Forum de FilmDeCulte

Suprotégée et couvée par son père et des préceptrices vaguement nymphomanes, dans une vaste demeure, la petite Barbara est une nuit terrifiée par un cauchemar où un pompier se tient près de son lit. Devenue jeune fille, toujours recluse dans le chateau de son père, elle développe un fantasme érotomane sur les pompiers, au point de déclencher de fausses alertes pour les attirer dans sa chambre



Le début du film est à la hauteur de se réputation. Un marasme psychotique total (Barbara est quand-même une femme détruite), des rapports humains extrêmement violents sont retournés par la mise en scène en poésie douce, elle-même à l'orgine d'une très belle langue, à la fois artificielle et évidente, mystérieuse, lucide, précise dans l'énoncé de son délire mais impuissante. La lumière du film, la magie du manoir, lieu mortifère et paisible, exercent un certain charme.
Il s'agît d'une ode courageuse à l'allumeuse, à la fois au sens propre et figuré, qui tranche agréablement avec le retour au puritanisme actuel.
Le film inverse le réel, abolit parfois, au detour d'une scène la distance douloureuse entre le discours sur la folie et celui de la folie, et même celle plus générale mais tout aussi blessante entre le discours 'sur' et celui 'de' quelque-chose ou un être (notamment la sexualité, étrangement objectivée par le film, à la fois centrale et mise à distance, différée) .

Les acteurs sont excellents, Caroline Loeb est parfois bouleversante et Xavier Grandes (le pompier,qui est à Arrieta ce que Leaud fût à Truffaut avec un accent espagnol émouvant, proto-Sergi Lopès, mais quelque chose de plus doux, timide et torturé) est lui aussi très bon.

Mais je mentirais en disant que je n'ai parfois pas eu l'impression d'un certain surplace dans la seconde partie du film où Barbara invite ses ex à lui tenir la chandelle devant la porte de sa chambre, à mesure que la tension amoureuse nouant les personnages dans leur château, et des possibilités de trio amoureux de plus en plus complexes et filandreuses, montait. J'ai eu envie d'hurler trois ou quatre fois : "Mais bon sang je commence à souffrir et à me fatiguer moi-même de la situation alors qu'elle ne me regarde pas !"