Forum de FilmDeCulte

Dima est un jeune plombier qui doit gérer les canalisations des logements sociaux d’un quartier d’une petite ville de Russie. Un soir, lors d’une inspection de routine, il découvre une énorme fissure qui court le long des façades de l’immeuble. Selon ses calculs, le bâtiment est sur le point de s’effondrer et d’ensevelir les 800 locataires qui y vivent. Une course contre la montre va s’engager…

Je n'ai pas vu The Mayor du même réalisateur mais je comprends pourquoi il a glané de nombreux prix. C'est du très bel ouvrage, sans fissure scénaristique, avec un point de départ original, un vrai suspense - non pas sur la catastrophe mais sur ce que va faire le héros -, avec une fin forte et désespérée. Il y a aussi du talent dans la mise en scène à l'image de ce plan de course dans la nuit. Après la métaphore est très appuyée par les dialogues...

4/6

Bykov a un indéniable talent, mais la charge est un peu lourde bien que tout à fait juste. Cette scène à n'en plus finir où chacun se renvoie leurs actes de corruptions à la figure aurait pu être beaucoup plus courte sans que le tout ne perde de sa force (ou au contraire aurait pu en gagner). La Russie va bien mal.

Se compare favorablement à Une femme douce de Loznitsa, comme l'a dit Lohman, dans le genre exposé sur une société russe minée par la corruption. Exposé car tout ça reste scolaire et démonstratif (comme cette scène de théâtre, ainsi que l'a remarqué encore une fois Lohman où la mairesse passe en revue les manquements de ses administrés) et prend le parti d'un nihilisme pas tout à fait inintéressant mais exprimé dans le titre et dès le début du film. Pas de place ici pour les héros et pour les altruistes pas plus que pour les prétentions auteurisantes à la Loznitsa ou Zvyagintsev, ce qui fait du film une victoire à la Pyrrhus du point de vue du cinéma.
Les extraits des critiques allocine sont peu ou proue les mêmes que celles du film de Loznistsa, sauf que logiquement elles n'évoquent pas de dimension baroque, pas présente de toute façon, et qu'elles semblent mettre en évidence quelque chose de plus universel dans ce que le film exprime. Ainsi Loznitsa est supposé faire un film sur l'état déplorable de la Russie, si l'on en croit ces extraits, tandis que le propos de Bykov a une visée plus universelle, si l'on en croit encore la presse de l'époque.
C'est peut-être d'autant plus manifeste depuis qu'un immeuble s'est écroulé l'an dernier à Marseille, entraînant des rénovations en toute hâte dans la ville et il est vrai l'immeuble traversé d'une fissure qui menace de s'écrouler à tout moment vaut probablement comme une métaphore de l'état de la Russie mais a une portée plus vaste - un bon petit film sur la collaboration livre à peu près les mêmes conclusions comme le huis-clos boulevardier de Christian Jacques, Le Repas des fauves.
Pour ma part, j'ai pensé à ce film de Pierre Salvadori où Catherine Deneuve découvre une fissure dans son mur, ce qui lui permet de lier connaissance avec son gardien, ou à la façon dont ce même motif de la fissure, infime et non courant tout le long d'un immeuble, apparaissait dans Comment Je me suis disputé ma vie sexuelle d'Arnaud Desplechin, signe peut-être d'une différence de développement entre les deux pays, l'un où l'on est peut-être dans un état de survie, une société du chacun pour soi où les problèmes les plus urgents doivent être réglés, l'autre où l'on s'abîme dans la névrose, et l'on recherche un lien qui n'existe plus, ce qui s'explique aisément. Etats finalement complémentaires car successifs mais qui laissent similairement le spectateur de cinéma (qui doit être un surplus de quelque chose - âme, intelligence ou bêtise) en tout cas votre serviteur, insatisfait.