eux ils citent La Nouvelle Vague, mais là aussi on cherche encore). Et les mecs de nous dire après que c'est difficile, qu'ils ont un projet similaire en long, et qu'ils cherchent à être produits. Mais DANS QUEL MONDE VIVENT CES GENS??? Il faut vraiment vous imaginer le """"film""", semblant être tourné en 1995 par des lycéens teubés, mais avec que des mecs de 50 piges (et, évidemment, la fille du réal qui danse dans un plan parce que c'est rigolo). Je vous épargne le dernier court, tourné en noir et blanc, sur un jeune gay mélancolique qui branche sur internet, qui trouve un autre gars avec qui il fait du vélo et qui, après moult dialogues perchés et poétiques sur les rêves, finit par se faire enculer avec le sourire dans un immeuble de banlieue abandonné. Tout est bien qui finit bien. On s'est évidemment barré avant d'être coincés à l'open-bar qui servait du vin et des barquettes chocolat même-pas-de-LU. Enfin, pour ceux qui trouvent le suspense insoutenable, j'ai réussi à choper une station-service in extremis avant de tomber en rade. L'honneur est sauf. Flinguez-moi.
_________________ Netflix les gars, Netflix.
Dernière édition par Le Cow-boy le 02 Avr 2019, 07:38, édité 1 fois.
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